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Barack Obama présente un plan pour fermer la prison de Guantánamo

mardi 23 février 2016

Le président américain a annoncé son projet ce mardi 23 février, en direct de la Maison-Blanche. Cette mesure figurait dans ses promesses de campagne.

Moins d’un an avant son départ de la Maison-Blanche, Le président américain Barack Obama a présenté, ce mardi 23 février, son plan pour fermer la prison militaire de Guantánamo. Cette promesse de campagne a cependant peu de chances d’aboutir face à un Congrès où les républicains sont majoritaires et opposés à ce projet, en pleine année électorale. Malgré tout, Barack Obama n’abandonne pas son idée de fermer la prison controversée située sur l’île de Cuba : « Il s’agit de refermer un chapitre de notre histoire », a-t-il déclaré en évoquant le centre de détention qui incarne, à travers le monde, les excès dans la lutte antiterroriste des États-Unis après les attentats du 11 Septembre 2001.

« Depuis plusieurs années, il est devenu clair que (cette prison) ne permet pas de renforcer notre sécurité nationale, elle l’affaiblit », a ajouté Barack Obama. Pour lui, l’établissement carcéral mis en place par son prédécesseur George W. Bush est un outil de recrutement pour les djihadistes. L’exécutif américain compte donc trouver une alternative et a identifié 13 sites sur le sol américain susceptibles d’accueillir les prisonniers actuellement détenus sur l’île de Cuba. La liste exhaustive n’a cependant pas été communiquée et aucun centre pénitentiaire n’a été mis en avant. Le coût total de ce transfert serait significatif, se situant dans une fourchette de 290 à 475 millions de dollars. Il reste à ce jour 91 détenus dans cette prison qui en a un temps accueilli près de 800. Trente-cinq d’entre eux pourraient être transférés dans des pays tiers dans les mois à venir, selon l’exécutif américain.

Le dossier est complexe, Barack Obama ne le nie pas, mais souhaite faire avancer une affaire qui n’a que trop traîné : « Si, en tant que pays, nous ne réglons pas ce problème aujourd’hui, quand le ferons-nous ? Allons-nous laisser traîner le dossier pendant 15, 20, 30 ans ? » s’est-il interrogé. La détention sur le sol américain, plutôt qu’à Guantánamo, engendrerait des économies annuelles de l’ordre de 65 à 85 millions de dollars par an, ce qui permettrait donc d’amortir le coût du transfert en « trois à cinq ans », selon l’exécutif.

Les républicains s’opposent au projet

Sans surprise, le projet a immédiatement suscité de vives réactions dans le camp républicain. « Sa proposition manque de détails cruciaux, requis par la loi, comme le coût exact et le lieu d’un nouveau centre de détention », a critiqué Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants. « Nous ne risquerons pas notre sécurité nationale pour une promesse de campagne ». Le sénateur républicain John McCain a lui aussi déploré un projet « vague », mais annoncé que sa commission tiendrait néanmoins des auditions pour examiner les propositions du président. Il a toutefois estimé que Barack Obama avait « raté sa chance de convaincre le Congrès et les Américains qu’il avait un projet responsable pour fermer la prison de Guantánamo ».

Si, comme c’est prévisible, le Congrès bloque tout mouvement, l’exécutif américain pourrait être tenté d’agir par décrets. La Maison-Blanche est cependant restée jusqu’ici évasive sur ce thème. Et la marge de manoeuvre juridique du président américain est incertaine et divise les experts. Certaines organisations de défense des droits de l’homme mettent par ailleurs en garde contre la tentation de pérenniser sur le sol américain un système de détention illimitée, objet de toutes les critiques. Elles dénoncent la solution consistant à simplement « changer le code postal de Guantánamo ».

Une vieille promesse de campagne irréalisable ?

Parmi les détenus de Guantánamo, une dizaine seulement ont fait l’objet de condamnations par la justice militaire ou sont en attente d’un procès. Khaled Cheikh Mohamed, soupçonné d’avoir organisé les attentats du 11 Septembre 2001, est l’un d’entre eux. Dès sa campagne de 2008, Obama avait promis de fermer ce camp de prisonniers, jugeant incohérent de « conserver une prison que le monde condamne et que les terroristes utilisent pour recruter ». Mais une fois dans le Bureau ovale, il s’est enlisé dans un imbroglio juridique et politique. « Fermer Guantánamo d’ici la fin de l’année est possible », estime le New York Times dans un éditorial, appelant les républicains à dépasser une opposition « systématique et irréfléchie ». « Cela rendrait les États-Unis plus sûrs, contribuerait à restaurer le rang de l’Amérique comme défenseur des droits de l’homme et représenterait des millions de dollars d’économies pour le contribuable. »


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