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Donald Trump, inattendu 45e président américain

mercredi 9 novembre 2016

Donald Trump, tout juste élu président des Etats-Unis, s’est engagé mercredi lors de son discours de victoire à être "le président de tous les Américains", sur un ton apaisé et rassembleur au terme d’une campagne très acrimonieuse qui l’a opposé à Hillary Clinton.


"Je viens de recevoir un appel de la secrétaire d’Etat Clinton. Elle nous a félicités (...) Et je l’ai félicitée, elle et sa famille, pour cette campagne très très durement disputée", a-t-il déclaré en ouverture de ce discours à New York.
"Hillary a travaillé très longtemps et très durement", a-t-il poursuivi, affirmant que les Etats-Unis étaient "redevables" envers Mme Clinton pour ses services.
"L’heure est venue pour l’Amérique de panser les plaies de la division", a-t-il dit.
Le nouveau chef d’Etat de la première puissance mondiale s’est aussi voulu rassurant à l’égard des autres pays.
"Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s’entendre avec nous", a-t-il déclaré.
"Nous traiterons équitablement avec tout le monde, toutes les personnes et tous les pays", a insisté le milliardaire dénué de toute expérience politique, dont l’élection a plongé les Etats-Unis et le monde dans l’incertitude.

La victoire de Trump, gifle pour Obama

L’électrochoc de la victoire de Donald Trump est un cruel camouflet pour Barack Obama, élu il y a huit ans à la Maison Blanche sur message d’espoir et la promesse d’un pays réconcilié.
Politiquement, la défaite d’Hillary Clinton est bien sûr un revers pour le président démocrate tant il était monté en première ligne pour son ancienne secrétaire d’Etat, sillonnant l’Amérique, mettant son charisme au service d’une candidate qui en manquait cruellement.
Mais au-delà de l’affrontement classique entre les deux grands partis américains, le succès du milliardaire populiste de 70 ans est douloureux pour Barack Obama.
Comme si ce président intellectuel, calme et raisonné, qui revendiquait sans détour une forme d’optimisme et appelait à ne jamais céder aux sirènes du cynisme, avait mal lu une partie de l’Amérique, ses réflexes, ses peurs, ses angoisses.
Comme s’il n’avait pas su prendre la température de cette "autre Amérique", celle notamment des blancs laissés sur le bord de la route, effrayés par le tourbillon de la mondialisation et d’une société qui évolue trop vite pour eux.
A court terme, le président démocrate, qui achève sa présidence avec un popularité au zénith, peut légitimement s’interroger sur ce qui restera de son bilan après un mandat Trump.
Ce dernier a promis haut et fort de supprimer ou détricoter la plupart de ses réformes ou avancées emblématiques : la réforme de l’assurance santé (Obamacare), la lutte contre le changement climatique (Trump a promis d’"annuler" l’accord de Paris conclu fin 2015), l’accord de libre-échange Asie-Pacifique...
Le 44e président des Etats-Unis l’avait dit sur tous les tons, avec une virulence qu’on ne lui connaissait pas : le magnat de l’immobilier était à ses yeux un danger pour la démocratie.
"Nous ne pouvons nous permettre d’élire ce type ! Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible !" : son cri du coeur à Las Vegas, quelques jours avant le scrutin, résumait ses sentiments.

