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JO au Brésil : les services antiterroristes sur les dents

lundi 18 juillet 2016

Après l’attentat de Nice, les autorités brésiliennes redoutent plus que jamais une attaque lors des Jeux olympiques, du 5 au 21 août...

Par Baudouin Eschapasse

Le niveau d’alerte a été rehaussé pendant le week-end au Brésil. Samedi, un exercice « grandeur nature » simulant une prise d’otages dans une gare, proche de l’installation sportive de Deodoro dans l’ouest de Rio de Janeiro, a mobilisé près de 500 policiers et militaires. « Nous sommes prêts à faire face au pire », a martelé le ministre de la Défense, Raul Jungmann, à l’issue de cet entraînement.

Plus de 200 militaires spécialisés dans la guerre bactériologique sont arrivés à Rio, en fin de semaine dernière, après que l’amiral Kurt Tidd, qui supervise le continent sud-américain pour le Pentagone, eut glissé à l’état-major brésilien qu’une attaque de ce type devait être anticipée. Et 85 000 forces de sécurité seront mobilisées entre les 5 et 21 août, lors des Jeux olympiques.

Les autorités brésiliennes affirment que 8 000 hommes et femmes se mêleront, en civil dans les stades, aux 500 000 spectateurs attendus pour prévenir d’éventuelles actions terroristes. Le ministère de l’Intérieur brésilien déclare, en outre, détenir une base de données de plusieurs dizaines de milliers de noms, associés de près ou de loin à des activités terroristes. Ce vaste fichier, compilant des données collectées par les principales agences de renseignements occidentales, notamment les États-Unis et la France, doit être utilisé pour scanner les identités des touristes arrivant aux principaux postes de douane des aéroports du pays.

État d’alerte maximum

« Depuis deux mois, nos services de renseignements sont en état de vigilance maximum », martèle, depuis plusieurs semaines, Luiz Alberto Sallaberry, directeur des services antiterroristes brésiliens.

Au printemps dernier, c’est avec dérision que les Brésiliens avaient répondu aux menaces d’attentats sur le Web… Un hashtag (#SeOEstadoIslamicoAtacar, que l’ont peut traduire par « si l’État islamique attaque… ») avait été créé, le 15 avril, sur Twitter. Les internautes y avaient répondu par un festival de blagues. « Les kamikazes seront vite découragés par la chaleur et par le virus Zika », mettait en garde un internaute. « Inutile de venir, notre pays est déjà détruit », ajoutait un autre. « Ce ne sera pas facile de dissimuler vos explosifs. Ici, nous nous promenons quasiment nus, et pas en burqa », relevait un troisième.

Inquiétudes réelles

Début juillet, l’ambiance a radicalement changé avec l’arrestation d’un Algérien de 32 ans dans la ville de São Sebastião, près de la capitale Brasilia. « Cet homme, entré sur le territoire brésilien en 2014, planifiait une attaque contre un aéroport », a justifié la police. Aucun explosif n’a été retrouvé à son domicile, mais les autorités, alertées par la propre femme de cet individu, n’en ont pas moins incarcéré cet
homme. Et l’enquête se poursuit.

À un peu plus de deux semaines du début des Jeux olympiques de Rio, la police multiplie les opérations. Ces interventions ciblent prioritairement les favelas qui entourent la ville et visent à démanteler des gangs crapuleux. Elles se sont d’ailleurs soldées par des centaines de morts depuis le début de l’année. Mais ce n’est pas tant les trafiquants de drogue que les djihadistes que l’état-major policier redoute le plus. En novembre dernier, un représentant de l’État islamique, identifié comme étant le Français converti Maxime Hauchard, a de fait menacé directement le Brésil dans une vidéo « Vous êtes notre prochaine cible », avait-il déclaré.

Une menace diffuse

Lors d’une audition devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 en France, le directeur du renseignement militaire (DRM), le général Christophe Gomart, a d’ailleurs dit, le 26 mai, qu’un projet d’attentat contre la délégation française aux JO de Rio avait été déjoué. Le détail de ce projet n’a pas été précisé. Le rapport de la commission a été expurgé et l’intervention du général n’y figure que dans une version tronquée.

Coïncidence ? Les autorités judiciaires brésiliennes ont annoncé, vendredi 15 juillet, avoir expulsé le scientifique franco-algérien Adlène Hicheur, 39 ans, condamné en France en 2012 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Le ministère brésilien de la Justice a justifié sa décision en arguant du simple « intérêt de la nation », sans motiver davantage cette expulsion.

Adlène Hicheur, titulaire d’un doctorat en physique, travaillait au Centre européen de recherche nucléaire (Cern) à Genève en 2009 lorsque les services de renseignements ont intercepté des échanges qu’il avait avec un membre d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ces échanges laissaient entendre qu’Adlène Hicheur était au courant de la préparation d’une action violente en France. Bien que soutenu par de nombreux collègues qui ne voyaient pas en lui un homme potentiellement dangereux, il avait été interdit de séjour en Suisse et s’était retiré au Brésil en 2013, où il travaillait à l’université fédérale de Rio de Janeiro.


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