MosaikHub Magazine

Le chocolat du président Moïse

mercredi 15 février 2017

Editorial -
En France comme aux États-Unis d’Amérique, dans d’autres pays dont nous suivons l’actualité à la loupe, il y a une constante : on parle de plus en plus dans la presse de ces petits détails sans aucune conséquence qui pimentent la vie des gens. Et l’audience suit. Les politiques comme les vedettes sont devenus des ovbi, des objectifs vivants bien identifiés, dont chaque fait ou geste est scruté, analysé, commenté, disséqué, avant que le prochain épisode ne chasse le précédent. Le téléphone de Donald Trump cette semaine, les salaires de Pénélope Fillon, la semaine dernière, tout nous intéresse. L’essentiel peut attendre, pourvu que notre faim insatiable de nouveautés se trouve assouvie une seconde avant de nous porter à demander : quoi de neuf ? Ce mardi 14 février, entre la photo très officielle du président Jovenel Moïse offrant une béquée de chocolat à sa première dame et la large défaite du Barcelone, on avait l’embarras du choix pour commenter le futile et l’accessoire. Il faut dire qu’Haïti n’échappe pas au déferlement mondial de l’infotainment, ce mélange de divertissements et d’informations qui fait le bonheur des réseaux sociaux et autres sites répercutant le bruit du monde. Ce qui a retenu l’attention, ce n’est pas tant les conséquences de la défaite de Barcelone, mais les bons mots et détournements de formules qui célèbrent ou déplorent le fait que la meilleure équipe du monde a coulé, âmes et biens, devant le Paris Saint-Germain dans un remake du Massacre de la Saint-Valentin. Ce qui importe, ce n’est pas l’agenda du président qui se cherche un premier ministre depuis une semaine ou depuis le 4 janvier 2017, mais le geste d’amour très Obama de Jovenel et de Martine. Au siècle d’avant les Facebook et co, un président se devait d’aimer son peuple, aujourd’hui on veut le voir aimer sa femme. Hier, il devait faire un geste symbolique à chaque date marquante, aujourd’hui il est lui-même au quotidien. le symbole. Cette démultiplication de la puissance de l’image aura des conséquences insoupçonnées que personne ne peut encore prévoir. En attendant, les politiques s’ingénient à occuper la scène, à prendre toute la place, dans notre imaginaire et dans nos conversations. Cet écran de fumée déployé, ils trouvent du temps pour s’occuper des choses sérieuses pendant que nous nous amusons de leurs exploits ou de leurs déboires. S’occupent-ils des choses qui sont sérieuses pour nous ? Rien ne le prouve. Pourvu qu’ils nous tiennent sérieusement occupés, les jours passent sans peine.
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