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En désaccord avec Netanyahu, le ministre israélien de la Défense démissionne

vendredi 20 mai 2016

Moshe Ya’alon invoque son "manque de confiance" dans le Premier ministre, après que celui-ci a confié le ministère de la Défense à un ultra-nationaliste.

Source AFP

Le ministre israélien de la Défense a démissionné vendredi avec fracas et remis ouvertement en cause la crédibilité du Premier ministre Benjamin Netanyahu, en pleins remous causés par le retour probable au gouvernement de l’ultra-nationaliste Avigdor Lieberman. « J’ai dit au Premier ministre qu’étant donné son comportement au cours des derniers événements et mon manque de confiance en lui, je démissionnais du gouvernement et de la Knesset (Parlement) et je prenais mes distances avec la vie politique », a annoncé Moshe Yaalon sur Twitter.

Il s’agit d’une attaque retentissante de la part d’un homme estimé en Israël pour avoir combattu lors de la guerre de 1973, commandé ensuite la prestigieuse brigade parachutiste et gravi tous les échelons, jusqu’à la tête de l’état-major puis de ce ministère capital dans un pays constamment sur le pied de guerre. Devant la presse, Moshe Yaalon s’en est ensuite pris à ces « éminents politiciens » animés par « le cynisme et la soif de pouvoir » et gouvernés par « les échéances électorales et les sondages » plutôt que les valeurs morales. Des mots qui semblent directement adressés à Netanyahu et Lieberman.

Élargir la majorité présidentielle

Le monde politique israélien est en effervescence depuis que Benjamin Netanyahu a proposé mercredi le portefeuille de la Défense à Avigdor Lieberman, actuellement dans l’opposition. En retour, il était présumé offrir les Affaires étrangères à Moshe Yaalon. Le but du Premier ministre est d’élargir sa majorité parlementaire, qui ne tient qu’à une voix. Mais la décision de Benjamin Netanyahu de proposer la Défense à Avigdor Lieberman a également été largement interprétée par les commentateurs comme une manoeuvre destinée soit à sanctionner Moshe Yaalon, soit à écarter un potentiel rival au sein du Likoud, leur parti (droite).

De profonds différends opposaient Netanyahu et Yaalon, dernièrement sur la liberté de parole des généraux. Avec Avigdor Lieberman, détesté par les Palestiniens, auteur de propos anti-arabes et populiste belliqueux, c’est le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël qui se profile selon les commentateurs.

Les négociations devaient se poursuivre vendredi, un accord final étant généralement présenté comme proche. Grâce à Avigdor Lieberman et son parti Israël Beiteinou, Benjamin Netanyahu aurait au Parlement une majorité de 66 voix sur 120. À la Défense, Avigdor Lieberman superviserait notamment les activités de l’armée dans les Territoires palestiniens occupés. Les commentateurs posent déjà la question d’un durcissement vis-à-vis des Palestiniens alors que les craintes d’une nouvelle escalade sont vives.

Il y a quelques jours, Avigdor Lieberman accusait le gouvernement Netanyahu de manquer de fermeté face à la vague actuelle d’attaques palestiniennes, et de ne pas construire dans les grands blocs de colonies de Cisjordanie occupée.

Benjamin Netanyahu furieux

Moshe Yaalon et l’actuel état-major passent pour avoir tempéré les ardeurs de ceux qui, au gouvernement et à droite, y compris Avigdor Lieberman, poussaient à une répression accrue face aux violences. « Difficile de prédire comment Lieberman agirait dans les mêmes circonstances », écrivait le quotidien de gauche Haaretz. Moshe Yaalon a aussi été « le Dôme de fer » de l’armée face aux attaques des durs de la droite, écrivait le quotidien Yedioth Ahronoth en faisant référence au système israélien de défense antimissile.

Depuis des semaines, Moshe Yaalon et l’armée sont au centre de vives querelles sur les valeurs et le rôle social d’une institution incontournable. Moshe Yaalon a soutenu, y compris contre Benjamin Netanyahu, ses généraux qui prônaient la retenue face aux attentats ou allaient jusqu’à dresser un parallèle entre l’Allemagne nazie et certains « signes » observés en 2016 en Israël.

Vendredi, il a dit son inquiétude pour la démocratie israélienne : « Malheureusement, des éléments extrémistes et dangereux ont pris le contrôle d’Israël et du Likoud et menacent la société », a-t-il affirmé. L’ex-ministre de la Défense avait encouragé dimanche les officiers à dire ce qu’ils pensent sur de tels sujets, quitte à contredire leurs supérieurs ou leurs dirigeants politiques. Ces propos auraient rendu furieux Benjamin Netanyahu, qui l’avait rappelé à l’ordre le lendemain.

Benjamin Netanyahu aurait aussi cherché à stopper l’ascension d’un éventuel concurrent, selon des commentateurs. Moshe Yaalon ne s’est pas privé de le laisser ruminer en déclarant : « Je reviendrai prendre part à la compétition pour la direction d’Israël. » Le retrait de Moshe Yaalon devrait signifier l’entrée au Parlement de l’activiste israélien Yehuda Glick, considéré par les Palestiniens et des responsables israéliens comme un dangereux provocateur pour son engagement en faveur du droit des juifs à prier sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem.


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