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La bataille du barrage de Mossoul fait toujours rage

lundi 18 août 2014

Le plus grand barrage d’Irak, situé sur le Tigre et qu’on dit très fragile, était tombé entre les mains des djihadiste de l’EI la semaine dernière.

Dimanche soir, les pechmergas, les combattants kurdes irakiens, avaient annoncé avoir repris le barrage de Mossoul, avec l’aide des aviations irakienne et américaine. À la télévision d’État, le général Qassim el-Atta avait même clamé que l’endroit avait été « complètement nettoyé ». Un rude coup pour les djihadistes de l’État islamique (EI) : le plus grand barrage d’Irak, qu’on dit très fragile, était tombé entre leurs mains la semaine dernière. Un atout essentiel et un moyen de pression pour toute la région.

Mais, sur le terrain, la situation est nettement plus confuse. « Les pechmergas ne laissent personne approcher à moins de dix kilomètres. Mais on rapporte qu’il y a encore des combats », explique Abdulla Hawez, un analyste politique. « La situation semble beaucoup plus compliquée que prévu. Les djihadistes ne lâchent pas le terrain », poursuit-il. On parle de mines et de djihadistes, qui, face aux frappes aériennes, commencent à changer leurs tactiques.

« Le problème reste toujours le même », pour Sirwan Barzani, responsable de la région de Makhmour, tout juste reprise aux djihadistes. « L’EI s’est emparé des armes de l’armée irakienne le 10 juin. Nous n’en avons pas assez. Le gouvernement irakien bloque les livraisons que nous devions recevoir, explique le responsable, membre de la famille du président du Kurdistan irakien. Les djihadistes portaient toute leur pression au sud, mais se sont portés d’un coup au nord. Nous n’étions pas prêts. Des zones comme Sinjar sont très loin d’Erbil. La logistique y est difficile à mettre en place. »

Résistance de l’intérieur

Le problème de l’armement reste entier. Le gouvernement central, basé à Bagdad, reste sensible sur la livraison d’armes au Kurdistan, qui « violerait la souveraineté de l’Irak », selon un communiqué du commandement en chef. Selon une source proche du gouvernement régional du Kurdistan (GRK), qui souhaite rester anonyme : « Ça ne changera pas grand-chose. La priorité des grandes puissances est la lutte contre les djihadistes. Ils trouveront bien un moyen. » Les djihadistes ont cessé d’avancer, mais ça ne veut pas encore dire qu’ils reculent. Les pechmergas ont repris Makhmour, au sud-ouest d’Erbil, avec l’aide du PKK. Mais, alors qu’ils avaient dit avoir repris Gweir, dans le voisinage de Makhmour, Le Figaro a pu constater sur place, qu’une fois de plus, la situation avait l’air plus compliquée que prévu. Les Kurdes tiennent les villages alentours, mais seulement la moitié de Gweir, d’après un chef militaire sur place, qui confesse : « Les djihadistes sont toujours dans l’autre moitié. »

Certaines tribus irakiennes ont annoncé commencer à combattre l’EI, laissant espérer une résistance de l’intérieur. De quoi rendre Ayman el-Tamimi, expert sur les djihadistes, sceptique : « Dans Mossoul, personne ne peut vraiment contester le leadership de l’EI. Par exemple, les baasistes de l’ordre des Naqshbandis, eux aussi présents à Mossoul, disent tout et son contraire, condamnent le départ des chrétiens, mais blâment le gouvernement irakien. Et ce qu’on sait de l’exemple du fonctionnement de l’EI à Raqqa, c’est que plus ils restent, mieux ils contrôlent le terrain. » Les pechmergas sont encore bien seuls face aux djihadistes.


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