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L’énoncé de politique générale de Fritz Jean rejeté par la Chambre des députés

lundi 21 mars 2016

Sans surprise, l’assemblée des députés a donné ce dimanche soir un vote de non-confiance à la politique générale du Premier ministre Fritz-Alphonse Jean avec 38 voix pour, 36 contre et une abstention. Selon la Constitution, il devait obtenir une majorité de 60 députés pour passer cette première étape. Tout est à recommencer….

L’assemblée des députés a rejeté, ce dimanche 20 mars 2016 en début de soirée, la déclaration de politique générale du Premier ministre Fritz-Alphonse Jean. Sur les 75 députés qui ont pris part au vote, 38 ont voté pour, 36 contre et une abstention. « Monsieur le Premier ministre, votre déclaration de politique générale est rejetée par la Chambre des députés. Une correspondance sera sous peu adressée au président provisoire pour la suite que de droit », a tranché le député Cholzer Chancy en donnant le verdict final à l’intéressé.

Présenté une nouvelle fois avec un cabinet ministériel manquant, Fritz-Alphonse Jean n’a pas convaincu les députés du bloc majoritaire afin de lui accorder le laissez-passer pour conduire la barque du gouvernement de transition. Tandis qu’il a été renvoyé mercredi dernier pour mettre son devoir au propre en complétant son cabinet ministériel à 17 membres, l’ancien gouverneur de la banque centrale revient devant l’assemblée parlementaire sans respecter cette promesse. Seulement quatorze ministres se sont présentés. On pouvait remarquer l’absence du ministre de l’Environnement, l’ex-sénateur Dieuseul Simon Desras, sans compter le ministre des Haïtiens vivant à l’Etranger et celui des Sports et de l’action civique tels que recommandés par les députés lors de la séance du mercredi dernier

. Après le premier appel nominal accusant la présence de 66 députés sur 92, le président de la Chambre basse, Cholzer Chancy l’a invité à gravir la tribune pour faire l’exposé de sa déclaration de politique générale. Veste bleu, chemise et cravate de même couleur, Fritz-Alphonse Jean a tout de même sollicité de l’assemblée parlementaire un vote favorable à son énoncé de politique générale. Dans son document, l’ancien gouverneur de la banque centrale a mis l’emphase sur la poursuite du processus électoral interrompu, l’assainissement, la justice, la sécurité, le problème de la sécheresse et le redressement de l’économie nationale. Reconnaissant qu’un gouvernement provisoire ne pourra pas accomplir cette tâche, le Premier ministre a promis toutefois de poser les jalons durant ce court mandat.

Un débat à sens unique

Une fois qu’il a fini de présenter son document, le député Cholzer Chancy a appelé ses collègues à la sérénité avant de lancer le débat. Intervenant en premier, le député Sinal Bertrand a salué le courage du Premier ministre pour avoir accepter de revenir au Parlement en dépit du fait qu’il est au courant qu’il n’est pas au parfum avec le groupe majoritaire. Le vice-président du groupe des parlementaires à l’écoute du peuple(GPEP) a rappelé que l’Accord du 6 février n’a pas prévu un vote de censure mais un vote de confiance de la déclaration de politique générale du Premier ministre nommé. Comme pour dire que les parlementaires doivent respecter cet accord en accordant un vote favorable à ce dernier.

Les députés Jerry Tardieu et Franck Lauture ont intervenu pour demander au Premier ministre où sont les nouveaux ministres que les parlementaires avaient exigés. Ils disent ne pas comprendre que Fritz Jean ait écrit vendredi pour solliciter le report de la séance en attendant de trouver le consensus nécessaire sur l’intégration de ces nouvelles personnalités. Leur collègue Fritz Chéry, initiateur de la demande, s’est montré très amer, dénonçant « l’hypocrisie de ses pairs » qui veulent continuer la séance sans cette clarification.

Dans sa réponse, le PM a indiqué qu’une lettre sera acheminée sous peu au bureau de la Chambre en ce qui a trait à la dissociation de certains ministères. Sans citer de nom, il a souligné être sur le point de trouver un compromis sur le choix des nouveaux titulaires du ministère des Sport, de l’Education nationale, des Haïtiens vivant à l’étranger et de la Défense.

Peine perdue. C’est un débat à sens unique qui a duré plus de deux heures. Comme dans un dialogue des sourds. Fritz-Alphonse Jean et ses supporteurs se défendent, parlent et reparlent sous le regard passif des députés de l’opposition qui n’ont pipé mot. Ces derniers ne font qu’attendre le moment de passer au vote. Les députés de l’Alliance parlementaire pour Haïti n’ont pas cessé de claironner, depuis la nomination du Premier ministre, qu’ils allaient constituer une barrière insupportable à la Chambre basse.
Yvince Hilaire
yvincehilaire@lenouvelliste.com


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