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Messieurs, savez-vous qu’il y a péril en la demeure ?

samedi 5 mars 2016

Quelque trois semaines après l’entrée en fonction du président provisoire Jocelerme Privert, on a l’impression que les choses ne bougent pas. Ou du moins, quelles n’avancent pas au rythme souhaité. Ni le Conseil électoral provisoire, ni le gouvernement de consensus ne sont encore mis en place faute d’accord entre les acteurs. Comme le secteur des femmes et celui des droits humains qui offrent un spectacle désolant eu égard au choix de leurs représentants au CEP, le Sénat de la République se montre incapable de choisir le successeur de Jocelerme Privert. Encore une fois, les querelles de chapelle priment à tous les niveaux sur l’intérêt collectif.

Pourtant, dans le cadre de l’accord du 6 février dernier, le pays a des échéances à respecter, dont la poursuite du processus électoral d’ici à avril. Jusqu’ici le président Privert n’a à son actif que de multiples rencontres, deux conférences de presse, des annonces et l’envoi de quelques lettres. Il faut aussi noter la constitution de son cabinet avec surtout des chefs de file de la plateforme Verite de l’ancien président René Préval. Il y a aussi des communiqués du Secrétariat de la présidence et l’investiture du Premier ministre Fritz Jean. Celui-ci attend encore l’occasion de présenter la déclaration de sa politique générale devant les deux chambres séparées. Rien ne laisse croire que cette étape sera une partie de plaisir pour l’ancien gouverneur de la banque centrale. Sauf s’il trouve la bonne formule pour gagner à sa cause les parlementaires, surtout les sénateurs du groupe minoritaire emmené par le sénateur Youri Latortue.

Pour faire passer leurs revendications, les membres dudit groupe adoptent la politique de la chaise vide. Ces sénateurs, dont la plupart bénéficiaient des votes des électeurs de leurs départements respectifs grâce à leur discours de changement, se mettent rapidement à l’école de leurs aînés. Ils désertent la salle de séance pour exiger que la présidence du Sénat soit laissée à leur groupe minoritaire. On ne sait pas ce qu’ils vont demander pour accorder un vote de confiance à la déclaration de politique générale du Premier ministre Fritz Jean. La politique est un jeu d’intérêt, n’est-ce pas messieurs ?

En attendant que les acteurs politiques s’entendent sur le minimum en vue de remettre en marche l’administration publique, la population haïtienne vit dans l’incertitude. L’insécurité et l’insalubrité constituent le lot quotidien de ceux qui arpentent les rues de Port-au-Prince et de certaines villes de province. Comme si cela ne suffisait pas, la population doit affronter l’insécurité alimentaire, la fièvre Zika, le choléra, la cherté de la vie. Des problèmes qu’un gouvernement démissionnaire et démotivé comme celui d’Evans Paul ne peut pas résoudre. -
Jean Pharès Jérôme

pjerome@lenouvelliste.com


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