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Suspicions de blanchiment sur Jovenel Moïse, PHTK flambe l’UCREF

mercredi 18 janvier 2017

National -
« C’est faux, ce sont des faussaires. Il n’y a pas de dossier. C’est un montage malhonnête. L’UCREF a fabriqué des dossiers fallacieux et trafiqué des données personnelles », a fulminé Guichard Doré, l’un des responsables du PHTK, en réaction au rapport d’enquête de l’UCREF, au cabinet du juge d’instruction Breddy Fabien depuis septembre 2016, indiquant qu’ « il est possible que monsieur Jovenel Moïse manipule des fonds qui n’ont rien à voir avec ses entreprises ». « Le PHTK va donner une conférence de presse incessamment pour communiquer avec le grand public », a-t-il confié au journal, le mardi 17 janvier 2017.

Le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince qui, après analyse, a saisi le cabinet d’instruction en septembre 2016, souhaite que le dossier avance. Et vite. « Le président Jovenel Moïse a intérêt à ce que le dossier soit rapidement évacué, dans un sens comme dans l’autre. La justice a intérêt à se prononcer avant le 7 février. Je dis que quelle que soit la décision du juge, je rendrais mon réquisitoire dans trente minutes, de façon à ne pas perdre du temps. Quelle que soit la décision du juge d’instruction, je déciderai », a assuré le commissaire du gouvernement, Jean Danton Léger.

Sous le couvert de l’anonymat, une source proche du dossier est revenue sur les limites de l’Unité centrale de renseignements financiers. « M. Jovenel Moïse s’est plaint de n’avoir pas été interrogé par l’UCREF. L’UCREF n’a pas cette prérogative. Elle cherche des informations sur les comptes et le patrimoine des concernés. C’est le juge d’instruction, dépositaire de pouvoirs étendus, qui peut auditionner sur la base du rapport de l’UCREF qui fournit des indices. L’UCREF enquête sur la base d’une déclaration de soupçon d’une banque. Ceci est assez important pour être souligné », a confié, sous le couvert de l’anonymat cette source proche du dossier qui a aussi insisté sur le fait que l’enquête sur Jovenel Moïse a été lancé en 2013, sous l’administration de Joel Ostrick Hercule.

Par exemple, le 7 octobre 2013, l’UCREF a écrit à la Scotiabank pour savoir si M. Jovenel Moïse avait un compte en banque dans cette institution. Cela a été fait auprès de la BPH le 14 mai 2013 aussi. L’analyse de tous les comptes a été faite sur la base d’informations reçues. L’UCREF a reçu de la BNC le formulaire d’ouverture du compte 0340 000 272 en dollar américain de Moïse Jovenel sans information sur le montant et la date d’ouverture du compte. Si jamais il y a erreur sur la monnaie, c’est au niveau de la BNC, a indiqué cette source qui évoque des pressions et des appels anonymes reçus par des membres de l’équipe d’investigation ayant travaillé sur le dossier à l’UCREF », a indiqué cette source alors que des proches de Jovenel Moïse maintiennent qu’il y a manipulation fallacieuse, que le compte en question est en gourde.

Entre-temps, quatre sénateurs de la République, Nènel Cassy, Evalière Beauplan, Antonio Chéramy et Ricard Pierre, dans une correspondance adressée le 16 janvier 2017 au président du Sénat, Youri Latortue, « dans le souci de dissiper tout malentendu relatif au respect des principes de transparence de la gouvernance démocratique, de la lutte contre l’impunité, demandent au bureau de l’Assemblée nationale de s’assurer que l’enquête concernant l’implication du candidat Jovenel Moïse dans le blanchiment des avoirs a été bouclée et que les saisines au niveau des instances judiciaires ont été accomplies ». « Il est impérieux, poursuit la correspondance, que l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF) ait reçu le traitement approprié avant que soit enclenché tout processus visant à la prestation de serment d’un quelconque président élu ».

