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Panama Papers : Andy René, Ralph Pereira, proche de Martelly cités

jeudi 28 avril 2016

Andy René, avocat, ex-responsable du Centre de facilitation des investissements (CFI) et Ralph Pereira, un ami proche du président Martelly, sont cités dans les Panama Papers en rapport à un contrat pétrolier à Trinidad-et-Tobago, avec un homme d’affaires trinidadien qui avait reçu une fois un paiement mystérieux d’un million de dollars d’une compagnie brésilienne, Petrobras, au cœur aujourd’hui d’un scandale de corruption, a révélé ce lundi un article de Jacqueline Charles, publié par le Miami Herald, titré « Panama Papers expose un réseau d’intrigues derrière un accord pétrolier ».

Les documents du cabinet Massack Fonseca concernant Haïti montrent comment des gens avec des connexions politiques usent de leur pouvoir pour négocier des accords questionnables pour leur intérêt personnel. L’accord pétrolier dont il est question remonte à 2014. Haïti cherchait à avoir à bon prix 120 000 barils de pétrole par mois non fournis par le Venezuela pour compléter son alimentation. Le pays s’est tourné vers Trinidad-et-Tobago. Alors que cela se faisait en toute discrétion, sans publicité, dans l’ombre, une clique ayant des connexions politiques a manœuvré pour avoir des parts d’actions, ont révélé les documents de Panama Papers, a expliqué l’article de Jacqueline Charles. Il y avait un personnage central, Georges Andy René, directeur du Centre de facilitation des investissements d’août 2012 à février 2014. Dans son rôle de responsable du CFI, Georges Andy René avait travaillé en faveur de la signature de cet accord pétrolier entre Trinidad-et-Tobago et le ministère du Commerce.

Mais Georges Andy René a travaillé avec le cabinet Mossack Fonseca afin de créer une compagnie offshore en rapport pour déposer l’argent des droits exclusifs lié à l’importation de produits pétroliers de Trinidad, a révélé un email datant du 27 janvier 2014. Les documents de Mossack Fonseca montrent que cinq jours avant la signature du contrat pétrolier le 28 juillet 2014, Georges Andy René –qui était à ce moment-là conseiller du Premier ministre Laurent Lamothe- essayait de fonder une compagnie haïtienne en vue de « saisir cette opportunité ». Il voulait avoir des documents pour que Max Alfred Buteau, son associé, ait l’autorité pour représenter Proteus Holding afin de former une compagnie appelée SNIPPS S.A. dans laquelle il a au moins 50 %. SNIPP aurait le droit d’importer du pétrole de Trinidad-et-Tobago. Buteau, un ancien vice-président d’une banque, décrit par Georges Andy René comme « quelqu’un de très connu avec de grandes références auprès des acteurs locaux » était connu des fois pour de mauvaises raisons, a écrit le Miami Herald. En 1988, Max Alfred Buteau a été arrêté par la police britannique pour tentative de soutirer 25,5 millions de dollars à une banque. Plus tard, il a été accusé par le gouvernement haïtien dans une enquête pour corruption durant la présidence de Jean-Bertrand Aristide 2000-2004.

Contacté par Miami Herald, Georges Andy René n’est pas entré dans les détails concernant le rôle qu’il a joué dans la signature du mémorandum d’entente entre les deux pays. En ce qui a trait à ses rapports avec la firme Mossack Fonseca, Georges Andy René a dit qu’il n’avait rien fait d’illégal et avait agi comme un simple avocat. « J’ai représenté à travers les années des centaines de clients partout à travers le monde. Je peux confirmer pour vous que j’ai eu pendant ma carrière des échanges d’un professionnel du droit avec la firme Mossack Fonseca, comme beaucoup d’autres avocats d’affaires », a répondu Georges Andy René dans un email au Miami Herald. « Les communications entre les cabinets d’avocats sont strictement privées et je ne peux pas fournir des détails concernant les fichiers de mes clients », a-t-il poursuivi dans sa réponse au Miami Herald. Cependant, écrit Jacqueline Charles, son rôle parait aller au-delà de celui de l’avocat. Il possède 25 % de Proteus, selon les documents du cabinet Mossack Fonseca.

L’ancien ministre du Commerce Wilson Laleau, techniquement le ministre de tutelle de Georges Andy René, a indiqué que c’est le CFI qui avait porté ce dossier à l’attention du gouvernement. « Andy René était responsable du CFI et le CFI est celui qui a travaillé sur ce dossier », a indiqué Wilson Laleau au Miami Herald. Laleau a dit qu’il ne savait pas que Andy René préparait une opération commerciale dont il tirait profit.

Laurent Lamothe, l’ex-Premier ministre qui avait employé Georges Andy René pour le conseiller sur les questions d’investissement, a lui aussi indiqué qu’il n’était pas au courant de ce double rôle joué par ce dernier. « C’est un grand conflit d’intérêts », a qualifié Laurent Lamothe. Le nom de Kimazou est cité dans l’article. Kimazou a des liens très solides avec Michel Martelly. Le vice-président de Kimazou, Ralph Pereira, proche ami du président Martelly, a aussi été son conseiller informel. Ralph Pereira n’a pas répondu aux questions de Miami Herald. Ralph Pereira était présent à Trinidad-et-Tobago dans le cadre des discussions autour de l’accord pétrolier avec Haïti. Sa firme devait avoir comme partenaire celle de Georges Andy René, SNIPPS. Le nom de Vladimir Laborde apparaît aux côtés de celui de Andy René sur lequel Mossack Fonseca avait demandé de vérifier s’ils n’utilisaient pas leurs accointances politiques pour en tirer profit compte tenu de leur position.

Shruti Shah, le vice-président du chapitre anti-corruption du groupe Tranparecy, a indiqué que lorsqu’il y a des faiblesses en termes de soumission dans les appels d’offres et des gens avec des accointances politiques, cela implique une augmentation de conflit d’intérêts. Quand un gouvernement ne fait pas de soumission compétitive dans les appels d’offres, c’est un signal de corruption en soi, a-t-elle expliqué, ajoutant que « dans le cas d’Haïti, vous avez quelqu’un proche d’un président, d’un Premier ministre ». Il y a une question de conflit d’intérêts, a-t-elle indiqué.

AUTEUR

Roberson Alphonse

robersonalphonse@lenouvelliste.com


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