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Démission de sénateurs : le palais national prudent, l’opposition dénonce

mardi 26 août 2014

La proposition du sénateur Edwin Zenny de démissionner pour débloquer la crise préélectorale fait des vagues. Si le Palais national se veut prudent sur cette proposition, la Primature y voit un acte patriotique alors que l’opposition politique dénonce une manœuvre du pouvoir en place de diriger par décret

« La proposition du sénateur Edwin Zenny est une proposition comme une autre », a indiqué au Nouvelliste de façon laconique le porte-parole du président Michel Martelly. Lucien Jura, qui se veut prudent, n’a pas voulu dire plus sur cette proposition. Cependant, la présidence continue d’accuser le groupe des six sénateurs de l’opposition comme seuls responsables de la crise préélectorale. Sur sa page Facebook, le chef de l’Etat compte régulièrement le nombre de jours passés depuis la signature de l’Accord d’El Rancho sans que le Sénat ait eu le quorum pour voter les amendements à la loi électorale.

Parallèlement, le porte-parole du Premier ministre Laurent Lamothe a qualifié de « hautement patriotique » la proposition du sénateur Edwin Zenny. « Pour l’intérêt supérieur de la nation, il nous faut prendre des mesures qui vont au-delà des intérêts individuels ou d’un petit groupe », a déclaré Michel Pierre Brunache lundi au cours d’une conférence de presse à la Primature. Il a ajouté que tous les moyens légaux et politiques qui sont à la disposition de l’exécutif vont être utilisés pour que les élections puissent se réaliser d’ici la fin de l’année.

Dans un autre registre, le coordonnateur de l’OPL a indiqué qu’un sénateur de la République est un acteur politique majeur, il a le droit de choisir sa stratégie, mais il doit aussi assumer la responsabilité de son choix. Selon Sauveur Pierre Étienne, si le sénateur Edwin Zenny arrive à rallier quatre autres sénateurs à sa cause pour rendre caduc le Sénat, cela pourra embarrasser le pouvoir. « Ce sont des sénateurs proches du pouvoir », a-t-il souligné. L’argument de l’exécutif consistant à montrer qu’il a la volonté d’organiser les élections mais qu’un groupe de sénateurs intransigeants ne veut pas la réalisation de ces élections tombera. « En politique, chaque acte entraîne des conséquences », a-t-il ajouté.

L’opinion publique nationale et internationale, a-t-il dit, observe nos hommes et femmes politiques. « Quel que soit l’acte que vous allez poser, vous devez vous demander comment il va être perçu sur le plan national et international. Le peuple haïtien et la communauté internationale constituent deux acteurs majeurs. Le premier peut décider avec son bulletin de vote, le second, avec sa force », a fait remarquer le professeur Sauveur Pierre Étienne.

Pour l’ancien député Jonas Coffy, responsable de l’organisation politique ‘’Ayiti pou Ayisyen’’, les sénateurs qui menacent de démissionner ne connaissent pas leurs responsabilités ni leur rôle au Sénat. « Ils se rapprochent de l’exécutif au détriment de leur pouvoir », a-t-il indiqué. L’ex-parlementaire a dénoncé le gouvernement qui, selon lui, dispose d’une enveloppe de 300 000 dollars pour chaque sénateur désireux de démissionner en vue de rendre caduc le Parlement.

Pour sa part, le responsable du Consortium national des partis politiques proches du pouvoir en place a dit vivement souhaiter voir les amendements à la loi électorale votés. Cependant, devant le refus du groupe des six sénateurs de voter le document, Jeantel Joseph estime qu’il n’y a pas d’autre choix que de marcher dans la logique de la proposition du sénateur Zenny.

« Le groupe des six n’a fait montre d’aucun intérêt à débloquer la situation. L’amendement de la loi électorale est bloqué au Sénat, le Consortium, de ce fait, appuie la démission des cinq sénateurs », a-t-il dit. Selon Jeantel Joseph, les sénateurs de l’opposition avaient comme projet de rendre le Parlement caduc et mettre le président Martelly en situation de diriger par décret.

Par ailleurs, une trentaine de partis politiques, des organisations proches du gouvernement qui ont pris part au dialogue d’El Rancho ont appelé à l’organisation des élections cette année, afin, ont-ils dit, d’épargner le chaos au pays en janvier 2015.

Voir en ligne : Le Nouvelliste

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