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Les sénateurs mettent les bâtons dans les roues des homosexuels

mercredi 2 août 2017

En votant mardi soir, avec 14 voix pour, 1 contre et 1 abstention, une proposition de loi portant renforcement des dispositions du Code civil relatives au mariage et à la protection de la famille, les sénateurs, arguant en substance qu’ils s’ingénient à protéger la famille, viennent troubler la vie des gays et lesbiennes en Haïti.
Publié le 2017-08-01 | Le Nouvelliste

National -

De proposition de loi portant interdiction du mariage entre des personnes de même sexe à la proposition portant renforcement des dispositions du Code civil relatives au mariage et à la protection de la famille, les cibles n’ont pas changé : les gays et lesbiennes. Ces derniers, soutient sans cesse le porteur du texte, Carl Murat Cantave, ont pignon sur rue en Haïti. Et il faut les stopper dans leur velléité de s’organiser, de défendre leurs droits. Mais Cantave vous dira qu’il s’agit plutôt de « protéger la jeunesse et la famille de la dépravation ». « C’est un gain pour notre culture. C’est un gain pour notre pays […] », argue, en marge de la séance, le sénateur de l’Artibonite, dans une longue anaphore, irréductible sur la nécessité de « chasser ces abominations ».
Il aura fallu des heures et des heures de débats aux pères conscrits, deux séances mises en continuation, de grandes modifications dans le texte initial, avant de finalement voter la proposition de loi portant renforcement des dispositions du Code civil relatives au mariage et à la protection de la famille. La loi, qui attend désormais d’être votée par les députés, qui comporte sept articles, punit, entre autres, « toute tentative de célébration d’un mariage entre deux personnes de même sexe, tout acquiescement à un tel acte ». « Toute promotion, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, constitue un délit d’outrage aux bonnes mœurs et à la pudeur publique », peut-on lire en son article 3.
Une telle infraction est sévèrement punie par les dispositions de la proposition de loi. Les contrevenants encourent trois ans de prison ferme. « Outre la peine de prison ferme, ils sont condamnés à une amende de cinq cent mille (500 000) gourdes. Le texte, en son article 6, indique qu’ « aucun étranger ne peut se prévaloir de son statut personnel et des provisions de la loi de son pays pour solliciter la célébration en Haïti d’un mariage entre deux personnes de même sexe ». C’est peu dès qu’il est question de « protéger le pays de toute déviance d’émanation étrangère », soutient Carl Murat Cantave. À ceux qui ne manqueront pas de lui tomber dessus, qui s’en prendront à son aversion pour les gays et les lesbiennes, le médecin rejette le terme aversion, qualifie plutôt « ses combats comme étant l’expression d’un amour pour la jeunesse ».
Les rares voix contraires de l’assemblée n’ont pas été entendues. Le sénateur Kédelaire Augustin, qui s’est abstenu, croit qu’il y a des articles dans le texte qui sont en contravention aux droits fondamentaux de la personne humaine. Dans le bric-à-brac des débats, il l’a soutenu sur tous les contours. « La psychologie même de la loi peut inciter à la violence », a affirmé Augustin, sans faire l’économie de rappeler que, par ses convictions, il est « contre ces pratiques » dans le pays. Constatant « une aversion naturelle chez beaucoup de gens contre les gays et les lesbiennes », il croit néanmoins que la loi peut créer un terrain propice aux dérapages, à la violence. Le sénateur Patrice Dumont a voté contre le texte, contre la majorité de ses articles.
Le sénateur Carl Murat Cantave, qui met souvent en avant sa foi chrétienne pour justifier son acrimonie contre les gays et les lesbiennes, est aux anges, à l’issue de la séance. Jean Renel Sénatus n’était pas en reste. Ces deux-là se sont, en un temps record, taillé une réputation par leurs discours et/ou attitudes homophobes. Le premier, dans la foulée du passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016 en Haïti, avait soutenu, sans ambages, sur les ondes de Makgik9, que l’homosexualité est la cause des catastrophes naturelles qui frappent le pays. Le second, plas plus tard que récemment, a laissé en trombe une rencontre à Oasis après qu’il y eut remarqué la présence de Charlot Jeudy, l’une des voix de LGBT en Haïti.

Juno Jean Baptiste
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