Trump, le président qui a capté la colère d’une partie des Américains

Quand Donald Trump avait annoncé sa candidature à la présidence américaine le 16 juin 2015, descendant avec sa femme Melania l’escalier roulant de la Trump Tower à New York, il était probablement seul à y croire.
Dix-sept mois plus tard, le milliardaire républicain de 70 ans, qui n’a jamais occupé de mandat électif, a été élu mardi 45e président de la première puissance mondiale, porté au pouvoir par la colère d’une partie de l’électorat : des Américains se sentant laissés-pour-compte, trahis par les élites, inquiets de la mondialisation et d’accords commerciaux internationaux qu’ils voient comme une menace à leurs emplois.
Donald Trump avait promis lundi dans ses derniers meetings de campagne un "Brexit puissance trois", référence au vote surprise des britannique pour une sortie de l’Union européenne.
Il a tenu parole. Et faisant mentir des sondages qui tous donnaient gagnante son adversaire Hillary Clinton, une majorité des Américains ont décidé de lui donner une chance, même si les deux-tiers pensent que le milliardaire de l’immobilier n’a pas le tempérament pour occuper la Maison Blanche.
Les médias américains, au départ, s’étaient amusés de ce formidable bateleur au franc-parler décapant, ancien animateur d’une émission de télé-réalité célèbre aux Etats-Unis, "The Apprentice".
Trump avait déjà caressé quelques années plus tôt l’ambition de se lancer dans la course à la Maison Blanche, sans la concrétiser.
Dans son discours de candidature en juin, Trump avait dressé un portrait très noir des Etats-Unis dans le monde, en train selon lui de devenir "un pays du tiers monde". Il avait dénoncé des politiciens "qui parlent mais ne font rien".
Il avait promis d’être "le plus grand président des emplois que Dieu ait jamais créé", promis de construire un mur à la frontière mexicaine pour lutter contre l’immigration clandestine, accusé le Mexique d’envoyer aux Etats-Unis ses "criminels, trafiquants de drogue, violeurs".
Le discours semblait simpliste, excessif, mais tout y était. Et il a porté.
Pendant les semaines qui suivent, sur les chaînes de télévision, Trump assure le spectacle, se positionne comme le candidat du changement contre la corruption des élites.

Malaise profond

Les gens s’amusent, s’indignent, mais il a touché à un malaise profond dans l’Amérique blanche modeste que beaucoup ne voulaient ou ne pouvaient pas voir.
Seize autre républicains sont candidats aux primaires présidentielles, dont Jeb Bush, fils et frère de président, ancien gouverneur de Floride, qui a derrière lui le parti et d’importants soutiens financiers.
Donald Trump n’en fera qu’une bouchée.
Il le ridiculise, l’appelle "basse énergie". Il affuble ses autres adversaires de surnoms ridicules comme "petit Marco" pour le sénateur de Floride au visage poupin Marco Rubio. Se moque du physique de la seule femme candidate, Carly Fiorina.
Le parti républicain essaie en vain de le tempérer.
Trump cogne, avec des déclarations choc, anti-immigration, anti-libre échange, promet de "rendre à l’Amérique sa grandeur".
Il a des solutions simples à tous les problèmes complexes, promet de détruire l’organisation jihadiste Etat islamique. Il fait l’éloge du président russe Vladimir Poutine.
Les foules, très majoritairement blanches, se pressent à ses meetings, répétant avec jubilation ses slogans et lui pardonnant tous ses excès. Elles aiment ce ton nouveau, politiquement incorrect, miroir de leurs frustrations et inquiétudes.

Anti-élites

Le milliardaire, qui avait invité les Clinton à son troisième mariage et jouait parfois au golf avec Bill Clinton, a endossé pour ces Américains inquiets l’habit de l’outsider anti-élites.
Le trop plein de candidatures aux primaires lui permet de gagner l’investiture du parti républicain.
Les anciens présidents George Bush père et George W. Bush, ainsi que l’ancien candidat à la présidence Mitt Romney, refusent de participer à la convention républicaine où il sera investi en juillet candidat du parti.
Le gouverneur de l’Etat de l’Ohio où elle se tient, John Kasich, ancien candidat aux primaires, n’y vient pas non plus.
La hiérarchie du parti, de plus en plus, tord le nez. Mais elle n’arrive pas à stopper la tornade Trump, qui finance au départ lui-même sa campagne.
Sur Twitter, Donald Trump n’hésite pas à dire ce qu’il pense sans aucun filtre.
Dans les trois débats présidentiels, face à la démocrate Hillary Clinton qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts, il apparaît mal préparé, avec une connaissance approximative des dossiers.
Trois fois, la presse, qu’il accuse jour après jour d’être biaisée, le donne perdant.
Le premier débat bat tous les records d’audience avec 84 millions de personnes.
Sa campagne a été émaillée de crises et attaques en tout genre de sa part, contre un juge latino, contre le père musulman d’un soldat mort en Irak, contre son adversaire démocrate surnommée "Hillary la crapule".
Il a changé plusieurs fois son équipe de campagne.

