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Camarades du Comité exécutif national et de la Coordination nationale,

mardi 10 janvier 2017

Camarades du Comité exécutif national et de la Coordination nationale,

Sauveur Pierre ÉTIENNE
Port-au-Prince, le 9 janvier 2017

Camarades du Comité exécutif national et de la Coordination nationale,

À l’occasion du 25ème anniversaire de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), j’annonçais qu’elle s’offrirait, en début d’année, la coquetterie de prouver qu’elle n’avait rien à envier aux grands partis politiques démocratiques d’Europe, d’Amérique du Nord, de l’Amérique latine et de la Caraïbe. C’était la façon de prévenir que je démissionnerais très bientôt de mon rôle de Coordonnateur général de l’OPL : position occupée depuis septembre 2011, à la suite d’une élection à l’interne organisée lors du IVème Congrès national de notre parti, et renouvelée au Vème Congrès de 2014.
Cette correspondance vient donc vous confirmer ma décision irrévocable. Il m’en coûte, certes, de prendre congé de vous aussi abruptement, de cesser directement mes luttes quotidiennes aux côtés de nos dévoués militants, dans notre combat commun et incessant pour l’épanouissement et l’affranchissement de notre Patrie menacée dans ses assises profondes par l’absence, à la direction de l’État, de dirigeants compétents et parfaitement imbus de leur mission patriotique.

En prenant les rênes de l’OPL, je me suis attaché à poursuivre l’objectif originel du parti inscrit en lettres indélébiles dans son acte de naissance : c’est-à-dire l’émergence d’une société de droit et démocratique. J’ai mis toute mon énergie et mes ressources personnelles au service de cet instrument de transformation sociale et politique, au sein duquel le débat politique doit d’abord commencer à l’interne, avant de rejoindre la société. Pour moi, la croyance dans les valeurs républicaines et dans l’État de droit démocratique ne saurait être qu’un slogan.

Ainsi, moins de deux ans après mon élection à la direction de l’OPL, j’ai pu, de concert avec des spécialistes hautement qualifiés et certains amis, produire deux documents majeurs devant servir de boussole à tout parti séreux aspirant à diriger le pays.
Je mentionnerai d’abord le document de caractère stratégique, qui identifiait et analysait, avec force et précisions, les principaux enjeux et défis du moment ; mais qui, parallèlement, mettait en lumière les moyens d’y apporter les solutions requises à court, à moyen et à long termes, dans le cadre d’une société de droit et démocratique.

Je ferai ensuite mention du document transparent et détaillé du programme électoral de l’OPL : d’ailleurs, le seul parti qui ait offert à l’électorat, dans la joute de 2015, une vue plongeante de son action durant un quinquennat constitutionnel.
À mon humble avis, ces deux documents devraient avoir la vertu de permettre à notre chère Haïti de s’engager décisivement dans la voie de la modernité.

Ma vision de la modernité politique s’est aussi exprimée pleinement par mon refus, à titre de chef du parti, de m’imposer comme candidat naturel à l’élection présidentielle. J’ai cru que tous les membres du parti, indistinctement, pouvaient légitimement aspirer à le représenter. C’était donc fini le temps des barons et des mandarins. J’ai innové, ce faisant, en introduisant dans l’histoire politique du pays le concept d’élection primaire présidentielle comme c’est la règle dans les pays à tradition démocratique d’Europe et d’Amérique du Nord. L’exercice s’est révélé moins heureux pour nous, en raison des pesanteurs du passé, de notre rapport au politique et, surtout, de notre tendance réfractaire au débat contradictoire. Néanmoins, la société, elle, y aura gagné, car cette formule, si étrange au départ et bien souvent galvaudée, s’installe désormais dans toutes les conversations, y compris dans le moindre regroupement politique.

En obtenant démocratiquement votre confiance dans la primaire pour représenter loyalement l’OPL à la présidentielle de 2015 et muni des deux documents précités, j’abordais la bataille électorale, en votre nom, mieux équipé que quiconque sur l’échiquier politique. Malheureusement pour ce pays livré à lui-même, notre offre politique, sérieuse et porteuse, n’a pas été appréciée à sa juste valeur.

Mesdames, Messieurs du Comité exécutif national et de la Coordination nationale,

J’ai eu l’honneur et le plaisir de diriger notre prestigieuse institution pendant cinq ans et quatre mois, en dépit de difficultés de parcours inévitables et de déconvenues parfois douloureuses… Je crois m’y être attelé complètement et m’être imposé les sacrifices appropriés pour le succès de notre projet historique de sauvetage national et de refondation de l’État-nation. Sous ma gouverne, l’heure ne semble pas venue, de toute évidence. Pour avoir prôné, durant mes deux mandats à la tête de l’OPL, cette façon novatrice et moderne de faire de la politique en Haïti, j’en assume l’entière responsabilité et toutes autres conséquences.

Il vous revient maintenant de prendre le flambeau et, à votre tour, de mener nos troupes à la victoire. Je vous en sais capables, chers amis de TOUJOURS et de DEMAIN.

En serrant les militants dans mes bras fraternels, eux que je respecte et que j’aime de tout mon cœur, je vous dis : BONNE CHANCE ! VIVE HAÏTI ! VIVE L’OPL !

Sauveur Pierre ÉTIENNE


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