La veille, lundi, sur Magik 9, le président du Sénat, Youri Latortue, avait indiqué : "Le rapport est administratif. L’intéressé a le droit de se présenter, s’il estime qu’il a des objections, afin de le faire. C’est pourquoi, lors du rapport sur la gestion des fonds de PetroCaribe, j’avais demandé aux concernés de venir produire des objections s’ils le pouvaient. Je crois qu’un rapport ne signifie pas que quelqu’un soit coupable, cela ne veut pas dire que ce qui y est écrit soit exactement vrai. L’intéressé peut faire des objections. Et c’est à partir de cette procédure que le Sénat, dans le cadre de l’enquête sur PetroCaribe, avait contacté les intéressés pour approfondir. Et je crois que c’est la même règle. Au départ, quand un rapport est produit, on ne va pas accuser les concernés. Les intéressés doivent produire leurs objections". Plus loin, le président du Sénat a ajouté "qu’on va regarder quel suivi sera effectué. Mais je crois que la meilleure attitude serait de ne pas bloquer le rapport mais de venir avec des preuves pour démentir les allégations". "Ce sont des rapports administratifs, ce ne sont pas encore des preuves judiciaires", a-t-il insisté.
Pour le moment, les projecteurs sont braqués sur le cabinet d’instruction pour connaître son ordonnance. Entre-temps, le rapport partiel de l’UCREF est au cœur de la controverse. « En attendant d’autres documents, ce rapport partiel est transmis aux autorités compétentes pour les suites utiles, et ce conformément à l’article 35 de la loi du 11 novembre 2013 relative au blanchiment et au financement du terrorisme », a conclu l’UCREF dans ce rapport d’enquête sur les 14 comptes en banque de Jovenel Moïse, sa femme et ses entreprises : Omar Auto Parts, Agritrans et Comphener S.A. Parmi les éléments du rapport signé de Me Sonel Jean-François, directeur de l’UCREF, dont le journal a obtenu copie, figurent des transactions effectuées sur le compte 0340 000 272 domicilié à la BNC. Entre le 6 février 2012 et le 28 décembre, des chèques totalisant un montant de 1,222,182 dollars ont été émis à l’ordre de Isones Etienne.

Le nommé Winsky Knagg a reçu entre février 2012 et février 2013 la somme de 1 074 257 dollars. Cette fois, pour un bénéficiaire inconnu, des chèques totalisant 2 846 472 dollars ont été tirés de ce compte de la BNC. Pour l’entreprise Jomar Auto Parts, sise au 110, rue Capois, Port-de-Paix, Jovenel Moïse, qui a déposé l’état financier, dont celui de 30 septembre 2012 de 2,107, 962 gourdes, doit 1,158, 489 gourdes de taxation d’office à la DGI, selon ce rapport. Sur le même compte BNC dollar 0340 000 272, le rapport de l’UCREF indique « le formulaire d’ouverture dont nous disposons ne fait pas mention de la date d’ouverture ni du montant du dépôt initial. Le relevé disponible pour notre analyse couvre la période allant du 16 janvier 2012 au 29 avril 2013. Il relate un solde antérieur de vingt cinq mille dollars américains. Deux cent cinquante deux (252) dépôts pour un total de cinq millions cent cinquante-neuf mille neuf centre quatorze dollars (5,559,914.50 $), et cent cinquante-deux (152) retraits pour une valeur de cinq millions cinq cent quatre vingt un mille soixante-onze dollars (5,581,071.15 $). La solde de fin de période correspondant à mille cent trente-six dollars.

L’analyse des rentrées de fonds souligne, selon le rapport, que « les opérations de dépôts constatés su ce compte sont réalisés en espèces, et sont très significatives. Nous ne sommes pas en mesure de retracer les transactions qui ont abouti au solde antérieur répertorié. En revanche, nous avons vu plusieurs dépôts journaliers mobilisant des montants très importants, dépassant le seuil exigé pour la déclaration de provenance de fonds. Nous ne pouvons pas justifier l’origine de ces montants, car, nous ne disposons pas encore de pièces justificatives », indique le rapport des enquêteurs de l’UCREF, qui présente dans un tableau « les dépôts journaliers très élevés, voire suspects ».
Par exemple, le 16 janvier 2012, il y a eu un dépôt de 202,250.000 dollars, le 25 janvier, un dépôt de 30,180.80 dollars. Pendant le mois de mars , le 2 mars 2012, dépôt de 19,500.00 dollars, le 5 mars, dépôt de 23,000.00 dollars, le 6 mars, dépôt de 26,740.00, le 7 mars dépôt de 30,500.00 dollars. Il y a eu d’autres dépôts importants à intervalle de deux ou trois jours. Pour le mois de mai 2012, le 22 mai, un dépôt de 120, 000.00 dollars, le 28 mai un dépôt de 100,000.00 dollars, le 30 mai de 108, 200.00 dollars sur ce compte BNC en dollar 0340 000272, selon le rapport de l’UCREF qui a analysé 14 comptes en banque dont Jovenel Moïse est signataire. Il y a 7 comptes à la BPH, 2 à la Scotiabank 1 à Kotelam et 4 à la BNC. Pour le moment, le journal n’est pas en mesure de vérifier, de contrevérifier les arguments, objets de manipulation selon le PHTK, alors qu’une autre source proche du dossier, se basant sur la copie du formulaire de compte versé au dossier, soutient que dans les caractéristiques du compte 0340 000 272, les cases : compte d’épargne, compte conjoint et dollar us sont cochés.

En milieu d’après-midi, mardi, le journal a appris que le directeur général de l’UCREF, Me Sonel Jean-François, allait donner « un point de presse », mercredi 18 janvier 2017.


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