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La belle époque, le 6e album de Kapi

vendredi 25 novembre 2016

UNE
Depuis 10 ans, Yvon André, alias Kapi, percussionniste, pianiste et chanteur émérite du groupe Tabou Combo, enchaîne avec des albums de reprises de standard du répertoire haïtien, des Antilles et du reste du monde dans un projet baptisé « Afro Caribbean Project ». En décembre, il compte présenter « La belle époque », le sixième opus de la série. 9 chants dont un inédit provenant de son imagination figure sur le CD.

Yvon André, alias Kapi, est un percussionniste, un pianiste et chanteur qui a fait l’expérience du Tabou Combo, qui jusque-là se révèle le groupe konpa le plus abouti.

Depuis 2006, l’homme qui s’établit aux États-Unis, met en branle un projet qui s’intitule « Afro-Carribean Project ». Projet consistant en la sortie d’albums de reprises de standard du répertoire haïtien, antillais, voire du monde. À ce jour, cinq ont été mis en rayon au fur et à mesure. Cérémonie, Respect, Magic Haïti, Héritage, Mizik sou Brooklyn Bridge et le présent La belle époque.

« Le bien-fondé de ma démarche, c’est de permettre aux jeunes Haïtiens de découvrir les pionniers qui ont ouvert la voie à des musiciens de ma génération. Qui font qu’aujourd’hui encore, on récolte les fruits de ce qu’ils ont semé en leur temps », déclare le musicien qui observe un manque de connaissance du passé dans la génération actuelle.

« En France ou en Europe, quiconque peut reconnaître une composition de Mozart ou de Schubert. Chez nous peu de jeunes peuvent reconnaître d’emblée une musique de Lumane Casimir ou de Guy Durosier », regrette-t-il.
AfroCaribbean Project a donc pour mission de rendre hommage aux pionniers, de transférer leur savoir d’une génération à l’autre. Kapi souligne que l’autre finalité de l’exercice, c’est de donner une seconde vie à des morceaux vieux de plus 40 ou 50 ans. « Fort de mes expériences, je peux vous avouer qu’il n’est pas commode ni pratique de faire apprécier une composition de 1948 à un jeune qui aime de la Trap Music ou du Justin Bieber », explique-t-il. Par conséquent, pour rendre potable ses reprises à ce public-là, le percussionniste intègre de son aveu des sonorités modernes.
Ces mélanges aboutissent toujours, selon lui, parce qu’il sait comment le faire. Lui qui a appris la musique dans plusieurs écoles dont le Manhattan School of Music.

La belle époque comporte 9 compositions. Kapi y reprend « Kè mwen kontan », de Guy Durosier. Il y ajoute quelques phrases. La chanson parlant du bonheur en dépit des difficultés est adaptée à notre temps, selon lui, grâce à l’évocation de certaines difficultés contemporaines.

White Christmas, un classique de Noël anglo-saxon. « Je suis tombé amoureux de cette musique dès mon arrivée aux USA à l’âge de 19 ans. On le diffusait en boucle sur les radios à l’époque. Je revois encore les gens l’interpréter dans la rue tandis que la neige tombe », confie le lead principal de « La belle époque ».

Symphonie d’amour de Dalida, c’est une autre composition non haïtienne qui a marqué la jeunesse du musicien. Son amour pour le texte reste intact en dépit de plusieurs décennies passées depuis qu’il l’a découverte.
Ange ou démon est une composition inédite de l’artiste. C’est le seul morceau sur lequel deux autres voix collaborent. Il s’agit de celles d’Alain Fleurine et d’Esther Surpris. Les autres invités sur l’opus sont essentiellement des musiciens. Citons, entre autres, Tom Wolfe qui est un Américain et Déner Céïde…

Afro Caribean Project est en général promotionné dans la diaspora. Pour le sixième chapitre, on envisage de le faire également en Haïti. Cependant, grâce à « Omaj a fanm lakay », un texte qui figure sur l’un des albums précédents, il a été invité à deux fois pour l’interpréter dans le cadre de la Journée mondiale de la femme, le 8 mars. C’est Aly Acacia qui s’occupera de cette tâche, selon le chanteur.

Deux dates sont prévues pour la vente-signature aux USA. Le 17 décembre à Boca Raton et la veille de Noël à West Palm Beach. L’on prospecte pour l’heure pour une date à Port-au-Prince.

À l’intention des jeunes qui vont se procurer l’album, Yvon André leur avoue que le compas n’est pas le seul rythme haïtien à valoriser. « Il y a tant d’autres rythmes comme celui de Septent ou Tropicana qui sont tout aussi agréables », dit l’homme qui considère ces deux orchestres comme des exemples à suivre.

Un autre conseil du musicien qui s’adresse surtout aux artistes, c’est de s’inscrire à la Sacem, en attendant une structure du genre dans la HMI. « C’est, conclut-il, la seule façon de se protéger du plagiat et s’assurer une rentrée régulière provenant de l’usage de votre œuvre par un tiers. »

Chancy Victorin

chancyvictorin@ticketmag.com


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