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Fritz Jean installé sous l’œil bienveillant de la communauté internationale

samedi 27 février 2016

Les députés de l’opposition, le premier ministre sortant et les membres de son gouvernement ont brillé par leur absence, mais tous les diplomates étaient présents, ainsi que des alliés du président. Loin de la foule, le président provisoire Jocelerme Privert a installé le premier ministre Fritz Alphonse Jean.

Le président de la République, Jocelerme Privert, a procédé à l’investiture du Premier ministre Fritz Alphonse Jean au palais national, en présence de plusieurs ambassadeurs, dont des représentants du Core Groupe, du président a.i du Sénat Ronald Larèche, de plusieurs parlementaires, de Maryse Narcisse de Fanmi Lavalas et d’autres personnalités politiques. Cette investiture, a indiqué Jocelerme Privert, « témoigne de la volonté de la Présidence de la République et de celle du Parlement d’assurer la continuité institutionnelle et la poursuite du processus électoral entamé en 2015, conformément à l’accord politique du 5 février dernier ». Le président Privert, dans la foulée, a appelé les acteurs à fournir l’effort nécessaire pour rester dans les délais de l’accord.« Nous devons nous efforcer à accomplir l’ensemble des axes dans le délai de 120 jours prévu dans l’accord. Bien entendu, nombreux sont ceux qui affirment déjà que ce délai qui m’est imparti est trop court. Toutefois, en ce qui me concerne, je reste convaincu que c’est faisable dans ce délai, moyennant la bonne volonté politique de nous tous. C’est pourquoi, chacun en ce qui le concerne, est invité à faire de son mieux pour le strict respect de ce délai », a insisté le président provisoire de la République qui « souhaite vivement » que la déclaration de politique générale du Premier ministre Fritz Alphonse Jean « obtienne un vote favorable ». « Nous devons continuer à faire preuve de dépassement de soi et à nous élever à la hauteur de notre tâche d’homme d’État. Nous devons nous situer au-delà de nos clivages politiques et idéologiques pour doter le pays d’un gouvernement tout en tenant compte du délai imparti en vue de la continuité institutionnelle et de la poursuite du processus électoral », a-t-il souligné à l’intention de ses anciens pairs parlementaires. « L’avenir du pays ne repose ni sur un citoyen ni sur un parti politique. L’avenir du pays repose sur nous tous. Aujourd’hui, il faut un sursaut poussé de patriotisme. C’est l’heure pour chacun de nous faire le sacrifice nécessaire au sursaut de l’unité national », a dit Privert. Avec plus d’emphase, le président provisoire a indiqué que « c’est l’heure pour nous de conjuguer nos efforts pour sauver Haïti par le dialogue et le respect de nos responsabilités. Nous avons des responsabilités envers nous-mêmes et envers les générations futures. Nous ne pouvons pas jouer ». « Nous sommes tous des Haïtiens. Cessons de perdre du temps », a-t-il dit, caressant les parlementaires et d’autres secteurs dans le sens du poil, dans le sens aussi de l’indispensable effort pour l’unité nationale. Jocelerme Privert a rapellé qu’il a pour mission de garantir la protection et la consolidation des institutions républicaines, de la démocratie et de l’État de droit, de veiller à la sauvegarde constante de l’intérêt général ». Il a dit avoir quatre (4) grands axes prioritaires : la formation d’un nouveau Gouvernement ;la redynamisation du Conseil électoral provisoire ; la poursuite du processus électoral entamé en 2015 et la gestion efficace et efficiente de l’administration publique ». Privert esquive le taureau KP, comme à la corrida Jocelerme Privert, comme dans une corrida, esquive le taureau, sans le olé de son assistance. KP et le cabinet sortant, regroupés à Musseau pour une ultime fronde, une dernière tentative face aux caméras de mettre à mal le processus ayant conduit à la désignation de Fritz Alphonse Jean, ont reçu des lauriers et les remerciements de fin de service du président Jocelerme Privert. « Je remercie le Premier ministre sortant, monsieur Evans Paul, pour sa contribution à la recherche d’un climat d’apaisement du point de vue sécuritaire et social dans le pays après le 7 février dernier », a indiqué sans émotions Jocelerme Privert qui a royalement ignoré le coup de K-Plim, fait de dénonciation de ce qu’il considère comme un non-respect de l’accord du 5 février et d’une recommandation, d’un mot d’ordre : « composer ou décomposer ». Les membres du gouvernement sortant ont été remerciés eux aussi par le président Jocelerme Privert « pour tous les services rendus à la