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Cuba : le président Raul Castro accueilli avec les honneurs à Paris

lundi 1er février 2016

François Hollande a accueilli lundi Raul Castro par une chaleureuse accolade sur le tapis rouge à l’Elysée, où la visite du leader cubain signe la normalisation des relations entre La Havane et l’Europe.

Les deux dirigeants devaient ensuite s’entretenir pendant près d’une heure avant la signature d’une douzaine d’accords et une déclaration conjointe à la presse. Un dîner d ?Etat clôturera la journée.

Accueilli officiellement dans la matinée sous l’Arc de Triomphe, au sommet des Champs-Elysées pavoisés aux couleurs françaises et cubaines, Raul Castro poursuivait ainsi la première visite d’un chef d’Etat cubain en France depuis celle de son frère aîné Fidel, il y a 21 ans.

Pour l’occasion, la France a déployé des égards exceptionnels en dépêchant la numéro deux du gouvernement dans l’ordre protocolaire, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, à l’Arc de Triomphe. Raul Castro, 84 ans, a également eu droit aux honneurs militaires et à une descente de la plus célèbre avenue du monde, escorté par la Garde républicaine à cheval.

A l’exception de quelques partisans du régime, les Champs-Elysées étaient toutefois quasiment déserts, les accès étant bouclés par les forces de l’ordre.

Ce voyage officiel, inédit en Europe depuis que Raul Castro a succédé à son frère en 2006, répond à celui du président François Hollande à Cuba en mai 2015.

La France, selon l’Elysée, entend s’affirmer à cette occasion comme le "premier partenaire" politique et économique européen de l’île des Caraïbes.

Plusieurs grandes entreprises françaises ont investi à Cuba, à commencer par le groupe Pernod-Ricard qui y produit le rhum Havana Club, mais aussi Alcatel-Lucent dans les télécommunications et Total et Alstom dans l’énergie.

Mais avec un volume de quelque 180 millions d’euros annuels, les échanges commerciaux restent à un niveau très faible. Ils "ne sont pas encore à la hauteur de nos ambitions", a reconnu vendredi le ministre français du Commerce extérieur Matthias Fekl.

La France entend renforcer la présence de ses entreprises dans un pays qui s’ouvre progressivement à l’économie de marché avec la conclusion d’accords lundi dans les domaines du tourisme, des transports ou du commerce équitable.

- "Eclat international" -

Paris voit aussi en La Havane un "élément clé" de la relance de sa relation avec l’Amérique latine. Comme un lointain écho au voyage historique du général de Gaulle en 1964, François Hollande y effectuera fin février une tournée qui le conduira au Pérou, en Argentine et en Uruguay.

Cuba a entamé un rapprochement spectaculaire fin 2014 avec son vieil ennemi américain, concrétisé par la réouverture d’ambassades dans les deux pays l’été dernier.

Depuis avril 2014, La Havane discute aussi avec l’Union européenne afin d’instaurer un "cadre de dialogue politique et de coopération" censé tourner la page de vieilles querelles sur les droits de l’Homme. L’étape parisienne offre au gouvernement communiste cubain l’occasion de renforcer son image.

La France a récemment été le grand artisan d’un accord sur la dette cubaine due aux créanciers du Club de Paris, avec 8,5 milliards de dollars d’intérêts apurés. Cet accord a été conclu le 12 décembre, alors même que se concluait la COP 21, une manière de souligner la contribution de La Havane à son succès.

Paris pourrait aller plus loin au niveau bilatéral lors de cette visite. De quoi débloquer pour Cuba certains accès aux marchés financiers, en attendant la levée de l’embargo américain imposé à l’île depuis 1962 et condamné depuis longtemps par la France.

Quant aux droits de l’Homme, thème sur lequel Cuba est souvent montré du doigt, ils "seront discutés", assure une source diplomatique française à Paris.

Mais M. Hollande, critiqué pour avoir rencontré l’ex-président Fidel Castro en mai 2015, devrait rester assez discret sur la question pour ne pas ternir la visite de son frère cadet.

La visite se poursuivra mardi par des rencontres avec les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher, le Premier ministre Manuel Valls et la maire de Paris Anne Hidalgo.


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