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Obama a trahi Haïti, dénonce la communauté haïtiano-américaine

vendredi 23 septembre 2016

En réaction à l’annonce, le jeudi 22 septembre 2016, de la décision du Département de la Sécurité territoriale des États-Unis (DHS) de reprendre pleinement les expulsions d’immigrants haïtiens sans-papiers, l’association « Fanm Ayisyen nan Miyami » (FANM) a donné une conférence de presse ce jeudi, pour exprimer son mécontentement

« La communauté haïtiano-américaine et alliés sont outrés par l’annonce aujourd’hui, de la reprise tout à fait inappropriée des expulsions vers Haïti des personnes sans casier judiciaire », peut-on lire dans le communiqué annonçant cette conférence de presse. Pour l’association FANM, la déclaration du Secrétaire Jeh Johnson sur les conditions en Haïti qui s’étaient « suffisamment améliorées pour permettre au gouvernement américain de déporter les ressortissants haïtiens sur une base plus régulière », est tout à fait inexacte, non étayée par des faits économiques ou politiques, et va à l’encontre de l’épidémie du choléra en Haïti.

« Au contraire, c’est impossible pour Haïti de loger, de nourrir et de fournir un emploi à ces gens », proteste FANM dans le communiqué. La reprise des expulsions va maintenant ajouter aux problèmes d’Haïti et menace de déstabiliser encore plus la nation, qui est au milieu d’une crise politique ; ce qui est aussi mauvais pour la sécurité nationale des États-Unis. Haïti n’a pas totalement récupéré du tremblement de terre dévastateur de 2010 et il a été et reste dans la tourmente politique.

Après le tragique tremblement de terre qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010, explique le communiqué du DHS, l’Agence américaine de l’Immigration et des Douanes (U.S. Immigration and Customs Enforcement - ICE), avait temporairement cessé le processus de déportation de citoyens haïtiens. Depuis lors, poursuit le Secrétaire Johnson, de qui cette décision émane, la situation en Haïti s’est raisonnablement améliorée pour permettre au gouvernement américain de déporter les citoyens haïtiens sur une base plus régulière, en accord avec les pratiques en vigueur pour les ressortissants d’autres pays.

« Ce changement de politique ne pouvait tomber à un pire moment. Haïti est encore sous le choc du tremblement de terre, l’épidémie de choléra, et l’instabilité politique ; rien n’a changé sur le terrain ; c’est inhumain de reprendre les déportations maintenant, préjudiciable à la population et à la récupération d’Haïti, et c’est une tache sur l’administration Obama », a déclaré la directrice exécutive de FANM, Marleine Bastien.

« Ce changement de politique inhumain des États-Unis est rapporté comme une tentative de faire face à des conditions à la frontière de San Diego avec le Mexique, mais le remplacement de la libération conditionnelle humanitaire par une politique de reprise des expulsions non pénales est erroné », estime les responsables de FANM. Et, selon eux, le gouvernement haïtien, qui n’est pas en mesure de recevoir des déportés supplémentaires, pourrait bien refuser d’accepter des déportés non pénaux.

Selon la déclaration du secrétaire Johnson, cette décision du DHS priorise la déportation de criminels condamnés ou de ceux reconnus coupables de délits graves ou multiples, et d’individus appréhendés au niveau des ports d’entrée au moment où ils essaient de rentrer illégalement aux États-Unis d’Amérique. « Les citoyens haïtiens qui sont actuellement couverts par le Statut de Protection Temporaire (Temporary Protected Status - TPS) ne sont pas affectés par ce changement. Spécialement, ces citoyens haïtiens résidant aux États-Unis de manière continue depuis le 12 janvier 2011, et qui ont actuellement le TPS peuvent demeurer aux États-Unis et ne sont pas concernés. Ceux-là qui ont bénéficié du TPS restent également éligibles pour une autorisation d’emploi. Le TPS a été prolongé jusqu’au 22 juillet 2017 pour les citoyens haïtiens », explique ce communiqué que l’ambassade américaine a acheminé à la rédaction.

« C’est inconcevable ce que l’administration [américaine] est en train de faire maintenant, en particulier en continuant d’accorder un traitement préférentiel aux Cubains qui continuent d’arriver. La situation en Haïti est aujourd’hui, à bien des égards, pire qu’à Cuba », a déclaré Cheryl Little, directeur exécutif des Américains pour la justice des immigrants.

Alors que le DHS et le Département d’État annoncent qu’ils travaillent avec le gouvernement haïtien et d’autres partenaires clés pour reprendre les déportations de manière humaine et dans la plus grande conformité possible. FANM, de son côté, appelle l’administration Obama à inverser ce dangereux, déstabilisant et inhumain revirement politique et à stopper tous les renvois vers Haïti.

AUTEUR

Patrick Saint-Pré

sppatrick@lenouvelliste.com


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