Donné mort plusieurs fois

La presse l’a plusieurs fois donné mort, notamment après la publication en octobre d’un enregistrement des années 80, où il se vantait, en tant que star, de pouvoir faire n’importe quoi aux femmes.
"Nous allons finalement fermer le livre d’histoire sur les Clinton et leurs mensonges, machinations et corruption", avait promis lundi Donald Trump.
Face à son discours, et la colère qu’il captée, l’expérience d’Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’Etat, ancienne sénatrice de New York et ancienne First Lady n’a pas fait le poids.

Donald Trump élu à la Maison Blanche, onde de choc dans le monde

Le républicain populiste Donald Trump, 70 ans, a remporté l’élection présidentielle américaine, un séisme politique qui plonge les Etats-Unis et le monde dans une incertitude vertigineuse.
"L’heure est venue pour l’Amérique de panser les plaies de la division", a déclaré l’homme d’affaires à l’issue d’une campagne extrêmement agressive dans un discours de victoire au ton conciliant.
Les marchés avaient dévissé avant même l’annonce de sa victoire, scellée mercredi à l’issue d’une soirée électorale déjouant tous les sondages.
Huit ans après l’élection de Barack Obama, premier président noir qui avait suscité une immense vague d’espoir, Donald Trump, taxé de sexisme et de xénophobie par ses adversaires, l’a emporté sur la démocrate Hillary Clinton qui espérait devenir la première femme présidente de l’histoire.
Le septuagénaire, dont le programme de politique étrangère suscite de très nombreuses interrogations, s’est par ailleurs engagé à entretenir de bonnes relations avec les autres pays.
"Nous avons un bon programme économique", a ajouté celui qui avait fait campagne comme l’outsider déterminé à mettre fin à la corruption des élites politiques. "Nous allons de nouveau rêver de grandes choses pour notre pays".
"Nous allons nous mettre au travail immédiatement pour le peuple américain", a-t-il conclu.
Ce milliardaire imprévisible, que personne n’avait vu venir, avait annoncé lundi un "Brexit puissance trois", référence au vote surprise des Britanniques pour sortir de l’Union européenne.
Il a durant toute sa campagne galvanisé un électorat blanc modeste se sentant laissé pour compte face à la mondialisation et aux changements démographiques, auquel il décrivait un avenir sombre pour les Etats-Unis.
Sa victoire choc intervient à l’issue de 18 mois d’une campagne électorale qui a profondément divisé les Etats-Unis et stupéfié le monde par ses outrances et sa violence.

