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Les livres qui ont marqué Marie-Laurence Jocelyn Lassègue

lundi 21 mars 2016

Les livres qui ont marqué...
Ex-ministre à la Condition féminine aux Droits des femmes, ex-ministre de la Culture et de la Communication, enseignante, journaliste, femme politique, Marie-Laurence est l’actuelle directrice de programme à l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA). Très attachée aux choses de l’esprit, elle est l’une des têtes que l’on voit dans beaucoup d’événements culturels en Haïti. Du haut de ses 61 ans, cette figure emblématique du mouvement des femmes en Haïti a beaucoup vu, entendu, mais aussi lu. A Ticket, cette femme de grande culture parle des livres qui l’ont marquée. -

Je ne sais pas si j’ai été marquée par un roman en particulier. Je constate que ce sont souvent des œuvres qui ont amené la réflexion, ouvert des pistes qui m’ont permis de cerner certaines réalités qui ont eu une influence sur ma vie. Emile Zola. Très jeune il m’a bouleversée avec sa magistrale œuvre des Rougon-Macquart. J’ai été fascinée tant par le naturalisme de ses romans que par sa capacité à dépeindre les dimensions sociales de cette famille sous le second empire. Par ailleurs, la généalogie m’a toujours intéressée, d’autant que je vivais loin de mon pays. La recherche de mes origines, de mes racines est devenue une obsession. En ce sens, cette épopée familiale aujourd’hui encore fait écho à ma passion dans la quête de ma lignée. -

Ensuite, les romanciers de la Ronde, dont Fernand Hibbert et Frédéric Marcelin, ont également marqué mes découvertes littéraires, à telle enseigne que j’ai fait ma thèse de Diplôme en Etudes Approfondies (DEA) en lettres modernes à Besançon en France sur « Histoire roman et sociétés chez les romanciers de la Ronde ». -

"Fils de misère" et "Le Chant des Sirènes" de Marie Thérèse Colimon Hall m’ont également permis de connaître mon pays et de comprendre les mécanismes qui sous-tendent la société haïtienne, d’appréhender traditions et mentalités tout en vivant loin. "Pluie et vent sur Télumée Miracle" de Simone Schwarz-Bart fut mon sujet de mémoire de maîtrise en littérature générale et comparée. Il a été pour moi un roman phare et déterminant pour la jeune féministe qui émergeait. -

"Une saison blanche et sèche" d’André Brink m’a aussi beaucoup marquée. L’apartheid est le thème central du roman ; néanmoins l’auteur y aborde les questions de liberté individuelle, la communication interraciale, interclasse sociale. J’ai été interpellée tant par l’humanisme de l’auteur que par son courage à une époque où l’apartheid battait son plein.

Enfin aujourd’hui je suis une privilégiée car Haïti a une profusion d’auteurs-es prolifiques, brillants-es. Comment les citer ?! Lecteurs et lectrices en profitent avec délectation chez nous et on les honore également sur la scène internationale. Je dois avouer que je suis toujours aussi bouleversée par les romans de Kettly Mars, qu’il s’agisse de "Kasalé", "Saisons sauvages", ou récemment "Aux frontières de la soif", qui met en exergue les séquelles, les déliquescences et la tragédie que constitue le quotidien de certaines populations après le tremblement de terre. Dans la même veine, "Je suis vivant" m’a autant touchée par son réalisme cru. -

Winnie H. Gabriel Duvil

winniegabriel@ticketmag.com


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