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Top Adlerman à la conquête du Sénat

mardi 20 septembre 2016

Une Les artistes accrochent leur tenue de scène et se tournent vers la politique. Michel Martelly, Don Kato, Jacques Sauveur Jean, Gracia Delva ont déjà été élus. Sur leurs traces, Jean Adler Gaston, plus connu sous le nom de Top Adlerman, se lance dans la course électorale. Il a marre de dénoncer et d’agir dans l’ombre. Il veut changer des choses dit-il. Il veut changer les conditions de vie et étendre son aide vers plus de bénéficiaires. Comme tant d’autres, ce citoyen veut maximiser son engagement social et devenir sénateur de la République.

"Ils sont devenus fous ces artistes" ! Aurait crié Obélix en voyant le nombre d’artistes qui se ruent vers les postes politiques. Mais il y aura toujours une petite voix pour rappeler que cet engagement est tout à fait légitime, que c’est un droit dont dispose tout citoyen. Top Adlerman est un citoyen. Et engagé, précise-t-il. Il est un artiste qui a toujours été interpellé par la situation socio-politique de son pays. Lors de ses débuts officiels au sein de Original Rap Staff (ORS), ce groupe choyé par la jeunesse de l’époque, il a toujours chanté les méfaits sociaux, en témoigne ’’ Sakapfèt ? (bagaydwòl)’’ sorti en 1994, qu’il cite à l’appui.

Depuis ce morceau qui l’a rendu célèbre comme rappeur, jusqu’à des titres très appréciés sur ses albums personnels, c’est un homme aux grandes ambitions politiques que l’on reçoit en ce début de week-end en notre bureau à la rue du Centre. Au sein de l’équipe qui l’accompagne, Kenley, son fils aîné de 21 ans, répond aussi à l’appel. Il applaudit le nouvel objectif de son père : être élu sénateur de l’Ouest aux prochaines élections.

Les yeux fatigués, Jean Adler Gaston, fils d’une Jérémienne et d’un Port-au-princien, a fait pas mal de détours avant d’arriver jusqu’à nous. Il a dû passer des nuits éveillées. Entre campagne électorale et réunions internes, son nouvel emploi de temps est, semble-t-il, surchargé. C’est beaucoup plus coincé que celui d’un artiste en tournée. Il est fatigué, mais il débute l’interview d’une vive voix et forte. On se rappelle rapidement qu’il est de ces rares artistes qui peuvent passer les trois jours sur le parcours carnavalesque sans faiblir. Un artiste avec la hargne et la motivation de bien faire qui inspirerait bien de gens.

Mais, entre la politique et la musique, il y a un monde de différence. Les responsabilités, les décisions, les pouvoirs d’action ne sont pas les mêmes. L’expérience compte d’abord. D’ailleurs, quelques-unes des nouvelles figures politiques se sont même fait traiter de jeunot au Sénat, se rappelle-t-on. Top Adlerman n’a jamais été connu comme politicien. Mais l’artiste justifie son enthousiasme à briguer un poste législatif : « Dès que tu es haïtien, tu as deux capacités que peut-être tu n’as pas encore exploité. Tu es sportif (footballeur) et politicien. On fait tous de la politique à un certain niveau ici". Depuis deux ans renchérit-il, il est membre du parti Concorde. Avant ce parti, il suivait de près le parti Inité. Il s’est trouvé un mentor en la personne de Paul Denis.

À quarante et un ans, père de trois enfants, le mot ’’éducation’’ revient assez souvent dans ses propos. Les enfants de rue, le fonctionnement du système scolaire, l’engagement de l’Etat auprès de la jeunesse, ses propos sont fermes. L’artiste semble avoir appris avec grand intérêt les rôles et responsabilités du Sénat de la République. Il parle avec sincérité et véhémence. Il tient un beau discours, celui d’un candidat en campagne. Il se veut convaincant. Il est déjà fier du changement qu’il veut apporter.

