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Martelly part-il vraiment sans regret ?

vendredi 5 février 2016

Le président de la République, dont le mandat expire le 7 février prochain, passe ses dernières heures au pouvoir. Même si pendant son quinquennat Michel Martelly n’a pas réussi à organiser des élections pour élire son successeur, il annonce qu’il partira « sans envie, sans regret, sans attache ». Le chef de l’Etat, musicien de son état, a hâte de se « sentir libre », de n’avoir plus à « gérer » les problèmes de la population. Un discours un peu surprenant pour un chef de l’Etat qui a désigné son dauphin et qui souhaite que son « travail » continue dans la même lignée. Sauf cataclysme, Michel Martelly aura au moins réussi à boucler son mandat constitutionnel. Un exploit que l’ex-président Jean-Bertrand Aristide n’avait pu réaliser, et ce à deux reprises. Depuis le départ de Jean-Claude Duvalier, le président René Préval (avant Michel Martelly) est le seul à avoir bouclé ses mandats constitutionnels, marqués évidemment par quelques turbulences. Préval aura cependant passé plus de jours au pouvoir que Martelly.
Avant de s’en aller, Michel Martelly insistait pour inaugurer les nouveaux locaux du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, érigés sur l’ancien site de la Direction générale des impôts, à la rue des Casernes. Un immeuble de neuf étages (dont les travaux ne sont pas encore achevés) conçu sur 8 500 mètres carrés pour loger 18 services. Difficile de passer sans jeter un coup d’œil tant l’immeuble est imposant. Le coût du chantier reste cependant un mystère.

Au moment de la cérémonie d’inauguration, ni le directeur de l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP), l’ingénieur Clément Bélizaire, ni le ministre de la Planification, Yves Germain Joseph, maitre d’ouvrage, n’étaient en mesure de communiquer le coût des travaux, entamés par la firme dominicaine Rofi, achevés par la firme taïwanaise OECC. On apprend tout simplement que des fonds de PetroCaribe ont été utilisés pour construire le bâtiment. Quelles firmes ont réalisé les plans ? Quelles firmes ont réalisé le gros œuvre ? Quelle firme est responsable de la finition ? L’immeuble répond-il aux normes parasismiques ? Qui a certifié qu’il est parasismique ? L’immeuble est-il assuré ? Autant de questions qui restent sans réponse.

Comme sous les administrations antérieures, la notion de transparence (sur certains projets financés souvent avec l’argent des contribuables) n’est pas une priorité. Demander des comptes est souvent compris comme un signe de non-respect envers des autorités élues ou nommées pour servir le pays.

Entre les lignes, Michel Martelly a lui-même admis jeudi que « nous n’avançons pas ». On a bel et bien changé de gouvernements, mais « rien ne change », comme l’avoue le chef de l’Etat, qui marque sa fin de mandat par une méringue carnavalesque virale pour critiquer notamment des journalistes critiques envers son administration.

Avec plus de 62 gourdes aujourd’hui pour un dollar, Michel Martelly peut-il vraiment partir sans regret, sans envie, sans attaches ? Avec un taux de chômage tournant autour de 60%, le président de la République peut-il vraiment partir sans regret ? En ayant organisé sept carnavals en quatre ans et n’étant pas arrivé pas à organiser des élections pour désigner son successeur, le chef de l’Etat peut-il vraiment partir sans regret, sans envie et sans attaches ? Certaines infrastructures ont effectivement été construites, mais d’un président de la République, on attend évidemment beaucoup plus. Bonne gouvernance, lutte contre l’inflation, création d’emplois, lutte contre la corruption, entre autres.


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