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Comment Donald Trump bouscule l’Amérique

samedi 20 janvier 2018

ENQUÊTE - Derrière une façade chaotique, le président populiste procède méthodiquement depuis un an à des changements de fond dans l’administration, l’économie, l’environnement, la politique étrangère et la justice.
Si Donald Trump a démontré un talent qui servira peut-être à le faire réélire, c’est celui-ci : avec ce président, personne n’est jamais déçu. Ceux qui attendaient un perturbateur sont servis au-delà de leurs espérances. Ceux qui prédisaient un désastre trouvent tous les jours une raison d’être consternés. Un an après son accession à la Maison-Blanche, la question de savoir si l’ancien promoteur immobilier est apte à exercer la fonction suprême divise toujours deux camps irréconciliables. Depuis son discours inaugural apocalyptique sur le « carnage » américain, Trump se livre à un exercice constant d’autopromotion ponctué d’attaques tous azimuts, d’insultes personnelles, d’exagérations et d’affabulations (près de 2000 déclarations mensongères, selon le décompte au jour le jour du Washington Post). La démocratie américaine se donne en spectacle sans pudeur dans une sorte de crise de nerfs permanente, entre tweets outranciers et interrogations publiques sur la santé mentale de l’homme le plus puissant du monde.
Mais la forme, chaotique, masque le fond, méthodique. Derrière le rideau d’un show de téléréalité souvent grotesque, une révolution populiste et conservatrice on ne peut plus sérieuse est en marche. Si le style unique du président lui vaut une cote de popularité historiquement faible (entre 32 % et 38 %), ses décisions expliquent pourquoi 80 % des républicains le soutiennent, selon un sondage du Wall Street Journal, contre seulement 10 % des démocrates. Cet écart de 70 % est deux fois plus large que le fossé creusé par un autre grand diviseur, Richard Nixon. « Il a rendu ce pays encore plus fracturé politiquement et peut-être d’un point de vue racial », observe Gerald Seib dans le quotidien conservateur.
La Maison-Blanche a publié fin décembre un bilan de sept pages en forme d’autocélébration. « Cela a été une année historique à tous égards », a déclaré la porte-parole du président, Sarah Huckabee Sanders, énumérant des changements propres à ravir n’importe quel conservateur américain. « Au milieu des miasmes de controverses fabriquées, de distractions sensationnelles et de théories conspirationnistes, écrit Rich Lowry, éditeur de la très conservatrice National Review, la présidence Trump est, comme Mark Twain est réputé l’avoir dit de la musique de Wagner, de bien meilleure qualité qu’on ne le perçoit à l’écoute. »

• BUREAUCRATIE - La mise au pas de l’« État profond »
Le « stratège » déchu Steve Bannon avait prévenu : « Ils ne nous rendront pas notre pays sans combattre. » Il visait les suppôts de l’« État profond », une nébuleuse par essence rétive composée d’agents publics plus attachés à leur mission ou aux institutions qu’aux nouveaux dogmes populistes. Contre ces « ennemis » du trumpisme, concentrés dans une capitale fédérale qui n’a voté qu’à 3 % pour le président, une guerre d’usure est menée sans tambour ni trompette.
Rétrécir un gouvernement fédéral jugé trop envahissant reste une vieille ambition des républicains. Trump a entrepris de « rationaliser, ...


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