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Il y a 200 ans

Simon Bolivar & Haïti ÉPHÉMÉRIDES ; ÉPHÉMÉRIDES

lundi 29 février 2016

décembre 1815 : Fameuse lettre datée de Kingston, de Simon Bolivar au président d’Haïti, Alexandre Pétion : « Les circonstances, Monsieur le Président, m’obligent, malheureusement pour moi, à me diriger vers l’asile de tous les républicains de cette partie du monde … il me faudra faire escale dans celui de Votre Excellence… j’irai me présenter à elle aussitôt arrivé aux Cayes où quelques-uns de mes amis attendent pour discuter avec moi des événements concernant l’Amérique du Sud… J’ai le ferme espoir, Monsieur le Président, que notre affinité de sentiments pour la défense des droits de notre patrie commune me fera bénéficier de la part de Votre Excellence des effets de son inépuisable bienveillance comme à tous ceux qui jamais ne se sont adressés à elle en vain… »

28 décembre 1815 : Bolivar arriva aux Cayes, dix jours avant l’entrée en rade de la flotte venant de Carthagène. Il fut reçu en grande pompe par le commandant de l’arrondissement, le général Ignace Despontreaux Marion secondé par le colonel Poisson Paris, commandant de la place.

31 décembre 1815 : Bolivar était à Port-au-Prince et logeait au presbytère en compagnie du père Gaspard, curé de l’église paroissiale. Paul Verna révèle l’Ordonnance 1374 enregistrée au Trésor public haïtien au numéro 1350 qui montrait l’attention accordée à la famille du général : « Au R. P. Gaspard pour la somme en livraison devant servir à la famille du général Bolivar arrivée en cette ville (Port-au-Prince) en conséquence des malheurs de la République de Caracas : 500 gourdes. »

2 janvier 1816 : Première rencontre entre Simon Bolivar et Alexandre Pétion. Dans une seconde entrevue peu après, Pétion promit formellement son aide à Bolivar qui, de plus, fut autorisé à recruter des volontaires haïtiens pour mener sa lutte de libération. Ce fut au cours de cette rencontre que Bolivar demanda : « Dois-je faire savoir à la postérité qu’Alexandre Pétion est le libérateur de ma patrie ? »

Pétion lui répondit : « Non, promettez-moi d’abolir l’esclavage des Noirs là où vous commanderez. » Le président Pétion, à vrai dire, ne voulait pas se heurter à l’Espagne ; il avait demandé à Bolivar de ne pas le citer, ni de le remercier ouvertement, d’où l’absence de toute référence au président haïtien quand Bolivar prenait la parole.

4 janvier 1816 : Lettre du président Pétion au général Marion, commandant de l’arrondissement des Cayes, l’invitant à arrêter l’exportation des grains et autres comestibles du port des Cayes en raison de la prise de Carthagène par les royalistes espagnols.

6 janvier 1816 : Arrivée dans la rade des Cayes des embarcations transportant de nombreuses familles d’émigrés qui avaient quitté Carthagène et Boca Chica. Etaient de même présents parmi les chefs patriotes qui combattaient pour la libération du Venezuela et la Nouvelle Grenade, les généraux Santiago Marino, Francisco Bermudes, Manuel Piar, Palacios, Gregor Mac-Gregor, le colonel Ducoudray-Holstein, Carlos Doublette, l’intendant Zéa, les deux frères Pineres, les commodores Louis Aury et Louis Bryon, le père Marimon, qui en compagnie de Bolivar étaient les seuls membres légaux du Congrès de Santa Fe.

26 janvier 1816 : Lettre du Président Pétion au général Marion : « Des raisons que je ne dois pas confier au papier, mon cher général, mais qui tendent grandement à consolider la République, me commandent de vous inviter, par la présente, à mettre à la disposition du général Bolivar deux mille fusils et leurs baïonnettes, de ceux déposés à l’arsenal des Cayes par M. Brion ; vous mettrez aussi à sa disposition le plus de cartouches et de pierres à fusil que vous pourrez, en ne gardant surtout des cartouches, qu’une petite quantité.

Vous ferez sortir ces objets comme envoi fait à la Grand-Anse, en les chargeant à bord d’un bâtiment dont le capitaine que vous placerez à bord et l’équipage seront dignes de votre confiance, et ce bâtiment une fois dehors, et d’une manière à ne point être aperçu, allongera celui que le général Bolivar destinera pour recevoir ces objets, et les transmettra à son bord. Il est à propos que cela ne transpire pas, et je repose sur les précautions que vous prendrez à cet égard. »

26 janvier 1816 : Lettre du président Pétion au général Marion : « Je vous recommande, mon cher général, de faire délivrer par l’administration des Cayes, aux malheureux réfugiés de Carthagène et dépendances, une ration journalière en pain et salaisons. C’est un acte d’humanité digne du gouvernement de la République. »

27 janvier 1816 : Les Cayes - Lettre de J. Marimon au général Marion, vu les excès qu’ont commis plusieurs corsaires armés à Carthagène… « Le soussigné vous supplie, Monsieur le général, d’ordonner aux capitaines des embarcations sous pavillon carthagénois (sic) de déposer en vos mains leurs patentes ou lettres de marque, de ne plus arborer leur pavillon, provisoirement et jusqu’à recevoir les ordres que M. le président Pétion daignera vous communiquer à ce sujet… »

