MosaikHub Magazine

La présidence Trump s’en prend à la presse

lundi 23 janvier 2017

La Maison Blanche a accusé les médias de minimiser l’affluence à la cérémonie d’investiture.

Theresa May sera la première responsable étrangère à être reçue à la Maison Blanche, vendredi 27 janvier. La première ministre britannique conclura la première semaine de mandat de Donald Trump. Celui-ci a débuté par une mobilisation sans précédent contre un nouveau président américain au lendemain de son investiture et par une polémique avec la presse accusée une nouvelle fois de malhonnêteté, y compris au prix de contorsions avec les faits.

Vendredi 20 janvier, le président Donald Trump avait repris ses philippiques de campagne contre « Washington » jugé responsable de tous les maux du pays quelques minutes après avoir fait le serment de défendre la Constitution. Il n’a pas fallu attendre beaucoup pour qu’il rouvre les hostilités avec une autre de ses cibles de prédilection, les médias, à l’occasion d’une visite, samedi, à Langley (Virginie), au siège de la CIA. Au même moment, une foule de contestataires plus impressionnante que celle venue applaudir M. Trump lors de son investiture se rassemblait pacifiquement sur le National Mall, comme dans de très nombreuses villes américaines.

La visite du nouveau président à Langley visait à calmer le jeu après des semaines de tension liée aux accusations du renseignement américain sur les interférences russes lors de la campagne, que Donald Trump avait mises en doute. En dépit de nombreux messages publiés sur son compte Twitter pendant la transition, celui-ci a assuré : « La presse a fait croire que j’avais un problème avec la communauté du renseignement. C’est exactement le contraire. (…) Personne n’est aussi attaché à la communauté du renseignement et à la CIA que Donald Trump. » Avant d’assurer que les journalistes comptent « parmi les êtres humains les plus malhonnêtes du monde ».

Très attaché aux chiffres, M. Trump a réagi vivement aux comparaisons publiées le jour même par la presse entre la foule qui avait assisté à la prestation de serment de Barack Obama, en 2009, et celle qui s’est pressée sur le National Mall la veille. Il a évoqué une fourchette entre « un million » et « un million et demi » de personnes présentes.

« Honteux et faux »

En milieu d’après-midi, son porte-parole, Sean Spicer, s’est exprimé brièvement devant la presse de la Maison Blanche pour un recadrage musclé. M. Spicer a tout d’abord déploré le message d’un journaliste, publié la veille sur son compte Twitter, évoquant de manière erronée le retrait du buste de Martin Luther King, installé par M. Obama dans le bureau Ovale. Son auteur avait rapidement rectifié et présenté ses excuses, acceptées par M. Spicer.

Après avoir dit qu’il n’existait pas de chiffres officiels à propos de la foule de la veille, M. Spicer a ensuite qualifié de « honteuse et fausse » la tentative des médias de biaiser les informations relatives à la prestation de serment de M Trump. Il a conclu que la foule de vendredi « a été la plus importante à avoir jamais assisté à une prestation de serment, point final ». Le porte-parole a ensuite quitté la salle de presse sans répondre à la moindre question.

M. Spicer, qui s’était gardé d’évoquer les manifestations du jour, s’était appuyé sur des chiffres inattendus : ceux – nécessairement approximatifs – relatifs à la fréquentation du métro, assurant qu’elle avait été supérieure pour M. Trump. La direction du métro de Washington a cependant publié, dimanche, d’autres chiffres témoignant d’une utilisation presque deux fois supérieure lors de la prestation de serment de 2009 (1,1 million) comme pour les manifestations de samedi (un million), comparée à celle de la veille (570 000).

Comme lors des premières manifestations suscitées par l’annonce de sa victoire, le 9 novembre, M. Trump a tout d’abord commenté sarcastiquement celles de samedi, dimanche, sur son compte Twitter personnel : « J’avais l’impression que l’on venait d’avoir une élection. Pourquoi ces gens n’ont-ils pas voté ? », a-t-il écrit, avant de se raviser. « Les manifestations pacifiques sont une caractéristique de la démocratie. Même si je ne suis pas d’accord, je reconnais aux personnes le droit d’exprimer leur point de vue », a-t-il ajouté deux heures plus tard.

Son chef de cabinet, Reince Priebus, et sa conseillère, Kellyanne Conway, ont donné un autre aperçu de l’état d’esprit de la nouvelle administration, dimanche, en expliquant que la question n’était pas la « taille de la foule », mais « les attaques et les tentatives » de la presse de « délégitimer » le président par ces rappels. « Nous n’allons pas rester les bras croisés », a promis M. Priebus sur Fox News, pendant que Mme Conway défendait sur NBC le recours à des « faits alternatifs » à ceux avancés par les médias.


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