Colère et frustration

Plus de 60% des Américains pensaient que Donald Trump n’avait pas le caractère pour devenir président. Mais il a réussi à capter la colère et les frustrations d’une partie de l’électorat.
Hillary Clinton a reconnu sa défaite dans un appel téléphonique à son rival.
Elle ne s’exprimera cependant pas, comme prévu, devant ses milliers de supporteurs réunis dans un centre de conférences au toit de verre, le Javits Convention Center.
La possibilité d’une présidence Trump a violemment secoué les marchés. Le dollar a chuté alors que les investisseurs se précipitaient sur les valeurs refuges comme l’or et les marchés obligataires.
L’homme d’affaires milliardaire, en qui personne ne croyait lorsqu’il a lancé sa candidature en juin 2015, n’a jamais occupé le moindre mandat électif.
Sans attendre la confirmation de sa victoire, la présidente du Front national (extrême droite française) Marine Le Pen a adressé mercredi matin sur Twitter ses "félicitations au nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre".
"J’y ai toujours cru. Je pense que Donald Trump est un type très intelligent", jubilait Brendon Pena, 22 ans, supporteur de Trump, dans l’hôtel new-yorkais où l’équipe de campagne du milliardaire avait organisé "une fête de victoire".
- ’Le pays veut du changement’ -
"C’est incroyable !", soulignait de son côté Glenn Ruti, 54 ans. "Le pays veut du changement".
Et au fil des résultats, les mines s’étaient, à l’inverse, allongées à l’intérieur de la soirée électorale d’Hillary Clinton.
Certains supporteurs choqués, venus parfois de très loin, sont repartis en pleurant sans attendre le résultat final.
"C’est tout simplement incroyable", se désolait Anabel Evora, 51 ans. "Je prie et je ne suis pas croyante... Nous avons besoin d’un miracle. Je suis triste, je sens que je vais pleurer".
Mme Clinton a regardé les résultats dans un hôtel de New York avec son mari Bill Clinton et leur fille Chelsea, accompagnée de son mari et de leur deux enfants.
Plus de 200 millions d’Américains étaient appelés aux urnes mardi pour choisir le successeur de Barack Obama, extrêmement populaire, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier après huit années au pouvoir.
Sa première élection, en 2008, avait nourri l’espoir d’un pays plus uni. La campagne 2016 l’a profondément divisé.
Hillary Clinton comptait pour l’emporter sur les minorités, les jeunes, les électeurs blancs diplômés et sur les femmes qui constituent la majorité de l’électorat (environ 52% lors des précédentes présidentielles).
Celle qui a été tour à tour Première dame, sénatrice de New York puis chef de la diplomatie américaine, présentait un CV impressionnant, mais sa personnalité suscite peu d’enthousiasme.
"J’espère qu’il y a plus d’Américains sains d’esprit que fous", y disait Sharon Jones, 50 ans, venue de Chicago, avant le résultat final. Et si Donald Trump l’emportait mardi soir ? "Il paraît que le Canada c’est très beau au printemps", plaisantait-elle, évoquant avant les résultats la possibilité de quitter le pays.
La campagne, particulièrement violente, faite souvent d’attaques personnelles, a laissé un goût amer et a accru la méfiance des Américains envers leur classe politique.
Les Américains ont aussi voté mardi pour renouveler 34 des 100 sièges du Sénat à Washington et la totalité de la Chambre des représentants, dont les républicains ont conservé la majorité mardi.
Douze des 50 Etats américains élisaient aussi de nouveaux gouverneurs, et des dizaines de référendums locaux étaient organisés.
La Californie est ainsi devenue le cinquième Etat américain à légaliser la marijuana à usage récréatif.

Donald Trump, tout juste élu président des Etats-Unis, s’est engagé mercredi lors de son discours de victoire à être "le président de tous les Américains", sur un ton apaisé et rassembleur au terme d’une campagne très acrimonieuse qui l’a opposé à Hillary Clinton.
"Je viens de recevoir un appel de la secrétaire d’Etat Clinton. Elle nous a félicités (...) Et je l’ai félicitée, elle et sa famille, pour cette campagne très très durement disputée", a-t-il déclaré en ouverture de ce discours à New York.
"Hillary a travaillé très longtemps et très durement", a-t-il poursuivi, affirmant que les Etats-Unis étaient "redevables" envers Mme Clinton pour ses services.
"L’heure est venue pour l’Amérique de panser les plaies de la division", a-t-il dit.
Le nouveau chef d’Etat de la première puissance mondiale s’est aussi voulu rassurant à l’égard des autres pays.
"Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s’entendre avec nous", a-t-il déclaré.
"Nous traiterons équitablement avec tout le monde, toutes les personnes et tous les pays", a insisté le milliardaire dénué de toute expérience politique, dont l’élection a plongé les Etats-Unis et le monde dans l’incertitude.

