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Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets ?

jeudi 1er décembre 2016

Les candidats à la présidence classés en 2e, 3e et 4e position, respectivement Jude Célestin, Moïse Jean-Charles et Maryse Narcisse, rejettent les résultats de la présidentielle du 20 novembre et annoncent qu’ils vont saisir le Bureau du contentieux électoral départemental conformément au décret électoral de 2015.

Cette décision de ces candidats malheureux à la présidentielle de cette année ne devrait étonner aucun observateur. Depuis le départ pour l’exil de Jean-Claude Duvalier en février 1986 jusqu’au scrutin du 20 novembre dernier, seule l’élection de Jean-Bertrand Aristide le 16 décembre 1990 n’a pas été contestée. Par excès ou par défaut, les hommes politiques haïtiens n’acceptent pas la défaite électorale. Avant l’introduction du recours aux organes contentieux en matière électorale dans le décret de 2005, les contestations soulevées à l’occasion des élections provoquent habituellement la crise politique, le coup d’Etat, l’insurrections, l’incendie, le pillage et la catastrophe.

Contrairement à la présidentielle de l’année dernière, où l’invasion des mandataires et la présence en nombre imposant des observateurs nationaux dans les bureaux de vote avaient laissé des doutes et des suspicions aux yeux de la presse sur le caractère sérieux de ce scrutin, la journée du 20 novembre, à travers le pays, ne laissait percer aucun signe de manipulation ou de malversation. En tout état de cause, les irrégularités, les fraudes et les manquements signalés par ces trois candidats vont constituer la toile de fond de leur argumentaire devant l’organe contentieux électoral.

Dans un sens comme dans l’autre, les conseillers Jean Simon St-Hubert, Josette Dorcély et Kenson Polynice, n’ayant pas signé les résultats préliminaires de la présidentielle, publiés par l’institution électorale, ont contribué à renforcer la position des candidats contestataires. Six conseillers sur neuf constituent le quorum pour valider les décisions prises en conseil. Cependant, le refus par ces conseillers de signer les résultats a créé un malaise au sein de l’institution qui doit mettre en place, avec la présence de conseillers, les organes contentieux.

Avec le nouveau développement de la situation, il est assez difficile de prévoir si le scénario qui s’est déroulé l’année dernière à l’issue de la présidentielle du 25 octobre pourrait se reproduire cette année. Mis à part quelques différences, le scrutin du 20 novembre dernier ressemble à celui de l’année dernière. Le taux de participation de l’électorat, la position des quatre candidats classés en pole position et leur score sont très comparables à la présidentielle du 25 octobre organisée sous la présidence de Michel Joseph Martelly. L’année dernière, deux candidats devaient prendre part au second tour. Cette année, un candidat est déclaré vainqueur dès le premier tour. Les enjeux sont différents. D’un côté, Jude Célestin, qui est classé en deuxième position, va sans nul doute faire valoir les arguments dont il dispose pour tenter d’obtenir un second tour avec Jovenel Moïse. De l’autre, Moïse Jean-Charles et Maryse Narcisse, classés en 3e et 4e position, ne peuvent jouer que la carte de l’annulation du scrutin.

Entre ces trois candidats, les violons peuvent-ils s’accorder au niveau des deux organes contentieux de l’institution électorale ?
Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com

AUTEUR

Lemoine Bonneau

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