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Un "enragé" à la tête de la Défense américaine

vendredi 2 décembre 2016

Respecté de ses troupes, militaire avisé et intellectuel, James Mattis a été choisi par Donald Trump pour devenir le patron du Pentagone.

Source AFP

Il s’est illustré sur les champs de bataille les plus stratégiques de ces dernières années. On le surnomme « Mad Dog », l’enragé. James Mattis, le général retraité de 66 ans, est une figure légendaire dans l’armée américaine, très apprécié des troupes. Et il rejoindra le 20 janvier le gouvernement de Donald Trump, où il deviendra le patron du Pentagone.

« Nous allons nommer l’enragé Mattis secrétaire à la Défense », a annoncé Donald Trump jeudi soir lors d’un meeting à Cincinnati, dans l’Ohio, le premier de la tournée de remerciements qu’il a engagée. « Mais nous ne l’annoncerons pas avant lundi, donc ne le dites à personne », s’est-il amusé devant un public conquis. « L’enragé, il est excellent, il est excellent », a ajouté Donald Trump. « C’est le meilleur. Ils [les autres généraux] disent que c’est ce qu’on a de plus proche du général George Patton », a-t-il ajouté en référence à l’ancien officier qui s’était illustré durant la Seconde Guerre mondiale.

Un « moine soldat »

Mais James Mattis est aussi un intellectuel, surnommé le « moine soldat », connu pour détenir une impressionnante bibliothèque de plus de 7 000 livres, et pour donner de copieuses listes de lecture à ses officiers. Ce célibataire natif du nord-ouest des États-Unis, né le 8 septembre 1950, a commandé une brigade des Marines durant l’invasion de l’Afghanistan après le 11 Septembre, avant de diriger la Première division du corps des Marines au début de la guerre d’Irak en 2003, puis pendant la terrible bataille pour reprendre la ville rebelle de Falloujah, en 2004. « Soyez polis, soyez professionnels, mais soyez prêts à tuer quiconque vous rencontrerez », avait-il expliqué à ses Marines au début de cette guerre, pour résumer la situation périlleuse dans laquelle se trouvaient les militaires américains occupant le pays.

Le général dérape parfois, comme en 2005, lorsqu’il explique que « c’est vraiment amusant de se battre » et « marrant de descendre des gens » quand on est face à « des gars qui frappent les femmes pendant cinq ans de suite parce qu’elles ne portent pas le voile ». Ces propos, pour lesquels il s’est excusé, lui valent des remontrances, mais n’entament pas la confiance du Pentagone dans cet homme réputé pour être « direct, vif comme l’éclair et d’une résolution sans faille », selon les mots de l’ancien secrétaire à la Défense Leon Panetta.

Écarté en 2013

James Mattis occupe de 2007 à 2009 le poste de commandant suprême allié de la transformation de l’Otan. En 2010, l’administration Obama le nomme à la tête du Centcom, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient, qui compte encore 150 000 militaires, dont 66 000 en Afghanistan. Mais la Maison-Blanche n’aura jamais vraiment confiance dans le général, le voyant comme trop prompt à une confrontation avec l’Iran alors que la communauté internationale tente de négocier un accord pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire.

Début 2013, elle le pousse vers la sortie, quelques mois avant son départ prévu. Le général quitte l’armée. Mais contrairement au général Michael Flynn, le futur conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, également poussé dehors par l’administration Obama, il évite les propos incendiaires contre l’administration et reste une voix écoutée à Washington. Au printemps 2016, il est poussé par certains républicains à se présenter comme candidat indépendant à la Maison-Blanche, pour couper court à l’ascension de Donald Trump, mais il décline la proposition. « Nous avons été lents à identifier les menaces émergentes, nous n’avons pas voulu prioriser nos intérêts, et nous avons envoyé des signaux déroutants à nos ennemis comme à nos alliés », écrivait-il dans une tribune cosignée en août dans le quotidien San Francisco Chronicle.

« Notre pays doit d’urgence renforcer sa posture, faire cause commune avec les pays qui sont prêts à nous aider à réparer et soutenir un ordre international qui a si bien servi les États-Unis et leurs alliés », écrivait-il. James Mattis est le premier ancien général à devenir secrétaire à la Défense depuis George Marshall en 1950, sous Harry Truman. Il aura besoin d’une autorisation spéciale du Congrès pour pouvoir entrer en fonction.


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