La victoire de Trump, gifle pour Obama

L’électrochoc de la victoire de Donald Trump est un cruel camouflet pour Barack Obama, élu il y a huit ans à la Maison Blanche sur message d’espoir et la promesse d’un pays réconcilié.
Politiquement, la défaite d’Hillary Clinton est bien sûr un revers pour le président démocrate tant il était monté en première ligne pour son ancienne secrétaire d’Etat, sillonnant l’Amérique, mettant son charisme au service d’une candidate qui en manquait cruellement.
Mais au-delà de l’affrontement classique entre les deux grands partis américains, le succès du milliardaire populiste de 70 ans est douloureux pour Barack Obama.
Comme si ce président intellectuel, calme et raisonné, qui revendiquait sans détour une forme d’optimisme et appelait à ne jamais céder aux sirènes du cynisme, avait mal lu une partie de l’Amérique, ses réflexes, ses peurs, ses angoisses.
Comme s’il n’avait pas su prendre la température de cette "autre Amérique", celle notamment des blancs laissés sur le bord de la route, effrayés par le tourbillon de la mondialisation et d’une société qui évolue trop vite pour eux.
A court terme, le président démocrate, qui achève sa présidence avec un popularité au zénith, peut légitimement s’interroger sur ce qui restera de son bilan après un mandat Trump.
Ce dernier a promis haut et fort de supprimer ou détricoter la plupart de ses réformes ou avancées emblématiques : la réforme de l’assurance santé (Obamacare), la lutte contre le changement climatique (Trump a promis d’"annuler" l’accord de Paris conclu fin 2015), l’accord de libre-échange Asie-Pacifique...
Le 44e président des Etats-Unis l’avait dit sur tous les tons, avec une virulence qu’on ne lui connaissait pas : le magnat de l’immobilier était à ses yeux un danger pour la démocratie.
"Nous ne pouvons nous permettre d’élire ce type ! Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible !" : son cri du coeur à Las Vegas, quelques jours avant le scrutin, résumait ses sentiments.

Trump, le président qui a capté la colère d’une partie des Américains

Quand Donald Trump avait annoncé sa candidature à la présidence américaine le 16 juin 2015, descendant avec sa femme Melania l’escalier roulant de la Trump Tower à New York, il était probablement seul à y croire.
Dix-sept mois plus tard, le milliardaire républicain de 70 ans, qui n’a jamais occupé de mandat électif, a été élu mardi 45e président de la première puissance mondiale, porté au pouvoir par la colère d’une partie de l’électorat : des Américains se sentant laissés-pour-compte, trahis par les élites, inquiets de la mondialisation et d’accords commerciaux internationaux qu’ils voient comme une menace à leurs emplois.
Donald Trump avait promis lundi dans ses derniers meetings de campagne un "Brexit puissance trois", référence au vote surprise des britannique pour une sortie de l’Union européenne.
Il a tenu parole. Et faisant mentir des sondages qui tous donnaient gagnante son adversaire Hillary Clinton, une majorité des Américains ont décidé de lui donner une chance, même si les deux-tiers pensent que le milliardaire de l’immobilier n’a pas le tempérament pour occuper la Maison Blanche.
Les médias américains, au départ, s’étaient amusés de ce formidable bateleur au franc-parler décapant, ancien animateur d’une émission de télé-réalité célèbre aux Etats-Unis, "The Apprentice".
Trump avait déjà caressé quelques années plus tôt l’ambition de se lancer dans la course à la Maison Blanche, sans la concrétiser.
Dans son discours de candidature en juin, Trump avait dressé un portrait très noir des Etats-Unis dans le monde, en train selon lui de devenir "un pays du tiers monde". Il avait dénoncé des politiciens "qui parlent mais ne font rien".
Il avait promis d’être "le plus grand président des emplois que Dieu ait jamais créé", promis de construire un mur à la frontière mexicaine pour lutter contre l’immigration clandestine, accusé le Mexique d’envoyer aux Etats-Unis ses "criminels, trafiquants de drogue, violeurs".
Le discours semblait simpliste, excessif, mais tout y était. Et il a porté.
Pendant les semaines qui suivent, sur les chaînes de télévision, Trump assure le spectacle, se positionne comme le candidat du changement contre la corruption des élites.

Malaise profond

Les gens s’amusent, s’indignent, mais il a touché à un malaise profond dans l’Amérique blanche modeste que beaucoup ne voulaient ou ne pouvaient pas voir.
Seize autre républicains sont candidats aux primaires présidentielles, dont Jeb Bush, fils et frère de président, ancien gouverneur de Floride, qui a derrière lui le parti et d’importants soutiens financiers.
Donald Trump n’en fera qu’une bouchée.
Il le ridiculise, l’appelle "basse énergie". Il affuble ses autres adversaires de surnoms ridicules comme "petit Marco" pour le sénateur de Floride au visage poupin Marco Rubio. Se moque du physique de la seule femme candidate, Carly Fiorina.
Le parti républicain essaie en vain de le tempérer.
Trump cogne, avec des déclarations choc, anti-immigration, anti-libre échange, promet de "rendre à l’Amérique sa grandeur".
Il a des solutions simples à tous les problèmes complexes, promet de détruire l’organisation jihadiste Etat islamique. Il fait l’éloge du président russe Vladimir Poutine.
Les foules, très majoritairement blanches, se pressent à ses meetings, répétant avec jubilation ses slogans et lui pardonnant tous ses excès. Elles aiment ce ton nouveau, politiquement incorrect, miroir de leurs frustrations et inquiétudes.

