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Lundi matin, le roi, sa femme…

jeudi 10 mars 2016

Un intellectuel qui se fait tabasser pour délit d’opinion. Un président provisoire qui s’est fait élire par le Parlement et qui semble oublier que c’est de cette assemblée pas trop légitime qu’il tient un petit semblant de légitimité. Un président provisoire à qui on ne demande pas de confondre vitesse et précipitation, mais à qui on demande la vitesse tout simplement et plus de transparence dans ses démarches. Il a parfois le ton et les manières d’un homme qui a toute sa vie devant lui.
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Les problèmes de fonds et de conjoncture qui demeurent : des mesures d’apaisement qu’on attend en faveur des plus démunis que le défilé carnavalo-politique de la bande à Martelly a appauvris encore plus ; la réévaluation des prétendues élections Martelly-Opont-communauté internationale ; l’audit de la gestion d’un exécutif bambochard, pilleur et dépensier ; les sanctions que le pays réclame une fois ces travaux de vérification entrepris.

La situation financière et économique chaotique et inquiétante, n’en déplaise à un ministre des Finances qui ne voit ni problème ni danger, et qui chante à une population inquiète : « Tout va très bien, madame la Marquise », alors que le président provisoire tire la sonnette d’alarme.

Un interminable conflit à l’Université d’État nourri d’excès, de cafouillages. Pourquoi, d’un côté, ne pas avoir satisfait pleinement et tout de suite les revendications du personnel administratif ? Pourquoi, de l’autre, mélanger une cause légitime avec des stratégies de promotion personnelle, une culture de non-droit et des pratiques de brigandage ? Et des excès de langage honteux et indignes ! Tout le monde se traite de « macoute ». Comme si nous avions déjà oublié ce que c’était vraiment que le macoutisme. Le courage qu’on n’ose pas avoir de faire la différence entre revendications justes et devant être satisfaites, comportements délictuels d’une poignée d’étudiants, respect des normes administratives et de la loi, de toutes les lois, celles qui portent sur le fonctionnement de l’université et celles qui portent sur la vie en société.

Des policiers qui n’arrêtent pas de mourir. On tue ici. Pour un oui. Pour un rien. Et chanceux les morts dont on parle.

Des prisons qui débordent toujours de pensionnaires en attente de jugement. À croire, si l’on ose une pointe d’humour mal placée, que la détention provisoire quasi éternelle est tout ce qu’on a trouvé pour remplacer une politique de logement. Plus généralement, les problèmes liés à la distribution de la justice qui reproduisent les inégalités sociales. Nan peyi sa a, malere pa gen dwa ni malad ni jwenn jistis.

Des accidents mortels, la plupart dus à la bêtise humaine. Rien, pour empêcher cela.

Et, ne serait-ce que pour sourire, quelles sont les dernières nouvelles concernant les trois dames qui ont tenu, « pour servir le pays », à rester à leurs postes de conseillères électorales ? Où sont le roi, sa femme et leur armée de bandits légaux ?

Les succès des jeunes grenadières, pour s’accrocher à quelque chose de positif. Et faut-il attendre l’énergie positive de celles et ceux qui n’ont pas encore dix-sept ans pour voir ce pays progresser vers plus de justice et de dignité ? Celles et ceux qui, malgré la dureté de la vie pour les uns, le mauvais exemple de leurs parents pour les autres, croient devoir donner ou restituer quelque chose à ce pays.
Antoine Lyonel Trouillot

zomangay@hotmail.com


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