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Affaire Théo : pour l’IGPN, "l’interpellation était légitime"

jeudi 23 février 2017

La police des polices cherche toujours à comprendre comment l’intervention de la BST a pu causer une telle "blessure anale" à Théo.

Par Aziz Zemouri

« L’interpellation était légitime, l’usage de la force était légitime, seules les conséquences de l’intervention – blessure anale – sont disproportionnées sans qu’on soit en mesure de déterminer les responsabilités, à ce stade. » Les premières conclusions de l’enquête de la police des polices sur l’intervention de quatre gardiens de la paix pour interpeller Théo L., 21 ans, le 2 février à la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois confirment les premières informations du Point. Nous révélions, compte rendu de la vidéosurveillance à l’appui, que les policiers n’avaient pas pris l’initiative de « frapper » Théo, mais que celui-ci s’était bien opposé par la force à l’interpellation d’un individu suspecté par la BST (brigade spécialisée de terrain) d’être partie prenante d’un trafic de stupéfiants alors que Théo lui-même n’était pas concerné par cette affaire.

Le Point.fr a pu par ailleurs consulter l’ensemble des rapports d’intervention en date du 2 février des policiers aujourd’hui mis en examen. À quelques détails près, leur version est corroborée par les images de la vidéosurveillance. Dans ces images, on voit près de 3 minutes de combat entre Théo et un policier, une sorte de corps-à-corps qui se termine à l’avantage du gardien de la paix. Aucune image ne laisse deviner que la victime reçoit alors une blessure anale.

Place aux médecins légistes

Les investigations de l’IGPN ne sont pas pour autant terminées. « Il nous reste à entendre des experts sur les techniques d’intervention, notamment sur l’usage de la matraque en intervention, sur son cadre légal et sur sa doctrine d’emploi », laisse-t-on entendre à la police des polices. Rappelons que 42 % des enquêtes de l’IGPN portent sur des gardiens de la paix et des brigadiers. Et que 60 % de celles-ci concernent des interpellations ou des contrôles d’identité. In fine, 26 % de ces enquêtes sont classées sans suite par la justice.

Maître Daniel Merchat, l’avocat d’un des policiers mis en examen, avait pressenti l’emballement médiatique : « C’était compréhensible. L’opinion était dans l’émotion de l’annonce d’un viol. Or, on sait aujourd’hui qu’il n’en est rien. Il va désormais y avoir une bataille d’experts : entre médecins légistes, d’une part, pour décrire exactement la lésion dont souffre le jeune homme et dire comment elle a pu être provoquée et entre balisticiens, d’autre part, pour connaître les effets exacts d’une matraque. »

Contacté par téléphone, Éric Dupond-Moretti, le conseil de Théo, n’a pas répondu pour l’heure à nos messages. Il est à l’étranger.


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