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Clarens Renois, chantre de la réconciliation et de la stabilité

mercredi 14 septembre 2016

Le candidat à la présidence Clarens Renois a rendu visite mardi au quotidien Le Nouvelliste. L’ancien journaliste en a profité pour présenter au journal sa vision, son projet pour le pays. Réconcilier les Haïtiens pour parvenir à la stabilité constitue la cheville ouvrière du programme du candidat du parti Unir. Clarens Renois est contre toute rupture brutale, il se prononce en faveur d’un projet de développement à long terme. Il n’est ni de Lavalas, ni du PHTK qu’il avait repoussé d’ailleurs. Il craint surtout qu’un dealer de drogue n’arrive un jour à la présidence.

Il était déjà en lice en 2015. Clarens Renois n’est pas prêt à abandonner son rêve de réconcilier les Haïtiens. C’est d’ailleurs ce qu’il avance pour expliquer sa décision de revenir dans la course une deuxième fois. « Il y a encore de la place pour le discours que je porte, celui de la réconciliation, de l’apaisement pour atteindre la stabilité ». Pour Clarens Renois, il n’y a aucun miracle possible. Ce qu’il faut faire réellement pour ce pays, « c’est de rechercher, atteindre et maintenir la stabilité à tout prix ». Et pour le faire, il appelle à une collaboration entre les politiques et tous les secteurs de la société haïtienne.

Le candidat se dit pour la recherche d’une stabilité sur le long terme, mais pas une brusque rupture qui peut être fatale au pays. « La stabilité qu’il nous faut porter au pays, ce ne sera pas une stabilité qui peut porter des fruits tout de suite, ça va peut-être prendre 20 ans et il faut avoir le courage pour dire ça au peuple aussi », selon l’ancien journaliste qui s’est livré au Nouvelliste. « Je ne vais pas dire au peuple que wòch nan dlo pral konn mizè wòch nan solèy, pitit Dessalines pral kraze ptiti Pétion, ça c’est de la démagogie, je suis contre ces choses moi-même », a-t-il ajouté.

Le journaliste de carrière est bien imbu de l’histoire politique récente du pays et, à ce titre, il invite les Haïtiens à jeter un regard critique sur les 60 dernières années de notre histoire, 30 ans de duvalierisme et 31 années qui ont suivi. « Voir et identifier notre mal, ce mal c’est l’instabilité politique ». Clarens Renois et son parti ont récemment pris l’initiative d’inviter les anciens présidents de la République présents dans le pays à se mettre autour d’une table pour aborder ces problèmes.

« Je suis contre une rupture brutale. Il faut protéger une certaine stabilité et opérer les changements petit à petit. Il n’y a pas de rupture qui tienne dans ce pays, sinon il va exploser. Personne ne va accepter de tout céder à n’importe qui, à n’importe quel moment, a fait savoir l’ancien journaliste. Il faut par petites doses opérer les changements nécessaires, d’où le slogan de l’Unir, avec tous et pour tous. Il faut que le changement s’opère avec tout le monde et au profit de tous. Pas au profit d’un groupe contre un autre, ça on n’en a pas besoin dans notre société ».

On ne me suit pas parce que je n’ai pas d’argent

Interrogé sur le peu de déplacements et d’activités réalisés dans le cadre de sa campagne, le candidat ne s’est pas gêné. « On ne me suit pas parce que l’argent n’est pas là », a-t-il lancé, accusant le secteur privé qui préfère financer la campagne de ceux qui sont prêts à offrir des avantages ponctuels, sans prioriser une vision de développement à long terme pour le pays.

« Nous avons un secteur privé qui n’investit pas dans une vision d’Haïti. C’est-à-dire la projection d’une Haïti dans 20 à 30 ans. Ce qui intéresse les financiers, c’est le kou l cho l kuit. Vous avez gagné, rendez-moi ce que je vous ai donné au centuple, donnez-moi le monopole. Alors moi je porte une vision à long terme d’Haïti », a déclaré l’ancien journaliste.

Je ne suis ni Lavalas ni PHTK

Concernant son positionnement sur l’échiquier politique, le candidat affirme qu’il ne se retrouve dans aucune des grandes tendances politiques actuelles. Il est revenu sur l’épisode où le président Martelly lui avait offert à deux reprises un poste ministériel avant de refuser. « Je ne suis dans aucun camp, car tous, ils ont fait du mal au pays et ils doivent faire le mea culpa. Je ne suis ni dans le camp de Lavalas ni celui du PHTK. Je ne suis dans aucun camp. Je regarde un pays qui s’effondre. Les responsables de cette situation, ce sont les duvaliéristes, les makout, les lavalas et les tèt kale qui se sont succédé au pouvoir, qui ont pillé et fait toute sorte de dérives ».

« J’ai rencontré le président Martelly en face pendant une heure, ainsi que le Premier ministre Lamothe à deux reprises ; ils ont essayé de me convaincre à accepter un poste de ministre avec tous les avantages qu’ils ont fait tourner pour me montrer que c’est un poste intéressant, mais je ne l’ai pas accepté. J’ai des convictions profondes, des valeurs sur lesquelles je ne transige pas. Personne ne me fera transiger sur certaines valeurs, pas pour un poste politique ou de l’argent », a raconté l’ancien directeur de l’information de Radio Métropole.

J’ai peur qu’un dealer de drogue n’arrive à la présidence

Le candidat a dressé un triste portrait de la société d’aujourd’hui qu’il accuse d’accepter que n’importe qui peut briguer les postes de décision. « Peut-être pas encore au palais mais au Parlement on a plein de dealers de drogue et tout le monde les connaît. Mais la société s’accommode et personne ne dit rien. Et je crois que le risque prend beaucoup plus de terrain et un jour ça arrivera », a-t-il déploré.

« Je le dis parce que la société ne s’étonne plus de voir n’importe qui élu dans n’importe quelle position. Les gens encouragent les candidats à faire campagne avec n’importe quel type de financement. Même le Conseil électoral ne contrôle plus rien. Les candidats volent en hélicoptère et voyagent en bateau et dans des cortèges de véhicules interminables, personne ne leur pose de question », a dénoncé Clarens Renois.

Pour lui, la société haïtienne est en train de se perdre dans le silence complice de certains et dans le mépris d’autres pour ce pays. « Nous laissons nos institutions, nos familles, notre société gangrenées par les contre-modèles. Donc il nous faut un réveil choc pour dire non, allons renverser cette situation », a fait savoir celui qui a toujours pris position pour l’intégrité et les valeurs.

Louis-Joseph Olivier

ljolivier@lenouvelliste.com


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