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Investiture du président Jovenel Moïse

Discours du président de l’Assemblée nationale, Youri Latortue.

mercredi 8 février 2017

National -
Au nom du Parlement haïtien réuni en Assemblée nationale, j’ai le plaisir de vous accueillir et de vous souhaiter la bienvenue à cette séance solennelle du mardi 7 février 2017. Le 7 février demeurera dans notre histoire la date symbolique qui a vu le peuple haïtien remporter la victoire sur la dictature et affirmer sa volonté d’engager notre pays sur la voie démocratique. La date du 7 février est donc hautement symbolique dans la mesure où elle entendait constituer une rupture d’avec la nuit dictatoriale pour consacrer une entrée fulgurante dans une ère ponctuée par les valeurs démocratiques. En effet, il y a de cela trente ans, le peuple haïtien a choisi, au prix de son sang, d’imposer le principe de l’alternance de l’exercice du pouvoir politique. Trente ans déjà depuis que nous tentons péniblement de faire fonctionner normalement les institutions démocratiques établies par la Constitution de 1987. Et depuis lors, suivant une périodicité de 5 ans, ce mécanisme de dévolution pacifique du pouvoir prévaut, nonobstant les parenthèses d’interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels.

Après bien des péripéties, nous voilà enfin au bout d’un long, d’un très long processus électoral. Nous avons un Parlement qui fonctionne avec ses deux branches dont les effectifs seront au complet dans les prochains jours. Nous avons un président élu qui, dans les minutes qui suivent, va prêter le serment constitutionnel qui le fera entrer dans l’histoire comme le 58e chef d’État de la République d’Haïti.

Permettez-moi de saisir cette occasion pour remercier celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont rendu possible cette bataille victorieuse aussi longue que difficile : le président provisoire de la République, son Premier ministre et les membres de son gouvernement ; les membres du Conseil électoral provisoire qui, malgré les difficultés et les critiques, ont pu conduire le processus à son terme ; les partis politiques, les candidats, les acteurs de la société civile, nos amis de la communauté internationale qui ont fait une partie du chemin avec nous.

Nous pouvons dire que ce jour est un grand jour pour notre pays. Le peuple haïtien a parlé. Il a choisi de confier les rênes du pouvoir à un homme jeune, un homme dynamique, un homme qui semble avoir des idées pour sortir notre pays de la misère et de l’instabilité politique qui freinent depuis trop longtemps sa croissance et son développement. L’investiture d’un nouveau président sorti des urnes marque la fin de la transition et nous permet de dire que celle-ci est la dernière de notre histoire politique. Désormais, nous entrons dans une nouvelle ère de stabilité politique et de normalité institutionnelle. Nos amis de la MINUSTAH vont pouvoir continuer et achever tranquillement leur retrait progressif, parce que les Haïtiens sont maintenant prêts à assumer pleinement leur responsabilité (à travers la PNH et nos Forces armées).

Monsieur le président élu,

Nos compatriotes, ceux qui ont voté pour vous, ceux qui ont voté pour l’un ou l’autre de vos concurrents et même ceux qui, trop nombreux , hélas, n’ont pas voté du tout : tous, ils attendent beaucoup de vous ! Ils attendent beaucoup de tous leurs élus, aussi bien parlementaires qu’élus locaux. (Prezidan an dwe rasanble tout moun : Tèt Kale, Lavalas, elatriye…) Comme vous l’avez dit vous-même : vous êtes, désormais, le président de tous les Haïtiens, indépendamment de leurs partis ou de leurs familles politiques et idéologiques !

La tâche qui vous est confiée est énorme et difficile. Les attentes de tous les secteurs de la vie nationale sont nombreuses et légitimes. Qu’il s’agisse de la sécurité, de la défense nationale, de la justice, de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, des infrastructures, de la dépréciation de la monnaie nationale, de la protection de l’environnement, du climat des affaires, de l’équité de genre, de la formation des jeunes, de la création d’emplois ou de la lutte contre la pauvreté, tout est prioritaire, tout est urgent. Nous savons que nos ressources sont limitées et qu’il va falloir faire des choix.

Je crois pouvoir dire, sans crainte d’être démenti par mes pairs, que le Parlement haïtien et l’ensemble des parlementaires, sénateurs et députés, sont prêts à travailler avec vous dans l’intérêt de nos mandants. La Constitution a fixé clairement les droits, les devoirs et les grandes responsabilités de chacun des trois pouvoirs et nous oblige tous à œuvrer ensemble pour le bon fonctionnement des institutions démocratiques de l’État-Nation d’Haïti. L’exécutif détermine et conduit la politique de la nation, le législatif le contrôle et fait les lois, et le judiciaire les applique.

Nous sommes conscients de l’importance des enjeux, de la difficulté et de l’ampleur de la tâche. C’est pourquoi, au moment où vous allez devenir le chef de l’exécutif, le législatif prend l’engagement devant la nation tout entière et devant le monde de remplir son rôle dignement. Par-delà les clivages idéologiques, par-delà les intérêts partisans, nous sommes déterminés à coopérer avec vous pour le renforcement des institutions. Il nous faudra en effet mettre en place le Conseil constitutionnel, le Conseil électoral permanent, compléter la Cour de cassation et accompagner les institutions de la décentralisation. Nous croyons que, dans le respect mutuel, le dialogue et la concertation, nous pourrons surmonter nos divergences dans l’intérêt national, concilier nos contradictions et relever les multiples défis auxquels nous faisons face en commençant par une lutte sans merci contre la corruption. Oui ! Une lutte sans merci contre la corruption, cette gangrène qui empêche le développement réel du pays.

La morosité de l’économie nationale est éloquemment illustrée par des indicateurs au rouge qui nous alertent au quotidien de la gravité de la situation socioéconomique du pays. Et c’est dans ce contexte que les pouvoirs législatif et exécutif, d’un commun accord, doivent agir sur tous les fondamentaux d’une crise de l’intelligence, dans sa double dimension conjoncturelle et structurelle.

Aujourd’hui, mes collègues ont apporté la preuve de leur bonne volonté en répondant nombreux à la convocation pour la tenue de la séance en Assemblée nationale qui doit recevoir votre serment, Monsieur le président. Je crois qu’ils répondront toujours présent toutes les fois qu’il s’agira de faire leur devoir de parlementaires au service du peuple haïtien. Que Dieu vous bénisse tous et qu’il bénisse notre chère Haïti ! -


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