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A Washington, on se presse pour élire la « première femme présidente »

lundi 7 novembre 2016

Le vote anticipé se terminait vendredi soir dans la capitale américaine, où les démocrates sont en terrain conquis. On y a quand même croisé des républicains, et même des libertariens danois.

La queue démarre sur Pennyslvania Avenue, se poursuit sur la 4e rue, puis sur la rue E et tourne encore dans la 3e rue. A cinq minutes de la fermeture de ce bureau de vote situé en plein cœur de Washington D.C., il faut remonter une file de 300 mètres de long pour pouvoir faire son devoir de citoyen. « A partir d’ici, c’est 45 minutes », lance une bénévole à la hauteur du premier tiers de la file, avant de rassurer l’assemblée : « Tous ceux qui sont dans la queue avant 19 heures pourront voter, même si ça doit nous mener jusqu’à minuit ».

« 45 minutes ? Ça fait déjà une heure qu’on est là… » Catherine, visiblement fatiguée, se résigne. Comme tous les autres, elle est venue pour le « early vote », le vote anticipé, parce qu’elle ne pourra pas se déplacer mardi prochain, le jour officiel de l’élection présidentielle américaine. Cette procédure, permise par une trentaine d’Etats (sur cinquante) en sus de la capitale, a permis à de très nombreux électeurs de déjà se prononcer entre Donald Trump et Hillary Clinton.

En Floride, où le vote par courrier est également possible, près d’un électeur sur trois a déjà fait son choix. Mais le scrutin y est crucial : 29 grands électeurs sont en jeu (sur 538) et Trump et Clinton sont donnés au coude-à-coude. A Washington D.C., c’est à peu près l’inverse : il n’y a que trois grands électeurs en jeu, et ils sont promis à la candidate démocrate, vu que la capitale américaine n’a jamais voté autre chose depuis cinquante ans et qu’elle avait choisi Obama à 91% voilà quatre ans.
« On ne sait jamais ! C’est pour ça qu’on est là, pour être sûr du résultat », s’amuse Carmen Perez, une jeune employée du gouvernement fédéral (comme bon nombre d’habitants de la capitale), qui sort tout juste du bureau de vote. « Tout le monde n’est pas forcément démocrate… », rappelle Scott Martin, qui s’apprête lui à y entrer, avec son amie Mary Palmer. Pour le coup, c’est pour une défaite annoncée qu’il s’est déplacé. « C’est notre devoir d’être ici », balaie-t-il.

Des référendums, une femme présidente et des Danois

Surtout, voter ne se résume pas à choisir entre Trump et Clinton. Aux Etats-Unis, l’election day est l’occasion de voter pour le président du pays, mais aussi son représentant (l’équivalent du député), son sénateur, les membres du gouvernement local, et de donner son avis sur des questions de politique locale… Bref, on trouve toujours une bonne raison pour se déplacer au vote anticipé en cas d’absence le jour J, qui est toujours un mardi, donc un jour de travail où se libérer ne va pas de soi. Assez marginal dans les années 1990, l’early vote ne cesse de progresser depuis le scrutin de l’an 2000, qui avait vu George W. Bush devancer d’un rien Al Gore. En 2008 et 2012, environ 30% des votes enregistrés l’avaient été de façon anticipée.

A Washington, pas de sénateur ni de représentant à élire : le District de Columbia (c’est à cela que correspondent les initiales D.C.) n’est pas un Etat, et n’a donc pas d’élus dans les deux chambres nationales. Du coup, l’un des référendums porte sur la transformation du district en un 51e Etat, pour que cette situation change, mais cela devrait a priori rester un vœu pieux.

A l’intérieur du bureau de vote, on attend encore, assis cette fois. Après avoir fait la queue près d’une heure et demie, Celia Healy pousse une demi-heure de plus sur sa chaise, dans l’attente de pouvoir voter, son dossier d’inscription sur les listes électorales dans les mains. « Je viens du Tennessee, mais je suis étudiante en économie ici, à l’American University, raconte la jeune femme de 21 ans. Or pour un premier vote dans le Tennessee, on ne peut pas faire de procuration, il faut voter en personne. Du coup, je veux voter ici, mais j’avais peur de ne pas pouvoir, donc je suis venue dès aujourd’hui, sans attendre mardi. » « Vous en avez encore pour trois heures à rester assis ici », lance alors Alice Miller, la directrice du bureau de vote. En fait, c’était une blague. « Mais là, je ne suis plus trop d’humeur », s’agace Celia, ce qui fait marrer sa voisine, Lizzie Rupp, avec qui elle a sympathisé dans la queue. « Les démocrates vont forcément gagner ? Peut-être. Mais je veux voter pour la première femme à devenir présidente. » A Washington DC, quasiment tout le monde semble penser comme elle.

Dehors, cinq jeunes hommes brandissent des pancartes à la gloire du candidat libertarien, Gary Johnson, le troisième homme de cette élection derrière Trump et Clinton. Renseignement pris, ils sont Danois, viennent d’arriver à Washington et repartent mercredi. Mais cela fait longtemps que plus rien ne nous étonne dans cette campagne américaine.


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