30 janvier 1816 : Lettre de Pétion au général Marion : « J’ai reçu, mon cher général, votre lettre du 27 de ce mois avec les pièces qu’elle renferme. J’approuve la mesure que vous avez prise à l’égard des bâtiments sous pavillon carthagénois, qui sont dans le port des Cayes, tendant à prévenir tout acte qui pourrait compromettre la République dans l’hospitalité… »

5 février 1816 : Lettre de Pétion au général Marion : « À la demande qui vous en a été faite par le commissaire du Congrès des États-Unis de la Nouvelle-Grenade, je vous invite, dans toute votre conduite, à ne pas perdre de vue combien il importe que le système de neutralité parfaite que nous professons soit exactement suivi, et d’éviter aucun malentendu qui puisse donner de l’inquiétude à aucun autre gouvernement, ce qui est pour le nôtre de la plus haute importance. »

8 février 1816 : Les Cayes - Lettre de Simon Bolivar au président Pétion. « Dans ma proclamation aux habitants de Venezuela, et dans les décrets que je dois expédier pour la liberté des esclaves, je ne sais pas s’il me sera permis de témoigner les sentiments de mon cœur envers votre Excellence, et de laisser à la postérité un monument irrécusable de votre philanthropie.

Je ne sais, dis-je, si je devrai vous nommer comme l’auteur de notre liberté. Je prie votre Excellence de m’exprimer sa volonté à cet égard. »

18 février 1816 : Lettre de Pétion au général Bolivar aux Cayes : « J’ai reçu hier, général, votre estimable lettre du 8 de ce mois. J’écris au général Marion au sujet de l’objet que vous m’avez fait demander, et je vous réfère à lui à ce sujet.

Vous connaissez, général, mes sentiments pour ce que vous avez à cœur de défendre, et pour vous personnellement, vous devez être donc pénétré combien je désire voir sortir du joug de l’esclavage ceux qui y gémissent, mais des motifs qui se rapportent aux ménagements que je dois à une nation qui ne s’est pas encore prononcée contre la République d’une manière offensive, m’obligent à vous prier de ne rien proclamer, dans l’étendue de la République, ni de nommer mon nom dans aucun de vos actes, et je compte, à cet égard, sur les sentiments qui vous caractérisent. »

… février 1816 : Sur recommandations des autorités haïtiennes, Bolivar réunit aux Cayes tous les Indépendants de marque qui avaient émigré et et qui se trouvaient alors aux Cayes, et de leur soumettre sa nouvelle entreprise, dans le but principal de se faire reconnaître comme le général en chef de l’expédition. À cette assemblée assistaient tous les chefs civils et militaires, et les hommes les plus influents parmi les émigrés patriotes. Brion, Piar, Marinno, Mac Gregor, Bermudes, les frères Pineres, l’intendant Zea, le commodore Aury et le général Ducoudray Holstein. Seul Aury refusa d’accorder les tout-pouvoirs à Bolivar. Mais la majorité l’emporta et Bolivar fut désigné capitaine-général du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade.

Néanmoins, des conflits et dissensions éclatèrent entre les invités sud-américains. Aury et certains autres ne s’entendaient pas avec Bolivar et leurs différends les avaient accompagnés depuis les guerres révolutionnaires de Carthagène, Boca Chica, etc.

25 février 1816 : Lettre du président Pétion au général Marion : « Sur ce que j’ai appris, mon cher général qu’il s’établissait aux Cayes des divisions qui pourraient devenir funestes à la cause de la liberté, par ceux des réfugiés étrangers qui se disent, les uns pour la Nouvelle-Grenade, et les autres pour le Mexique, j’ai résolu d’y interposer mon autorité, afin de faire finir ces sortes de divisions… »


Bibliographie Alphonse Viollet, Histoire de Bolivar par le général Ducoudray Holstein, Tome premier & Tome second, Paris, 1831. François Dalencour Dr - Alexandre Pétion devant l’humanité - Alexandre Pétion et Simon Bolivar, P-au-P, 1929. Jean Ledan fils, À propos de l’histoire d’Haïti, saviez-vous que… Volume VIII, Bèljwèt Publications, ISBN 976-95017-06, P-au-P, 2003, pp. 82-87. Jean Ledan fils - L’histoire d’Haïti en toute simplicité, illustré, Bèljwèt Publications, P-au-P, 2008. (Version revue, augmentée et corrigée) Jean Ledan fils, L’histoire d’Haïti au singulier, illustré, Bèljwèt Publications, P-au-P, 2012.- En Annexe, l’intégralité de Sénateur Marion - Expédition de Bolivar, fils aîné du général Ignace Despontreaux Marion, Imprimerie Jh. Courtois, P-au-P, décembre 1849, pour une nouvelle édition. Paul Verna, Robert Sutherland, Un amigo de Bolivar en Haíti, Contribución al estudio de los destierros del libertador en Haíti y sus expediciones de los Cayos y de Jacmel, Caracas, Fundación John Boulton, 1966.


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