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Comme Préval en 2010, Martelly se voit au palais jusqu’au 14 mai

vendredi 29 janvier 2016

- Le président Michel Martelly dit bien haut ce jeudi ce que son ministre de Communication, Mario Dupuy, a dit tout bas en début de semaine. Il ne laissera pas le pouvoir le 7 février prochain à ses opposants qui ne veulent pas d’élections.

« C’est un élu qui doit remplacer un élu », argumentent ceux qui restent fidèles à Martelly. Un argument qui ne tient pas la route. 10 sénateurs, dont le mandat arrivait à terme début 2015, ont été renvoyés sans être remplacés par de nouveaux élus. Les maires issus des élections de 2006 ont été substitués par des agents exécutifs intérimaires. D’ailleurs, ils sont encore en poste. Un passif dans le bilan mitigé du pouvoir Tèt Kale qui promettait de diriger le pays autrement. Quelque cinq ans après, Michel Martelly donne raison à ceux qui doutaient de sa volonté et de sa capacité de rompre avec la mauvaise gouvernance. Personne ne peut nier qu’il a construit quelques infrastructures, donné un certain rayonnement au pays sur le plan international et fait ce qu’il pouvait pour relancer le secteur touristique. Aujourd’hui, en dépit de l’incertitude sur son avenir après le 7 février, le président Martelly a inauguré des infrastructures de base à Wharf Jérémie. Mais, considérant la crise actuelle, on peut dire que le pays attendait plus du président-musicien. En renonçant de partir le 7 février prochain, Martelly veut ainsi suivre les traces de son prédécesseur René Préval qui s’était donné les moyens pour rester au pouvoir jusqu’au 14 mai. Il avait fait voter une loi pour contourner le décret électoral qui fixait la fin de son mandat au 7 février. Si Préval s’appuyait sur le Parlement, sur quoi Martelly peut-il compter ? Sur les manifestations pro-PHTK de ces derniers jours ? Après les lettres de Michel Martelly à plusieurs secteurs de la vie nationale pour nommer de nouveaux représentants pour compléter le CEP mourant de Pierre-Louis Opont – lui-même largué par le secteur des affaires qui l’avait désigné -, ses déclarations de ce jeudi prouvent qu’il minimise l’ampleur de la crise. Pourtant, en début de semaine, il a appelé l’Organisation des Etats américains à sa rescousse. Comme René Préval en 2010. Aucune institution haïtienne, qu’il s’agisse du Parlement ou de la Cour de cassation, n’est assez forte pour arbitrer la crise haïtienne. Preuve que Martelly, comme Préval ou Aristide, n’a pas aidé pendant son mandat à construire les institutions. Chacun va trouver une belle excuse pour se dédouaner, mais la triste réalité reste ce qu’elle est. Nous nous approchons à grands pas de la date du 7 février. Chaque jour qui passe, l’espoir d’une solution haïtienne à la crise s’amenuise tant les acteurs qui combattent Michel Martelly depuis cinq ans sont incapables de s’unir. N’est-ce pas une invitation à l’international d’imposer sa solution ? On risque de rééditer 2004. Sauf un sursaut national de dernière heure.
Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com


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