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Des militaires russes capturés en Ukraine

mercredi 27 août 2014

La nouvelle a embarrassé Moscou alors que se tenait à un sommet avec la présence des présidents russe et ukrainien ainsi que de la haute représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

Des militaires russes participent activement au conflit en Ukraine : le secret de Polichinelle obstinément entretenu par Moscou depuis des mois est éventé pour la première fois. Les autorités ukrainiennes ont diffusé mardi les témoignages de trois parachutistes russes capturés la veille près du village ukrainien de Dzerkalné, à une vingtaine de kilomètres de la frontière. Membres du 331e régiment de la 98e division aéroportée, basée à Kostroma. Ils affirment avoir été tenus dans l’ignorance de leur mission, présentée à l’origine comme un exercice, ne découvrant que brusquement, à l’issue d’un bombardement, qu’ils se trouvaient en réalité sur le sol ukrainien. Leurs visages sont exhibés, comme ceux des prisonniers de guerre ukrainiens, forcés par les séparatistes à défiler dimanche dans les rues de Donetsk, et leurs propos, coupés. Pour les besoins de la propagande ukrainienne, tous avouent, face caméra, avoir été trompés par leur pays. « Cette guerre n’est pas la nôtre, les vrais Slaves sont ceux qui défendent leur pays, les autres sont des étrangers… notamment des militaires russes qui ne savent pas ce qu’ils font », témoigne le sergent Alexeï Generalov. Au total, dix soldats ont été faits prisonniers.

L’épisode ne pouvait qu’assombrir le sommet de consacré mardi à la crise ukrainienne.

Selon une source au ministère russe de la Défense, ces derniers auraient traversé la frontière par « accident, sur un tronçon sans démarcation ». Par le passé, accuse la même source, des militaires ukrainiens auraient également traversé du côté russe, des groupes de « 500 hommes » parfois, sans que Moscou ne rende l’incident public… « Cette explication est absurde mais la Russie va continuer à la servir : un grand classique », ironise l’expert militaire indépendant Alexander Goltz. L’épisode n’a pu qu’assombrir le sommet de Minsk consacré mardi à la crise ukrainienne, où Vladimir Poutine et Petro Porochenko se rencontraient pour la seconde fois. Le chef de l’État ukrainien a simplement annoncé l’ouverture de consultations en vue de sécuriser la frontière ainsi qu’un cessez-le-feu « aussi vite que possible ». Par ailleurs, le chef du Kremlin a pour sa part menacé Kiev de représailles économiques à la suite de la signature de l’accord euro-ukrainien de libre-échange.

Depuis plusieurs jours, les preuves de l’implication militaire russe en Ukraine s’accumulent. Lundi, des photos des tombes de deux militaires russes enterrés le jour même dans un cimetière de Pskov avaient déjà été publiées sur les réseaux sociaux. Ces parachutistes avaient été tués les 19 et 20 août dans la région de Louhansk - l’une des deux principales places fortes séparatistes. Le black-out des autorités accentue l’inquiétude des familles, tenues parfois dans l’ignorance du sort de leurs proches, envoyés en Ukraine. Mardi, des parents des soldats faits prisonniers se sont réunis afin d’obtenir des explications de la hiérarchie militaire. Bien que les médias russes aient pratiquement fait l’impasse sur l’affaire de leurs prisonniers, le Kremlin semble étudier une nouvelle riposte médiatique, censée être plus convaincante que la thèse de l’erreur d’orientation.


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