nation dans l’exercice de leurs fonctions. » Fritz A. Jean : créer la confiance pour les élections, redresser les finances publiques « Choisir certainement a été difficile dans le contexte actuel où tout le monde veut servir et propose son expertise », a reconnu le premier ministre Fritz Alphonse Jean qui remercie le chef de l’Etat d’avoir porté son choix sur lui. « Je suis conscient que la principale mission que vous m’avez confiée est de gagner la confiance de tous les acteurs, partie prenante, de cette crise politique aiguë. J’accepte d’occuper la primature avec un esprit de dépassement, de concorde et de grande humilité », a affirmé le nouveau Premier ministre Fritz Alphonse Jean, revenu sur les errements, les espoirs déçus de ces trente dernières années depuis qui a été initiée la transition vers la démocratie après la chute du régime autoritaire des Duvalier. « Sur plusieurs décennies, notre pays a par conséquent cumulé un ensemble de frustrations dues à des promesses non tenues… Les progrès souhaités ne sont pas arrivés et les problèmes non résolus ont créé des paralysies et une situation de moins en moins gérable. Trente années après l’ouverture de la transition démocratique, notre pays se trouve en face de gros défis issus de nos errements. Aujourd’hui, il s’agit de se mettre ensemble, de lier nos énergies pour faire naître la volonté de faire les choses autrement. Il s’agit autant de sortir le pays de l’improvisation et de le faire entrer dans une nouvelle ère de planification pour rendre fonctionnelles ses institutions, pour réorganiser l’Etat, le réorienter en fonction des services à fournir à la population et à toutes nos filles et à tous nos fils », a plaidé Fritz Alphonse Jean. Fritz Alphonse Jean redit sa foi dans un Etat de droit dans lequel l’égalité devant la loi n’est pas une vue de l’esprit ; un pays où l’Etat inspire confiance et joue son rôle dans le développement économique. « Avec le chef de l’Etat, nous avons une mission courte. Mettre tout le monde ensemble, faire participer tout le monde à la construction de la base », a souligné Fritz Alphonse Jean, qui s’engage à créer les conditions pour la tenue de bonnes élections. Parallèlement, l’économiste, ex-gouverneur de la BRH, s’engage à travailler au rétablissement de la stabilité macroéconomique en procédant au redressement des finances publiques. « Nous sommes venus pour permettre le retour de la confiance entre nous », a assuré Fritz Alphonse Jean qui vante les mérites du discernement, la pondération et de la fermeté en même temps. Elections au plus vite « Nous nous attendons à la continuation de la mise en œuvre de l’accord politique sur la continuité institutionnelle et la poursuite, comme l’a dit le président de la République, du processus électoral initié en 2015 », a confié Mme Sandra Honoré, patronne de la MINUSTAH, invitée à la cérémonie par le président Jocerleme Privert. Maryse Narcisse de Fanmi Lavalas, une fois de plus, a souligné que son parti politique n’est pas au pouvoir. Elle souligne que les revendications du parti sont les mêmes. Aide à la population en proie à la faim, l’insécurité et la création de la commission de vérification pour retourner au plus aux élections. Le président a.i du Sénat, Ronald Larèche, a indiqué qu’il appartient au premier ministre de discuter avec les groupes politiques dans les deux chambres pour dégager une majorité pour ratifier la déclaration de politique générale. S’il échoue, le PM pourra revoir sa politique générale. Il y a aussi la possibilité que le chef de l’Etat choisisse un autre Premier ministre, a-t-il expliqué. Portrait rapide Fritz Alphonse Jean , né au Cap-Haïtien, originaire de Sainte-Suzanne, a un CV bien fourni. Il a étudié les mathématiques et les sciences économiques aux USA (Long Island University/ Fordham University) avant d’entamer une carrière en Haïti où il a occupé le poste de gouverneur de 1998 à 2001. Consultant sur plusieurs projets de développement avec des agences internationales, des organisations locales est l’auteur, en 2014, de l’ouvrage « Haïti : la fin d’une histoire économique ». Détenteur depuis 1983 d’une maitrise en économique avec une spécialisation dans le commerce international, Fritz Alphonse Jean est un spécialiste en monnaie et banque. Aucune information n’est encore communiquée sur l’État civil de cet homme du Nord qui enseignait, prononçait des conférences avant de prendre le pari de diriger le prochain gouvernement dans une Haïti en proie à une crise multiforme...
Roberson Alphonse
robersonalphonse@lenouvelliste.com


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