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Avancée de l’armée syrienne sur la Ghouta orientale

lundi 8 janvier 2018

Les combats font rage dans la poche rebelle, où les forces du régime tentent de reprendre le contrôle d’une base militaire.

La violence est montée d’un cran depuis la fin du mois de décembre 2017 dans la Ghouta orientale, vaste poche rebelle en lisière de la capitale syrienne, Damas. Dans cette zone assiégée par les forces du président Al-Assad, les affrontements se concentrent dans la localité d’Harasta et ses environs. Au terme de plusieurs jours de combats, mètre par mètre, bâtiment par bâtiment, causant de lourdes pertes dans chaque camp, l’armée syrienne, appuyée par l’aviation russe, a pénétré, dimanche 7 janvier, au soir dans une base militaire où des soldats étaient pris au piège par les combattants de trois formations anti-Assad, rebelles ou djihadistes, selon les médias d’Etat. Les combats se poursuivaient lundi.
Il s’agit de l’avancée la plus importante des troupes loyalistes depuis le début de leur contre-offensive, lancée le 3 janvier. Une attaque avait été menée quelques jours plus tôt par les formations islamistes Ahrar Al-Cham et Faylaq Al-Rahmane, ainsi que par les djihadistes de Tahrir Al-Cham, dont le noyau est l’ex-Front Al-Nosra, lié à Al-Qaida. Leurs hommes s’étaient emparés d’une partie de la base militaire qui abrite des batteries d’artillerie utilisées par le régime pour bombarder la poche rebelle.
Selon ces groupes, le but de l’attaque était de diminuer la pression sur la Ghouta orientale, assiégée depuis 2013 par les forces prorégime. Des observateurs y voient une opération suicidaire, commanditée par des sponsors étrangers. Sans surprise, l’assaut a provoqué un nouveau déluge de feu : de lourdes frappes ont été menées par les aviations russe et syrienne. Ces raids viseraient à isoler les combattants anti-Assad. Mais, dans les zones habitées, les civils, déjà pris au piège de bombardements aériens quasi quotidiens depuis la mi-novembre, paient un lourd tribut.
La semaine passée, des frappes ont fait vingt morts et de nombreux blessés à Mesraba, une bourgade à un kilomètre au sud d’Harasta. « La plupart des victimes étaient des enfants et des femmes. Six membres d’une même famille ont été tués », affirme au Monde un médecin. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) estime que plus de cent civils ont péri sous les bombes au cours des dix derniers jours. Le siège s’est aussi resserré pour les habitants depuis l’été 2017. De rares convois humanitaires ont été autorisés par le régime à entrer. Les pénuries les plus graves concernent les médicaments.
Selon plusieurs médias prorégime, des troupes d’élite ont été convoyées vers Harasta depuis la fin décembre 2017. Elles proviennent de fronts que l’armée a récemment reconquis, comme celui de Beit Jinn, entre Damas et le Liban. Le déploiement de ces renforts aguerris laisse supposer que la contre-offensive ne se limitera pas à la reprise de la base militaire. Les soldats ont face à eux des combattants déterminés.
La persistance d’un carré rebelle près de Damas représente une menace pour la capitale et ses habitants
Sur les réseaux sociaux, les partisans du pouvoir appellent les troupes à mater l’insurrection dans la Ghouta orientale. La persistance d’un carré rebelle sur les flancs de Damas représente une menace pour la capitale et ses habitants, à portée d’obus des groupes anti-Assad. Ces tirs meurtriers se sont intensifiés depuis la mi-novembre 2017, alors que les bombardements des avions russes et syriens reprenaient de plus belle contre l’enclave insurgée, à la suite d’une attaque lancée par Ahrar Al-Cham.
Le lancement d’une offensive totale contre la Ghouta orientale semble pour l’heure difficile, car elle exposerait la ville de Damas à des tirs de mortier encore plus nourris, et nécessiterait l’envoi massif de troupes au sol. Conclu en juillet 2017 et parrainé par les Russes, un accord dit « de désescalade » avait permis une fragile accalmie pendant près de deux mois entre le régime et les salafistes de Jaych Al-Islam, force locale la plus puissante. L’un de ses porte-parole confirme que le groupe n’est pas partie aux combats à Harasta. Après de précédentes tentatives avortées depuis l’été, des contacts seraient en cours, selon plusieurs sources, pour obtenir le départ de certains combattants, dont les djihadistes de Tahrir Al-Cham, vers la zone rebelle d’Idlib.
Avancée rapide à Idlib
Dans cette province située dans le nord-ouest de la Syrie et dominée par les factions les plus radicales, la guerre fait également rage. Les forces prorégime y ont ouvert un front, fin décembre 2017, et conquis une soixantaine de localités. Cette avancée rapide suscite un regain de tensions et des accusations mutuelles de trahison entre les principales forces anti-Assad présentes – Ahrar Al-Cham et Tahrir Al-Cham. Dimanche, une explosion contre le quartier général de djihadistes asiatiques a fait au moins vingt-trois morts dans la ville d’Idlib. Certains affirment que la déflagration a été causée par une voiture piégée.
Quelle ampleur prendra l’offensive en cours dans la région d’Idlib ? Le commandement russe a récemment affirmé vouloir venir à bout de l’ex-Front Al-Nosra en 2018. L’intensification des violences pousse les civils à un nouvel exode vers la frontière turque, fermée. Un peu moins de la moitié des 2,5 millions de Syriens qui y vivent sont déjà des déplacés venus d’autres provinces. Au moins 21 civils, dont huit enfants, ont été tués dans des raids aériens du régime et de son allié russe contre Idlib, a rapporté lundi l’OSDH.


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