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La Russie dépêche un convoi « humanitaire » en Ukraine

lundi 11 août 2014

Moscou dit intervenir « sans escorte militaire » et avec l’accord de Kiev. Les Occidentaux redoutent une invasion.

Alors que les forces ukrainiennes accentuent leur pression militaire et estiment être sur le point de reprendre Donetsk, place forte des séparatistes prorusses dans le Donbass, la Russie a annoncé sa décision de dépêcher « un convoi humanitaire » vers la ville assiégée, « sans escorte militaire », a affirmé le Kremlin lundi soir. Le principe de ce convoi humanitaire russe vers l’Ukraine orientale « a fait l’objet d’un accord avec la partie ukrainienne », a assuré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé par l’AFP.

Dans le même temps, les Occidentaux et le pouvoir ukrainien dénoncent la présence de 20.000 à 45.000 soldats russes à la frontière de l’Ukraine, prêts à intervenir sous couvert d’une opération humanitaire.

Au cours d’un entretien téléphonique avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le président russe, Vladimir Poutine, a insisté sur « les conséquences catastrophiques de l’opération militaire des autorités de Kiev » dans l’est du pays et la « nécessité de fournir d’urgence une aide humanitaire dans la zone de conflit ». Il l’a prévenu que « la partie russe s’apprêtait à envoyer en Ukraine un convoi humanitaire en coopération avec la Croix-Rouge », selon un communiqué du Kremlin. M. Barroso l’a mis en garde contre toute intervention unilatérale au-delà de sa frontière, « quel que soit le motif, y compris humanitaire ».

Le représentant européen faisait écho au secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui avait déclaré un peu plus tôt à l’agence Reuters : « Il y a une forte probabilité que la Russie intervienne militairement en Ukraine. Nous voyons les Russes développer un argumentaire et un prétexte pour une telle intervention sous l’apparence d’une opération humanitaire, et nous assistons à une montée en puissance militaire qui pourrait être utilisée pour mener une telle action armée illégale. »

« Injustifiée et illégale »

Samedi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait sollicité les États-Unis pour mettre sur pied une intervention humanitaire internationale. Barack Obama avait rejeté cette idée, la qualifiant, lors d’un entretien avec Angela Merkel, « d’injustifiée et d’illégale » en l’absence d’une demande du gouvernement de Kiev. Lundi matin encore, Moscou écartait l’idée d’une action unilatérale, le porte-parole du Kremlin affirmant que la Russie n’interviendrait « qu’avec l’accord de toutes les parties impliquées ».

Le président ukrainien, Petro Porochenko, s’est dit favorable à l’envoi d’une aide humanitaire, à condition qu’il s’agisse d’une véritable démarche internationale, placée sous l’égide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), impliquant l’Union européenne et les États-Unis au même titre que la Russie. Le CICR n’a pas fait connaître sa position jusqu’ici.

Les Occidentaux, qui ont durci les sanctions contre le pouvoir russe après le tir d’un missile le 17 juillet contre un Boeing de la Malaysia Airlines transportant 298 passagers au-dessus de la zone de conflit, ont prévenu Vladimir Poutine que toute tentative de Moscou d’envoyer unilatéralement une mission humanitaire en Ukraine serait considérée comme une invasion.

Les agences de l’ONU estiment que quelque 1100 personnes ont été tuées dans tous les camps depuis quatre mois en Ukraine orientale dans les affrontements entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes.


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