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En prison, la technologie reste dans les boîtes

mercredi 27 août 2014

La police a mis dix jours avant d’annoncer l’établissement d’une « liste partielle » de 237 sur les 327 détenus qui se sont évadés de la prison civile de Croix-des- Bouquets le dimanche 10 août 2014. Le retard accumulé, préjudiciable aux opérations visant la capture des fugitifs, a provoqué une avalanche de critiques contre le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN).

Prostrés, amers eux aussi, des coopérants internationaux, en off, confient que cela aurait pu être évité si « les autorités haïtiennes avaient l’intelligence et à défaut la décence de rendre opérationnel depuis au moins trois ans le système informatique visant à fiabiliser les données pénitentiaires et contrôler l’identification des détenus. Les équipements sont restés dans les boîtes », a ruminé avec dépit l’un d’eux, concédant, d’un autre côté, son embarras. « Beaucoup d’argent a été dépensé », a-t-il dit.

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), confirme une source gouvernementale, « a financé un vaste chantier d’informatisation du système pénitentiaire en supportant notamment le développement d’une base de données, Oracle, sur laquelle est greffé un module automatique de prise de vue et un serveur AFIS de capture et de traitement d’empreintes digitales ». Rien n’a été laissé au hasard. Le 5 novembre 2012, 11 greffiers de la DAP ont participé à une séance de formation sur l’utilisation du système AFIS. Deux jours après, des membres de la section informatique de la DAP ont reçu une formation en « administration de base de données Oracle aux laboratoires de Turbo System ». L’objectif était de leur transférer les compétences nécessaires au pilotage, à la maintenance et à la pérennisation du système, rappelle cette source.

« Jusqu’à présent, le système Afis n’est toujours pas opérationnel au niveau de la DAP. Le personnel est formé et le materiel, disponible. Il manque seulement une connexion Internet dans les prisons », révèle Marie Yolène Gilles du RNDDH. La base de données des détenus réalisée avec le logiciel Excel n’offre aucune garantie de fiabilité, estime la militante des droits de l’homme, en charge du monitoring des prisons. Il n’y a pas de volonté réelle pour professionnaliser et moderniser le fonctionnement de la DAP, soutient Marie Yolène Gilles, déplorant « l’absence de volonté politique pour sortir » les prisons de la fragilité.

« Le système Afis est là. Nous devons créer des conditions pour la réception et la mise en œuvre », rappelle Florence Elie, la protectrice du citoyen. « Il faut, insiste-t-elle, que les gens qui manipulent le système soient à l’abri de toute influence ».

« La base de données des détenus, différente de celle de la DCPJ, n’est pas opérationnelle. Le système est en rodage », confie le commissaire Frantz Lerebours, citant la responsable de l’APENA, Marjorie St-Jean, actuellement sous le coup de mesure conservatoire.
En revanche, le système Afis de la DCPJ, connecté avec des ambassades, dont celles des USA, du Canada, de la France, « fonctionne très bien », selon une source.

L’actualisation et la fiabilisation de la base de données sur les détenus qui sont censées faciliter plus de transparence au sein de l’administration pénitentiaire ne plaisent pas à tout le monde. « Le statu quo fait l’affaire de certains. Les détenus, à charge de l’Etat, mangent », lâche presque à la sauvette une source proche de l’APENA. Le pays compte 17 institutions carcérales. Elles abritent environ 10 000 détenus dont plus d’une majorité est en détention préventive prolongée. Les conditions de détention varient d’une prison à une autre sur le territoire.

Roberson Alphonse


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