Anti-élites

Le milliardaire, qui avait invité les Clinton à son troisième mariage et jouait parfois au golf avec Bill Clinton, a endossé pour ces Américains inquiets l’habit de l’outsider anti-élites.
Le trop plein de candidatures aux primaires lui permet de gagner l’investiture du parti républicain.
Les anciens présidents George Bush père et George W. Bush, ainsi que l’ancien candidat à la présidence Mitt Romney, refusent de participer à la convention républicaine où il sera investi en juillet candidat du parti.
Le gouverneur de l’Etat de l’Ohio où elle se tient, John Kasich, ancien candidat aux primaires, n’y vient pas non plus.
La hiérarchie du parti, de plus en plus, tord le nez. Mais elle n’arrive pas à stopper la tornade Trump, qui finance au départ lui-même sa campagne.
Sur Twitter, Donald Trump n’hésite pas à dire ce qu’il pense sans aucun filtre.
Dans les trois débats présidentiels, face à la démocrate Hillary Clinton qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts, il apparaît mal préparé, avec une connaissance approximative des dossiers.
Trois fois, la presse, qu’il accuse jour après jour d’être biaisée, le donne perdant.
Le premier débat bat tous les records d’audience avec 84 millions de personnes.
Sa campagne a été émaillée de crises et attaques en tout genre de sa part, contre un juge latino, contre le père musulman d’un soldat mort en Irak, contre son adversaire démocrate surnommée "Hillary la crapule".
Il a changé plusieurs fois son équipe de campagne.

Donné mort plusieurs fois

La presse l’a plusieurs fois donné mort, notamment après la publication en octobre d’un enregistrement des années 80, où il se vantait, en tant que star, de pouvoir faire n’importe quoi aux femmes.
"Nous allons finalement fermer le livre d’histoire sur les Clinton et leurs mensonges, machinations et corruption", avait promis lundi Donald Trump.
Face à son discours, et la colère qu’il captée, l’expérience d’Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’Etat, ancienne sénatrice de New York et ancienne First Lady n’a pas fait le poids.

Donald Trump élu à la Maison Blanche, onde de choc dans le monde

Le républicain populiste Donald Trump, 70 ans, a remporté l’élection présidentielle américaine, un séisme politique qui plonge les Etats-Unis et le monde dans une incertitude vertigineuse.
"L’heure est venue pour l’Amérique de panser les plaies de la division", a déclaré l’homme d’affaires à l’issue d’une campagne extrêmement agressive dans un discours de victoire au ton conciliant.
Les marchés avaient dévissé avant même l’annonce de sa victoire, scellée mercredi à l’issue d’une soirée électorale déjouant tous les sondages.
Huit ans après l’élection de Barack Obama, premier président noir qui avait suscité une immense vague d’espoir, Donald Trump, taxé de sexisme et de xénophobie par ses adversaires, l’a emporté sur la démocrate Hillary Clinton qui espérait devenir la première femme présidente de l’histoire.
Le septuagénaire, dont le programme de politique étrangère suscite de très nombreuses interrogations, s’est par ailleurs engagé à entretenir de bonnes relations avec les autres pays.
"Nous avons un bon programme économique", a ajouté celui qui avait fait campagne comme l’outsider déterminé à mettre fin à la corruption des élites politiques. "Nous allons de nouveau rêver de grandes choses pour notre pays".
"Nous allons nous mettre au travail immédiatement pour le peuple américain", a-t-il conclu.
Ce milliardaire imprévisible, que personne n’avait vu venir, avait annoncé lundi un "Brexit puissance trois", référence au vote surprise des Britanniques pour sortir de l’Union européenne.
Il a durant toute sa campagne galvanisé un électorat blanc modeste se sentant laissé pour compte face à la mondialisation et aux changements démographiques, auquel il décrivait un avenir sombre pour les Etats-Unis.
Sa victoire choc intervient à l’issue de 18 mois d’une campagne électorale qui a profondément divisé les Etats-Unis et stupéfié le monde par ses outrances et sa violence.

