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Les Haïtiens toujours les bienvenus au Brésil

mardi 13 septembre 2016

Le calvaire des migrants haïtiens qui fuient le Brésil, dont l’économie est au point mort sur fond de crise politique et d’un méga scandale de corruption, et qui arrivent par dizaines chaque semaine à San Diego, ville frontalière des Etats-Unis avec le Mexique, est sur le point de toucher à sa fin. C’est ce qu’a laissé entendre l’ambassadeur brésilien en Haïti, Fernando Vidal, dans son discours à l’occasion de la commémoration de la fête nationale du Brésil, le 7 septembre 2016.

Nous commençons à voir déjà une lumière au bout du tunnel […] Il ne s’agit pas d’un optimisme irresponsable, mais de celui qui est basé sur des données macro économiques fiables, qui montrent le début d’une récupération de l’économie, une plus grande confiance de l’industrie et des consommateurs », a fait savoir le diplomate brésilien, qui souligne que Brasilia envisage déjà une croissance positive en 2017. « Petite, mais positive », a-t-il ajouté, certain et optimiste que bientôt son pays retournera en pleine force financière.

Un scénario pour le moins tentant pour les milliers de ressortissants haïtiens déjà sur place et pour d’autres qui caressent l’envie de rejoindre le géant sud-américain. Car, il augure une éclaircie à l’horizon dans le ciel brésilien. En effet, le pays sort de cinq trimestres consécutifs de baisse de son PIB. La consommation était plombée par le climat de défiance et un marché de l’emploi sinistré.

Croissance en panne, dette et inflation galopantes, taux de chômage explosif, ce cocktail explosif a poussé bon nombre de migrants haïtiens à abandonner le Brésil en récession, donc moins attractif. « Nous traversons au Brésil une des plus graves crises économiques de notre histoire », a donc reconnu l’ambassadeur Vidal qui, sans se départir de son optimisme, se dit certain que son pays, la septième économie mondiale, sera capable de surmonter la crise.

En attendant, le géant sud-américain ne compte pas pour autant marchander son hospitalité envers les Haïtiens. « Nous vous recevons les bras ouverts, comme ceux du Christ Rédempteur de Rio de Janeiro », a déclaré l’ambassadeur Fernando Vidal, qui vante son Brésil comme étant un pays sympathique, singulier, joyeux, qui reçoit toujours avec un sourire. « Un pays qui aime aider les autres, les pays voisins en Amérique latine ou lointains en Afrique, sans rien demander en retour », a-t-il poursuivi.

Pierrot Delienne, ministre haïtien des Affaires étrangères, présent à cette commémoration, s’est réjoui de l’excellente qualité des relations établies entre les deux pays basées sur un fond de respect mutuel, une grande cordialité. Des relations diplomatiques plus que centenaires, a-t-il souligné.

En 2012, rappelle l’ambassadeur Vidal, le gouvernement brésilien a créé une législation migratoire exclusive pour les Haïtiens qui désiraient s’installer dans son pays pour y vivre et travailler honnêtement, seuls ou avec leurs familles. Depuis, 90 000 Haïtiens sont arrivés au pays de la samba. « 90 000 Haïtiens qui se mélangent maintenant avec les 206 millions de Brésiliens », dit-il saluant au passage cette récente immigration des Haïtiens qui arrivent au Brésil pour y rester.

« Nous sommes heureux de vous accueillir, de recevoir votre culture qui s’incorpore comme plusieurs autres à la culture brésilienne, heureux de recevoir vos talents pour les arts, la peinture, la sculpture, le football - et évidemment pour le travail afin de contribuer à notre croissance économique », a informé le diplomate expliquant que dans ce mosaïque de nationalités représentant la nation brésilienne, il ne manquait que les Haïtiens.

Cependant, l’idylle haïtienne et brésilienne est loin d’être pareille partout. Nos compatriotes qui, au péril de leur vie, sont arrivés aux Etats-Unis d’Amérique, en provenance du Brésil, après avoir sillonné une bonne partie de l’Amérique du Sud et presque toute l’Amérique centrale, l’ont appris à leurs dépens. Bon nombre d’entre eux, au cours de leur périple parfois mortel, sont donc détenus, expulsés par les services d’immigration de certains pays, d’autres (Costa Rica, Nicaragua) leur refusent tout simplement l’accès à leur territoire.

C’est dans ce contexte que le ministre Pierrot Delienne a donc annoncé, lors de la réception donnée par l’ambassade du Brésil, qu’il se rend, cette semaine, aux Nations Unies pour défendre la migration [haïtienne]. « Je parle certes avec émotion mais vous devez comprendre la réalité que vit notre pays », a déclaré le chancelier haïtien, qui s’exprimait ainsi en présence de plusieurs ambassadeurs des pays de la région ainsi que certains représentants des organisations internationales, dont Sandra Honoré, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en Haïti.

AUTEUR

Patrick Saint-Pré

sppatrick@lenouvelliste.com


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