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Boursier/ Fondation Voilà/ Université Purdue/Steeve Julien Symithe

6 ans après le séisme, Haïti dispose de son premier géophysicien

vendredi 2 septembre 2016

Titulaire d’un doctorat en géophysique de l’Université Purdue aux États-Unis, Steeve Julien Symithe, après cinq années d’études – maîtrise et doctorat – affiche un parcours professionnel pour le moins impressionnant. Malgré les offres alléchantes des institutions internationales et américaines, notre compatriote, qui s’est spécialisé en sismologie, géodésie et géodynamique, a exprimé sans aucune hésitation sa volonté d’être ici pour servir son pays.

Passion et maturité se dégagent de ce jeune haïtien, qui confie avoir reçu des offres d’emplois très alléchantes à l’étranger, mais a choisi de rentrer au pays pour mettre toutes ses compétences et connaissances acquises au service d’Haïti. « Depuis trois mois, j’apporte mon expertise à différentes institutions qui œuvrent en vue de la mitigation des risques sismiques en Haïti dont le Centre nationale d’information géo-spatiale (CNIGS) et le Laboratoire nationale des bâtiments et travaux publics (LNBTP). Revenu au pays depuis le 24 mai, il collabore aussi avec le bureau des Mines et de l’Énergie (BME) et fait partie de l’URGéo, un groupe de recherche en géosciences à la faculté des Sciences de l’université d’État d’Haïti.

Originaire de Port-au-Prince, ce jeune homme de 33 ans qui a effectué toutes ses études classiques au collège Dominique Savio de Pétion-Ville, a pu décrocher un diplôme en génie civil à la faculté des Sciences de l’université d’État d’Haïti. Avec des mentions de toutes sortes, Steeve Julien Symithe et Roby Douilly, ont été sélectionnés en 2010, avec le concours de l’UEH, pour une bourse d’études en Sciences de la Terre à l’université de Purdue, aux États-Unis, grâce à la Fondation Voilà, dans le cadre d’un effort à long terme visant à former la prochaine génération de scientifiques sur les dangers des tremblements de terre qui menacent Haïti.

Après avoir soutenu son mémoire de master en juin 2012, été admis à poursuivre des études doctorales, toujours à l’université Purdue. « Après mes deux années de maîtrise, j’ai dû rester encore 3 ans dans l’État d’Indiana pour boucler ces études doctorales dont j’ai soutenu ma thèse le 18 avril 2016. Pendant ce temps, j’ai étudié des problèmes très intéressants. Par exemple, j’ai utilisé des données GPS sur toute la caraïbe pour étudier le comportement sismogénique des failles régionales majeures, en particulier les différentes portions de la subduction Est de la plaque Caraïbes. J’ai pu aussi étudier les déformations crustales qui se produisent au niveau de la plaine du Cul-de-Sac. Mes différents travaux de recherche sont publiés dans des revues scientifiques très cotées comme le BSSA, le JGR et le Tectonophysics », confie l’expert.

La géophysique : une compétence importante pour Haïti

Il est clair que cette compétence est une nécessité en Haïti. Il faut aussi rappeler que la décision de la fondation Voilà de financer ces deux étudiants haïtiens pour des études en géophysique est venue du fait qu’après le séisme du 12 Janvier 2010, il y a eu le constat flagrant que le pays n’avait aucun expert pouvant expliquer le phénomène qui venait de dévaster la capitale et d’autres villes avoisinantes telles Léogâne, Jacmel, etc. Ces bourses d’études étaient accompagnées d’une enveloppe de 25 000 dollars américains par an pour chacun des bénéficiaires sur une période de 3 ans. Enveloppe devant couvrir les frais de voyage et de matériel de recherche ainsi que les dépenses quotidiennes. De telles bourses sont destinées à des jeunes ayant obtenu de très bons résultats au cours de leurs études et possédant une bonne connaissance des sciences quantitatives. En attendant le retour de l’autre boursier haïtien en géophysique, Steeve Julien Symithe essaie de mettre ses compétences au service de son pays.

Le géophysicien conseille aux jeunes haïtiens qui ont l’opportunité de bénéficier de bourses d’études de prendre leurs études très au sérieux. Toutefois, il en a profité pour exhorter les jeunes compatriotes à rester ou encore revenir au pays et s’armer de courage pour apporter leur contribution au changement d’Haïti. « Je comprends bien que la situation actuelle peut laisser à désirer. Cependant, un pays ne vaut que ce que vaut ses citoyens. Je suis de ceux qui croient qu’un futur meilleur attend Haïti. Il faut voir le pays comme une extension de sa personne et non comme une barque trouée qu’on peut décider d’abandonner à volonté, car Haïti à besoin de vous ! »

AUTEUR

Amos Cincir

mcincir@lenouvelliste.com


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