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À l’ONU, Donald Trump taille ses ennemis en pièces

mardi 19 septembre 2017

Tout en prêchant le souverainisme, le président américain menace de « détruire totalement » la Corée du Nord et s’en prend aux régimes iranien, cubain et vénézuélien.
Envoyé spécial à New-York (États-Unis)

Donald Trump n’est pas à une contradiction près. Sa première intervention comme chef d’État devant l’Assemblée générale de l’ONU, mardi matin, a commencé comme un discours de philosophie politique sur les vertus du souverainisme, l’indépendance sacrée des États et le non-interventionnisme qui en découle. Mais elle s’est poursuivie par les mises en cause les plus directes et les moins diplomatiques qu’on ait entendues depuis longtemps à la tribune des Nations unies, à l’adresse de régimes dans le collimateur des États-Unis. Le champion de « l’Amérique d’abord » est prêt à régler son compte à la Corée du Nord de Kim Jong-un, à l’Iran des mollahs, au Cuba de Castro et au Venezuela de Maduro.

Juste après avoir affirmé « nous rejetons les menaces sur la souveraineté, de l’Ukraine à la mer de Chine du Sud », le président américain a menacé Pyongyang de « destruction totale » si le régime poursuit sa course nucléaire et balistique. « Rocket man », l’homme-fusée, nouveau sobriquet dont il a décidé d’affubler le jeune Kim, « est engagé dans une mission suicide », a lancé Trump. « Les États-Unis ont la puissance, nous sommes prêts, capables et décidés » à agir s’il n’y a « pas d’autre choix ». Le royaume ermite « menace le monde entier et l’expose au péril d’une guerre nucléaire ».
« L’Iran, une dictature corrompue sous le masque de la religion »
Une mise au point destinée à ceux qui doutent de la crédibilité de l’option militaire, compte tenu des capacités de riposte du Nord contre Séoul. Aux Nations unies de « faire beaucoup plus », dit le président américain. « Si les nombreux justes ne s’attaquent pas aux quelques malfaisants, le mal triomphera. » Assis en face de la tribune, le délégué nord-coréen gribouille des notes, l’air impassible.
Dans la foulée, l’Iran en prend aussi pour son grade. « Une dictature corrompue sous le masque de la religion », « un régime meurtrier » qui soutient le terrorisme de l’Irak au Yémen, le régime d’Assad en Syrie et le Hezbollah au Liban… L’accord sur le nucléaire conclu en 2015 est « un embarras pour les États-Unis », estime Trump, qui semble prêt à le dénoncer prochainement, malgré les pressions des autres signataires, dont la France. Dans l’assistance, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, manifeste ostensiblement son approbation. Le chef de la Maison-Blanche affirme aussi que « le bon peuple d’Iran veut le changement » et que « les régimes oppressifs ne peuvent durer », un vocabulaire en décalage avec son aversion professée au « changement de régime ».
Le « terrorisme islamiste radical » en milieu de tableau
Il le répète pourtant au sujet de Cuba, « un régime corrompu, déstabilisateur », et du Venezuela, exemple du « socialisme fidèlement appliqué », où le « dissolu » Nicolas Maduro « a détruit un pays prospère ». Là encore, les États-Unis « se tiennent au côté du peuple », leur « but étant de les aider à regagner leur liberté et à restaurer leur démocratie ». Dans ce discours chargé d’allusions étonnamment interventionnistes, le « terrorisme islamiste radical » n’apparaît qu’en milieu de tableau, une priorité mentionnée presque en passant.
Donald Trump lui prête moins d’attention qu’aux principes qui doivent, selon lui, gouverner mais aussi contraindre l’ONU. Le respect des « souverainetés », mot prononcé vingt et une fois, comme condition de la paix et de la coopération internationales. « Nous n’attendons pas de nations diverses qu’elles partagent notre culture, nos traditions ou même notre système de gouvernement, dit le président.
 « Je ferai toujours passer l’Amérique d’abord, exactement comme vous ferez passer et devez faire passer votre pays d’abord »
Mais nous attendons que chaque pays remplisse ces deux obligations souveraines : le respect des intérêts de leur propre peuple et des droits de toutes les autres nations souveraines. Telle est la vision de cette belle institution et le fondement de la coopération et du succès. »
Cette doctrine s’attire des applaudissements de l’assemblée, comme à cinq reprises durant son allocution. « Je ferai toujours passer l’Amérique d’abord, exactement comme vous ferez passer - et devez faire passer - votre pays d’abord, déclare le président américain à ses homologues. Dans les affaires internationales, nous renouvelons ce principe fondateur de la souveraineté. » Donald Trump ne serait pas allergique au multilatéralisme, explique son entourage, mais seulement à la notion de « gouvernance mondiale ». Celle-ci avait beau être largement liée au « leadership » américain, lui n’y voit qu’un carcan politique ou un fardeau économique.
Le président américain rappelle la part disproportionnée qu’assume son pays dans le fonctionnement des Nations unies : « Un investissement » justifié si l’objectif d’assurer la paix est atteint. Invité la veille à résumer son « message », Donald Trump avait recyclé son slogan de campagne : « Faire de grandes Nations unies », avait-il dit, comme si elles repartaient, avec lui, d’un nouveau pas.


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