MosaikHub Magazine
La lutte du papillon

Restauration des espèces indigènes en Haiti

lundi 23 mai 2016

``Nous avions l’habitude de voir beaucoup plus de papillons autour de Port-au-Prince auparavant`` me disait Adolphe, notre Gérant de la logistique, un jour de l’année dernière quand il m’a vu accroupi devant une plante du nouveau jardin des bureaux de la BID à Port-au-Prince en train d’admirer un papillon Monarque qui venait d’arriver en Haïti d’Amérique du Nord après sa remarquable migration annuelle.

Ce fut une simple observation mais cela m’a fait penser à ce qui avait pu changer et à me demander pourquoi le nombre de papillons avaient diminué de telle façon. La semaine suivante, je rencontrais notre paysagiste et ensemble nous avons marché autour des 3 500 mètres carrés de jardin à regarder les plantes qui y poussent. Le jardin est soigné avec une pelouse bien tondue et quelques arbres mais tout en marchant et parlant je me suis rendu compte que bien qu’attrayant ce jardin était rempli d’espèces exotiques (introduites) qui ne fournissent pas de nourriture aux chenilles et aux papillons.

Bien sûr, il n’y a pas que les papillons et autres insectes qui trouvent peu à grignoter dans le jardin. Le manque de fleurs indigènes, de fruits et de baies signifie également que le jardin n’est pas visité par aucuns des magnifiques colibris ou des colorées parulines migratrices originaires d’Haïti. Je me suis alors aperçu que nous rations une belle occasion et qu’au lieu de planter des espèces exotiques venant d’autres régions comme l’Amérique du Sud, de l’Afrique ou de l’Asie du Sud, nous pourrions plutôt contribuer à restaurer l’habitat naturel dont les papillons et les oiseaux d’Haïti ont besoin pour prospérer en plus d’avoir un plus joli jardin où le personnel de la BID et les visiteurs pourraient admirer des plantes indigènes de l’île.

Les papillons, les abeilles, les autres insectes et les colibris jouent également un rôle crucial dans la pollinisation des plantes y compris les cultures agricoles de sorte qu’ils sont essentiels à la sécurité alimentaire. Les plantes qui dépendent des pollinisateurs représentent 35 pour cent du volume global de la production agricole d’une valeur pouvant atteindre 577 milliards US$ par année. Le système agricole, pour lequel les pollinisateurs jouent un rôle essentiel, crée des millions d’emplois dans le monde . Ce n’est donc pas que de l’esthétisme !

Au fil du temps les gens de partout dans le monde, non seulement en Haïti, ont importé des espèces exotiques pour leurs jardins, car elles sont bien sûr... exotiques ! Elles sont différentes et c’est ce qui les rend intéressantes car certaines ont de grandes fleurs bien voyantes par exemple. Les paysagistes et les propriétaires importent ainsi des espèces exotiques qui sont faciles à propager, peu cher à produire et à entretenir.

La conséquence de cela est cependant une perte progressive du caractère naturel des lieux et les impacts sont plus répandus que son seul jardin surtout si les plantes ne sont pas seulement exotiques mais envahissantes. Les espèces végétales envahissantes sont celles qui migrent des jardins où elles ont été initialement plantées pour s’implanter dans des endroits où elles ne sont pas désirées finissantes par causer de multiples nuisances. Il existe de nombreux cas où les plantes envahissantes ont remplacé les espèces indigènes et transformé le paysage de façon désastreuse le rendant inhabitable pour les espèces indigènes.

Les îles, où les plantes indigènes ont évolué de façon isolée, sont particulièrement vulnérables aux espèces envahissantes. Dans les Caraïbes, les exemples d’espèces envahissantes comprennent des lianes comme le chèvrefeuille japonais et le chêne blanc, un arbre ornemental. Ceux-ci et beaucoup d’autres espèces envahissantes prennent emprise sur de grandes surfaces entraînant la perte d’habitat pour certaines espèces endémiques plus vulnérables du monde des plantes, des insectes et des oiseaux.
Heureusement, le Comité Vert des bureaux de la BID en Haïti a reconnu rapidement la pertinence de contribuer à la conservation de la biodiversité unique d’Haïti. En ce sens, nous avons récemment terminé la première phase de la création d’un jardin de plantes indigènes. En collaboration avec le Jardin botanique des Cayes, nous avons planté des centaines d’arbres et de plantes indigènes de plusieurs espèces différentes. Au cours des prochaines années, le reste du jardin sera converti pour accueillir d’autres espèces indigènes ce qui est susceptible de devenir le premier jardin indigène d’Haïti. Il ne sera pas terne et sans intérêt mais révèlera une symphonie de couleurs et de beauté et en cela deviendra une vitrine de l’étonnante biodiversité indigène du pays.

Heureusement, le Comité Vert des bureaux de la BID en Haïti a reconnu rapidement la pertinence de contribuer à la conservation de la biodiversité unique d’Haïti. En ce sens, nous avons récemment terminé la première phase de la création d’un jardin de plantes indigènes. En collaboration avec le Jardin botanique des Cayes, nous avons planté des centaines d’arbres et de plantes indigènes de plusieurs espèces différentes. Au cours des prochaines années, le reste du jardin sera converti pour accueillir d’autres espèces indigènes ce qui est susceptible de devenir le premier jardin indigène d’Haïti. Il ne sera pas terne et sans intérêt mais révèlera une symphonie de couleurs et de beauté et en cela deviendra une vitrine de l’étonnante biodiversité indigène du pays.

Les membres des bureaux de la BID en Haïti sont ainsi très heureux de contribuer à la restauration de la richesse de la flore naturelle d’Haïti et attendent avec impatience de voir le retour en force des papillons au cours des années à venir.

Andy est un spécialiste en tourisme durable et aires protégées avec plus de 20 ans d’expérience dans le développement et l’implantation de stratégies pour maximiser la contribution du tourisme à la conservation de la nature et des cultures indigènes partout dans le monde et en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes. Il a vécu 11 ans en Équateur et aux Iles Galápagos avant de déménager à Washington D.C. en 1998 pour travailler comme Spécialiste sénior en écotourisme pour l’organisme The Nature Conservancy. Andy est membre de la Commission mondiale des aires protégées (CMAP) de L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et membre du Conseil consultatif supérieur de l’organisme Global Heritage Fund. Il travaille actuellement en tant que Spécialiste principal en biodiversité à la BID où il se concentre sur la gestion et l’atténuation des impacts environnementaux et sociaux des projets de développement en Haïti.

AUTEUR

Andy Drumm


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