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Guerre de chiffres au sommet de l’Etat

Environ soixante-douze heures après les...

mardi 23 février 2016

Environ soixante-douze heures après les déclarations du président provisoire, très préoccupé par la situation financière du pays qu’il avait jugée « alarmante et catastrophique », il s’est fait remonter les bretelles par le ministre de l’Economie et des Finances Wilson Laleau. Ses chiffres sont totalement différents de ceux avancés par l’ex-sénateur qui serait, d’après lui, mal informé.

« Je ne vois pas l’alarme ni la catastrophe », a déclaré le grand argentier de la République lundi sur les ondes de Radio Magik 9. Wilson Laleau se désole de la tendance voulant faire croire qu’il y a une alarme générale au niveau de la finance publique. Au 15 février, le gouvernement d’Évans Paul n’avait collecté que 1,8 milliard de gourdes sur 6,5 milliards qu’il s’est fixé comme recette chaque mois, avait avancé Jocelerme Privert pour justifier ses préoccupations. Les informations qui ont été rapportées au président de la République tiennent compte probablement d’une seule source, soit la DGI ou la douane, pense Wilson Laleau, qui dénonce l’utilisation de données économiques à des fins de « méchanceté ». Du 1er au 15 février, les recettes fiscales totales collectées par l’État haïtien sont de l’ordre de 3,3 milliards de gourdes, retouche le ministre de l’Économie et des Finances. Les prévisions de recettes de l’État pour le mois de février étaient de 6,8 milliards de gourdes. Jusqu’a présent, M. Laleau estime qu’on est encore dans les normes. Si nous parvenons à la limite à collecter 6,6 milliards de gourdes à la fin du mois, ce ne sera pas catastrophique du tout, a anticipé le ministre, l’air optimiste. Atténuant là encore la position alarmiste du président provisoire qui avait souligné que le niveau des recettes escomptées n’a jamais été atteint depuis le début de l’exercice fiscal, M. Laleau précise que d’octobre 2015 à janvier 2016, les recettes collectées varient entre 5,7 et 6,2 milliards de gourdes. N’était les nombreuses manifestations à répétition, le ministre de l’Économie et des Finances pense que les prévisions fixées auraient été atteintes. Il regrette également qu’un ensemble de réformes proposées par l’ancienne administration en vue de permettre au pays d’accroître ses recettes et atteindre son autonomie financière n’ont pas été bien accueillies par les acteurs économiques. L’administration Martelly-Paul a été contraint de revenir sur l’augmentation du prix du timbre de passeport, des permis de conduire, la loterie fiscale entre autres. Le gouvernement Paul prévoyait aussi de rendre les biens du domaine privé de l’État et les immobiliers du secteur privé en contrat de fermage avec l’État rentables. Si on parvenait à faire payer normalement, ne serait-ce que 2% de ceux qui occupent les terres de l’État, on aurait fait rentrer 8 milliards de gourdes dans les caisses de l’État, mentionne le ministre. La loterie fiscale aurait permis à l’Etat de gagner 6 milliards de gourdes, a aussi fait savoir Wilson Laleau déplorant le fait que les acteurs économiques n’avaient pas compris l’importance de ces mesures. Dans la rencontre avec le président provisoire, le ministre de l’Économie et des Finances indique avoir évoqué seulement les recettes collectées au niveau de la DGI. « Je suis étonné que les informations ont été publiées comme ça ». Wilson Laleau s’étonne également que ce qui se dit sur les réseaux sociaux n’ont rien à voir avec ce qui a été discuté dans la rencontre. Une rencontre qui, souligne-t-il, s’est déroulée « gentiment ». Il est important que ceux qui préparent les dossiers pour des officiels aillent aux véritables sources, conseille Wilson Laleau qui a, au passage, vanté les performances en matière fiscale sous l’ère Martelly. Après avoir effectué toutes ses dépenses courantes, l’État arrive à dégager 32,6 milliards de gourdes supplémentaires aux fins d’investissements durant le quinquennat de Martelly, informe Wilson Laleau. Pour le quinquennat précédent, compare le ministre de l’Économie, ces fonds ont été évalués à 7,6 milliards de gourdes. Le régime Martelly a enregistré les meilleures performances en matière fiscale depuis ces dix dernières années, se félicite le ministre. Le président provisoire, qui a 120 jours, n’a pas écarté la possibilité de créer un task force à travers la Cour des comptes, l’ULCC et l’UCREF afin qu’ils puissent travailler ensemble en vue d’auditer sur la gestion de l’équipe Tèt Kale. Le ministre Wilson Laleau, qui a servi le régime pendant ces cinq dernières années tantôt comme ministre du Commerce et de l’Industrie, tantôt comme ministre de l’Économie et des Finances, n’y voit aucun inconvénient. Au contraire, il salue l’initiative qui, selon lui, permettra au moins à la société d’être au courant de ce qui se fait. Il n’est pas normal qu’on fasse à chaque fois des lynchages et des accusations générales, dit-il dans la peau d’une victime. Attirant l’attention sur les dépenses effectuées pendant ces cinq dernières années mais qui relèvent de l’héritage d’autres administration, Wilson Laleau pense que cet audit sera l’occasion de passer en revue les « gros postes des dépenses de l’État qui empêchent de maîtriser la finance publique ». Il faudra évaluer la façon dont les fonds PetroCaribe ont été utilisés, analyser sur la loi d’urgence et post Sandy afin d’éviter que ce travail ait une allure de chasse aux sorcières, dit-il. L’ile de La Gonâve ne peut faire l’objet de transaction Le ministre de l’Économie et des Finances en a profité pour démentir les rumeurs selon lesquelles L’État haïtien aurait vendu l’île de La Gonâve. Le Centre financier international de L’île de La Gonâve constitue ce qu’on appelle un établissement public. Un établissement public n’est pas un bien privé, précise-t-il. Les terres des îles font partie des domaines publics de l’État et, par conséquent, elles ne peuvent faire l’objet de transactions, poursuit le ministre expliquant que le Centre financier international de l’île de La Gonâve proposé est une zone franche à l’instar de Sonapi, de Caracol et de Labadie. Selon les précisions de l’économiste, le principe de la zone franche publique veut que l’Etat construise les infrastructures et les mette au service des gens qui souhaitent investir dans le secteur. Contrairement à ceux qui pensent qu’il n’y a pas eu suffisamment de communication autour de ce projet, Wilson Laleau fait remarquer que les établissements publics d’aménagement du territoire, dont le CFIG, sont contenus dans le budget qui a été présenté à de nombreux secteurs .
Danio Darius
daniodarius001@yahoo.com


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