Jean Adler Gaston prône l’inclusion. Un Parlement populaire. La participation de tous. L’accès à l’éducation et à la formation. Kenley, son fils, en est fier. Il fera cette année son entrée à la faculté pour des études en médecine. Entendre son père parler ainsi l’inspire. Il appelle ses camarades à soutenir la candidature de son paternel. Ce n’est pas la première fois qu’on le retrouve à soutenir son père ; plus jeune, il a même posé sa voix sur l’une des méringues personnelle de l’artiste.

Candidat au Sénat pour le département de l’Ouest, sous la bannière du parti Concorde, # 29, Jean Adler Gaston « Top Adlerman » a étudié le marketing à Hunter College, aux États-Unis. Danseur, rappeur, chanteur, il dit connaître les problèmes de la masse pour avoir grandi dans plusieurs quartiers de la capitale (Carrefour, Bel-Air, Delmas, Bizoton, Bolosse, Fouchard). Dans son parcours, il se faisait remarquer au sein d’un groupe de danseurs qui cherchait des défis à relever. C’est cette même envie de relever des défis qui le motive aujourd’hui.

Les problèmes sont nombreux et les solutions ne sont pas à l’ordre du jour. Le pouvoir change les gens, les candidats ont des discours pour charmer l’électorat. Les paroles de Top Adlerman sont du miel, il parle le langage populaire et promet de se tenir loin des politiciens véreux qui entacheront son univers s’il est élu : « Je connais les responsabilités qui me seront confiées. Il y a des problèmes dans le secteur éducatif. L’Etat ne facilite pas les familles. L’éducation, sous quelle que soit sa forme, est un problème pour tous. Et ces artistes ? Leurs œuvres sont utilisées à des fins commerciales sans leur accord. Ces promoteurs qui ne respectent pas leur contrat. Nous avons une riche culture . Les étrangers apprécient notre culture beaucoup plus que nous la chérissons. » Nous avons beaucoup de choses à défendre et à promouvoir selon le candidat au Sénat.

Que ce soit en featuring avec T-Vice, sur ses deux albums personnels ou sur ceux avec l’Original Rap Staff, Top Adlerman croit que son travail a commencé il y a fort longtemps. Sa voix est arrivée dans les oreilles des gens de milieux reculés. Le parcours qu’il a eu jusqu’ici, l’a rapproché des gens qui ont des besoins cruciaux. « Je sais ce que les gens vivent », lâche-t-il en mentionnant la misère qui sévit dans les ghettos. « Certains directeurs d’école me fuient à chaque rentrée des classes, ils savent que je vais leur demander au moins une demi-bourse pour des enfants qui viennent vers moi après les vacances. »

Le look n’est plus un problème. Les gens ont compris qu’ils doivent voter des gens qui leur ressemblent. Des gens qui comprennent leurs soupirs. Don Kato vient d’ouvrir une porte avec son élection avec ses dreadlocks. Les yeux du peuple se sont ouverts, il se donne le pouvoir. Cet énième artiste qui vise une place sur l’échiquier politique haïtien ne compte pas mettre de côté sa vie artistique. Il continuera à produire, à dénoncer et à proposer. « Nous avons besoin de changement, et le changement vient avec la volonté et j’ai la volonté de servir mon pays".

Top Adlerman se lance à la conquête d’un poste de sénateur de l’Ouest, il met un numéro 38833369 à la disposition de tous, il sollicite le vote de chaque citoyen, y compris celui de Junior Rigolo.

L’artiste candidat au Sénat tenu a partagé ce refrain avec les lecteurs de Ticket Refrain Move zanmi move fanmi, fèpeyindepafini Nanfènègkonfyansnoutonbepèdianpil chans Gad jan n tonbe andefayans Pa bòisitlèpokogenrecho,recho a se pou nou Lè fin genrecho,recho a se pou yo Lèpokogenchodyè, choyè a se pou nou Lè fin genchodyè, chodyè a se pou yo Lidè n yo, move zanmi, move fanmi, fèpeyindepafini

AUTEUR

Plésius Junior Louis

jplesius@ticketmag.com


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