MosaikHub Magazine
Jeux olympiques de Rio 2016

Quel est le bilan pour Haïti jusqu’ici ?

samedi 13 août 2016

Trois compétiteurs haïtiens entrés en lice déjà et trois compétiteurs haïtiens éliminés au premier tour avec une palme spéciale à Frantz Dorsainvil qui termine 85e sur 85 concurrents, donc bon dernier en natation. En Haïti où l’on vénère les vainqueurs parfois sans aménité et sans sportivité, les résultats sont loin de l’attente populaire. Mais comment attendre des résultats sans aucune préparation dans cet objectif ?

Ce vendredi, Naomy Grand-Pierre va à son tour effectuer son entrée en lice. Lors de la série 5 du 50m nage libre, elle sera dans le couloir numéro 3 au stade aquatique olympique de Rio. Elle sera accompagnée de la Tonguienne Irène Prescott (couloir 1), de la Guyanaise Jamila Sanmoogan (couloir 2), de l’Arménienne Monika Vasilyan (couloir 4), de l’Antiguaise Samantha Roberts (couloir 5), de la Marocaine Noura Mana (couloir 6), de la Pakistanaise Lianna Swan (couloir 7) et de la représentante des îles Marshall Colleen Ferguson (couloir 8).

Avec le temps que détient l’étudiante en économie internationale de l’université de Chicago (24’’47) elle ne partira pas favorite. Et dans un pays où certains se demandent déjà pourquoi participer aux Jeux si on sait déjà qu’on y est seulement pour participer sans espérer de médailles, un mauvais résultat de la nageuse ferait désordre. Mais voilà, comment exiger d’elle qu’elle soit la meilleure si elle surgit de nulle part juste pour défendre les couleurs d’une nation avec qui elle est liée par seulement ses origines mais qui n’a rien investi dans ce qu’elle est ?

D’abord on doit retenir que l’esprit même des Jeux Olympiques est de participer, la culture de la performance vient après car c’est ce culte de la performance à tout prix qui engendre les tricheries de tous genres aujourd’hui, et qui est à l’origine du dopage. Nous encensons les vainqueurs et pour pouvoir être sous les feux des projecteurs en tant que tels les athlètes commettent tous les vices pour y parvenir alors que l’esprit olympique même devrait mettre l’accent sur la sportivité.

Ensuite, il est temps de mettre en place un mécanisme régulé par des règlements stricts visant à faire du sport une vitrine d’exposition du pays. Au lieu de créer des fédérations bidon visant seulement à soutirer de l’argent de l’Etat, il faudrait mettre l’accent sur la politique sportive mais aussi sur le choix des disciplines en fonction de nos qualités pour nous imposer dans le long terme. Les Jamaïcains ont longtemps compris que l’athlétisme est leur meilleure arme, les Dominicains ont longtemps compris que le volley-ball féminin et l’athlétisme sont les champs où ils moissonnent des médailles, les Cubains ont misé sur le volley et la boxe, il nous faut, nous aussi, prioriser certaines disciplines et travailler à obtenir des éléments pouvant non seulement participer mais aussi obtenir des résultats.

Vendredi, quand Naomy Grand-Pierre émergera de la piscine olympique, peu importe le résultat, il faudra comprendre que pour le moment Haïti aura participé à travers elle. Il faudra savourer le fait qu’elle fait partie du gratin qui dispute les Jeux avant de penser à travailler pour qu’un jour on ait le droit d’exiger des médailles

AUTEUR

Enock Nere

enocknere@lenouvelliste.com


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