Colère et frustration

Plus de 60% des Américains pensaient que Donald Trump n’avait pas le caractère pour devenir président. Mais il a réussi à capter la colère et les frustrations d’une partie de l’électorat.
Hillary Clinton a reconnu sa défaite dans un appel téléphonique à son rival.
Elle ne s’exprimera cependant pas, comme prévu, devant ses milliers de supporteurs réunis dans un centre de conférences au toit de verre, le Javits Convention Center.
La possibilité d’une présidence Trump a violemment secoué les marchés. Le dollar a chuté alors que les investisseurs se précipitaient sur les valeurs refuges comme l’or et les marchés obligataires.
L’homme d’affaires milliardaire, en qui personne ne croyait lorsqu’il a lancé sa candidature en juin 2015, n’a jamais occupé le moindre mandat électif.
Sans attendre la confirmation de sa victoire, la présidente du Front national (extrême droite française) Marine Le Pen a adressé mercredi matin sur Twitter ses "félicitations au nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre".
"J’y ai toujours cru. Je pense que Donald Trump est un type très intelligent", jubilait Brendon Pena, 22 ans, supporteur de Trump, dans l’hôtel new-yorkais où l’équipe de campagne du milliardaire avait organisé "une fête de victoire".
- ’Le pays veut du changement’ -
"C’est incroyable !", soulignait de son côté Glenn Ruti, 54 ans. "Le pays veut du changement".
Et au fil des résultats, les mines s’étaient, à l’inverse, allongées à l’intérieur de la soirée électorale d’Hillary Clinton.
Certains supporteurs choqués, venus parfois de très loin, sont repartis en pleurant sans attendre le résultat final.
"C’est tout simplement incroyable", se désolait Anabel Evora, 51 ans. "Je prie et je ne suis pas croyante... Nous avons besoin d’un miracle. Je suis triste, je sens que je vais pleurer".
Mme Clinton a regardé les résultats dans un hôtel de New York avec son mari Bill Clinton et leur fille Chelsea, accompagnée de son mari et de leur deux enfants.
Plus de 200 millions d’Américains étaient appelés aux urnes mardi pour choisir le successeur de Barack Obama, extrêmement populaire, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier après huit années au pouvoir.
Sa première élection, en 2008, avait nourri l’espoir d’un pays plus uni. La campagne 2016 l’a profondément divisé.
Hillary Clinton comptait pour l’emporter sur les minorités, les jeunes, les électeurs blancs diplômés et sur les femmes qui constituent la majorité de l’électorat (environ 52% lors des précédentes présidentielles).
Celle qui a été tour à tour Première dame, sénatrice de New York puis chef de la diplomatie américaine, présentait un CV impressionnant, mais sa personnalité suscite peu d’enthousiasme.
"J’espère qu’il y a plus d’Américains sains d’esprit que fous", y disait Sharon Jones, 50 ans, venue de Chicago, avant le résultat final. Et si Donald Trump l’emportait mardi soir ? "Il paraît que le Canada c’est très beau au printemps", plaisantait-elle, évoquant avant les résultats la possibilité de quitter le pays.
La campagne, particulièrement violente, faite souvent d’attaques personnelles, a laissé un goût amer et a accru la méfiance des Américains envers leur classe politique.
Les Américains ont aussi voté mardi pour renouveler 34 des 100 sièges du Sénat à Washington et la totalité de la Chambre des représentants, dont les républicains ont conservé la majorité mardi.
Douze des 50 Etats américains élisaient aussi de nouveaux gouverneurs, et des dizaines de référendums locaux étaient organisés.
La Californie est ainsi devenue le cinquième Etat américain à légaliser la marijuana à usage récréatif.


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