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Football - Euro 2016 : comment l’Espagne s’est compliqué la vie

jeudi 23 juin 2016

En deux jours, la Roja est passée d’un état de sérénité totale à celui d’une vaste remise en question, engendrée par une défaite-surprise contre la Croatie.

Par Tidiany M’Bo

L’Espagne, double championne d’Europe en titre, survolait depuis le début de cet Euro 2016. Ses deux victoires, l’une arrachée contre la République tchèque (1-0) et l’autre acquise facilement contre la Turquie, semblaient l’avoir lancée sur la route d’un troisième sacre consécutif. C’était en tout cas l’avis des bookmakers, qui l’avaient pour la plupart replacée devant la France parmi les favoris à la victoire finale.

La gestion du cas Pedro

Mais il a suffi de 48 heures chaotiques (ou presque) pour qu’une grande partie de la sérénité ambiante vire à l’anxiogène. Tout commence lundi, avec une interview du joueur de Chelsea Pedro Rodriguez sur la chaîne #0, dans laquelle il confie au grand jour sa frustration de ne pas être titulaire. « C’est difficile pour moi d’assumer ce rôle. Quand on n’a pas de continuité, cela ne vaut pas la peine de continuer à venir juste pour compléter le groupe, pour être avec les partenaires, même si je suis très à l’aise », confie-t-il alors, sans doute pas confiant d’être le point de départ de deux jours agités.

Le lendemain, Pedro s’invite en conférence de presse pour clarifier ses propos : « Je ne regrette pas, si on me demande quel sera mon avenir en sélection, évidemment je répéterai la même chose, que j’ignore quelle continuité je peux avoir ici », lâche-t-il alors, sans remettre en cause l’idée d’une prochaine retraite internationale. Lui qui faisait partie intégrante des sacres de 2010 et 2012 n’a disputé que huit petites minutes dans cet Euro 2016. Du haut de ses 28 ans et de ses 59 sélections, il vit mal le fait d’être supplanté dans la hiérarchie par le joueur du Celta Vigo, Manuel Nolito.

L’avenir des joueurs se joue en parallèle

Nolito, il en est justement question dans la suite du déroulement des opérations. Mardi, jour de match, Sport3 annonce que l’ailier a trouvé un accord total pour rejoindre Pep Guardiola à Manchester City. Une nouvelle qui en accompagne une autre : son compère d’attaque, Alvaro Morata, retourne officiellement au Real Madrid. Le club merengue a racheté le contrat de son ancien attaquant contre 32 millions d’euros.

En une journée, l’avenir de deux des titulaires de la Roja s’est décanté, et ce, à quelques heures de son troisième match de groupe face à la Croatie. Erreur de timing ? Maladresse ? Toujours est-il que la presse locale s’est émue de la coïncidence, l’estimant en partie responsable de la démobilisation constatée face à la Croatie, durant laquelle Nolito a été relativement discret avant de sortir dès l’heure de jeu.

« L’affaire Piqué »

C’est bien connu en Espagne, le défenseur du Barça Gérard Piqué est un fervent partisan de l’indépendance de la Catalogne. Une position tranchée, assumée, qui lui vaut régulièrement d’être sifflé par ses propres supporteurs lorsque la sélection joue aux quatre coins du pays. Aussi, lorsqu’une image vient capturer ce qui ressemble à un doigt d’honneur du Catalan durant l’hymne national avant le match face à la Croatie, c’est le drame.
Les réactions s’enchaînent pour ce qui, pour beaucoup, s’apparente à une provocation du joueur, rarement avare d’un bon mot dans la presse ou sur le réseau social Periscope, dont il est un utilisateur régulier. C’est d’ailleurs sur les réseaux sociaux que Piqué intervient en fin de soirée pour se défendre et dénoncer une campagne injuste de déstabilisation.

Quoi qu’il en soit, ce chapitre est un nouveau point chaud de ces deux jours agités du côté de l’île de Ré, où l’Espagne séjourne durant la compétition. Une compétition qui a pris une autre tournure avec ce revers surprise face à la Croatie, le premier dans un championnat d’Europe depuis… le 20 juin 2004, et une défaite face au Portugal. La Roja s’est compliqué la vie. Elle qui devait se préparer à affronter la Slovaquie, la Pologne ou encore la Suisse en huitièmes puis en quart se retrouve sur la route de l’Italie, avant de croiser potentiellement l’Allemagne, l’Angleterre ou la France. Une preuve de plus que cet Euro nouvelle formule n’en est qu’au début de ses surprises.


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