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Nouvelle année législative : Bilan et promesses s’affichent au Parlement

mardi 9 janvier 2018

Comme le veut la Constitution, le président de la République Jovenel Moïse, le Premier ministre Jack Guy Lafontant, accompagné de son cabinet ministériel, étaient ce lundi 8 janvier 2018 au Parlement haïtien dans le cadre de l’ouverture de la première session ordinaire de l’année législative 2018. Une séance marquée par les discours fleuves des deux chefs de l’exécutif.

National -

C’est un vœu de la Constitution, chaque deuxième lundi de janvier, les parlementaires se réunissent en Assemblée nationale pour marquer la rentrée parlementaire pour la nouvelle année législative, sortant ainsi les députés de vacances jugées démesurées, prises depuis octobre.
Il était 2h 18 ce lundi 8 janvier 2018 quand la voix de la secrétaire sténographe a annoncé que finalement 20 sénateurs et 60 députés ont pris place dans la salle pour participer à la séance qui, pourtant, était prévue 12h.
Le pétrin évité Devant ces parlementaires, le Premier ministre Jack Guy Lafontant est invité à présenter et à faire le dépôt du bilan des activités du gouvernement. Le début est difficile, Jack Guy Lafontant est chahuté par quelques députés. Il avance en haussant la voix, les protestataires répliquent en brandissant des cartons rouges dans la salle. Roger Millien de la 2e circonscription de Port-au-Prince, Printemps Bélizaire de la 3e, Joseph Manès Louis de Cabaret, Renald Exantus de L’Estère et Jean Robert Bossé d’Aquin, 5 députés se mettent en travers sur le chemin du chef du gouvernement. Et comme pour rappeler que c’est la voix de la majorité qui prime au Parlement, ils finissent par se calmer devant le mutisme des proches du pouvoir qui rassure le Premier ministre.
Comme les grandes divisions des différentes feuilles de route du gouvernement, le chef du gouvernement veut présenter son bilan sur 3 axes, à savoir : l’économie avec « le redressement de l’économie du pays », la politique marquée par « le renforcement des institutions régaliennes » et le social avec « un accès équitable de la population aux services sociaux de base ».
Pris dans une dédalle, il a fallu 1 heure 40 minutes environ au Premier ministre pour présenter les 3 axes de son intervention perçue plutôt comme une vulgaire compilation de bilans et non une synthèse du bilan des activités de chaque ministère. Les duplications de certaines données entre le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Caravane du changement en disent long.
Les chiffres
Malgré le climat difficile qu’il dit avoir hérité de la transition comme le personnel pléthorique au sein de divers ministères, les conséquences de l’ouragan Matthew et des crises sociales récurrentes qui ont porté le gouvernement à négocier, Jack Guy Lafontant se vante d’avoir atteint une croissance de 1.2%. Le secteur agricole seulement, sous l’impulsion de la Caravane du changement, accuse une croissance de 0.8%, aux dires du chef du gouvernement. Cela suffit à rendre les résultats « acceptables » pour l’année fiscale 2016-2017.
Pour l’année fiscale en cours, le Premier ministre projette d’arriver à une croissance de 3.9% contre une pression fiscale de 3.7.

Après 1 heure 40 minutes de lecture entrecoupée par des gorgées d’eau, le Premier ministre conclut en confiant que le gouvernement « aborde l’année 2018 avec sérénité ».
Jovenel Moïse en mode rassembleur
L’article 151 de la Constitution l’oblige, le président Jovenel Moïse est invité à gravir la tribune pour l’exposé sur l’état de la nation. Comme pour consentir leur défaite dans leur tentative contre le Premier ministre ou pour exprimer leur opposition au président de la République, les députés de la minorité, d’un coup, quittent la salle de séance.
Sans aucune voix discordante, Jovenel Moïse est devenu maître de la salle en jouant avec sa voix qui, ce soir-là, se veut rassembleuse. « Les enseignements tirés des 11 premiers mois de mon quinquennat renforcent ma volonté de changer Haïti ». Le président n’est pas inconscient : « le changement ne sera pas le fruit du hasard ni un cadeau ». C’est pourquoi il appelle « les frères et sœurs de l’opposition qui ne partagent pas ses idées à la collaboration en lieu et place de la division qui ne conduit qu’à l’échec ».
Une perspective tout en rose
La reconstruction du palais national, l’avancement des travaux de reconstruction du palais législatif, la reconstruction de Port-au-Prince, la couverture d’assurance santé, le financement de l’agriculture, la modernisation du système de formation professionnelle, la réalisation des états généraux sectoriels de la nation, la formation du Conseil électoral permanent, la construction de routes et d’un campus universitaire sont autant de projets que Jovenel Moïse espère réaliser ou, pour le moins, entamer en 2018.
Voulant rassurer les parlementaires qui, mandat prolongé, doivent aider le président dans son rêve de mettre sur pied le CEP permanent, Jovenel Moïse garantit qu’il n’interviendra jamais pour influencer les élections. « Que tout le monde le sache, au cours de mon mandat, seules les capacités des candidats joueront en leur faveur », soutient-il. Et à propos de la lutte contre la corruption qui l’a mis sur la corde raide avec le Parlement, Jovenel Moïse invite la justice à jouer son rôle dans cette affaire qui, pour lui, « ne doit pas être « un outil politique ».

Samuel Celiné
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