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Reynold Valbonard ferme définitivement ses comptes

samedi 17 février 2018 par Charles

Sport -

« Il nous manquera », la note de la Fédération haïtienne de volley-ball résonnera comme l’une des dernières oraisons funèbres de Reynold Valbonard. L’ancien trésorier du COH fermera définitivement ses comptes ce samedi 17 février 2018 quand il sera inhumé au Parc du souvenir. Le fondateur des Jeunes Volleyeurs de Cote-Plage, rentré dans l’anonymat depuis les révélations de 2013, s’est éteint discrètement en sa résidence privée dans la nuit du 7 février 2018, libéré de ce monde d’hypocrites où être corrompu confère plus de respect qu’être honnête.
Né le 9 mars 1947 à Port-au-Prince, ce jeune homme d’ascendance léogânaise fit de brillantes études primaires avant d’intégrer le lycée Toussaint Louverture, puis le CTPEA pour des études avancées en statistique avant d’intégrer l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) en 1968. En 1976, il part prendre une formation avancée dans son domaine à New York mais revient dès ses études achevées travailler à l’IHSI jusqu’à la fin de sa carrière professionnelle.
Le développement du sport a toujours été la grande passion de Reynold Valbonard en dehors des statistiques. Son nom figure dans tous les bons coups, dans toutes les bonnes tentatives visant à développer le sport dans sa commune. Respectueux des principes et des règles, dynamique, appréciant les autres à leur juste valeur, Reynold Valbonard fait partie d’abord de la COVAV puis fonde les Jeunes Volleyeurs de Côte-Plage qui devient le centre de formation par lequel passera presque tous les jeunes apprentis de volley-ball de Carrefour depuis plus de trente ans, et ceci malgré l’éclosion de l’Intrépide qui a d’ailleurs fait long feu. En football, on le trouve comme membre du comité exécutif de l’Association sportive de Carrefour (ASCAR) après avoir été en soutien des autres clubs de football (US Thor, AS Bizoton), mais aussi en soutien du club d’athlétisme de la zone et des clubs de volley-ball de Petit-Goâve tout en étant membre de l’Académie nationale olympique (ANOH).
Dans les institutions, il a été tour à tour secrétaire général de la Ligue de volley-ball de la Région Ouest, puis de la Fédération haïtienne de volley-ball, membre de la Fédération haïtienne d’athlétisme amateur (FHAA) au moment où cette instance réalisait au moins quelques compétitions nationales sous l’ère Roy ou Alexandre Dubois puis devint conseiller de la FHVB tout en dirigeant le JVC.
Le père du volley-ball dans la commune de Carrefour intègre le Comité olympique haïtien de l’ère Roland Roy (autre intègre de qui on ne parle presque plus non plus) au poste de trésorier jusqu’à sa démission en 2013 pour avoir refusé de dilapider l’argent du Comité olympique haïtien dans le paiement de décodeurs (40 000 dollars) obtenus gratuitement du CIO pour la retransmission des JO de Londres, mais qu’un particulier prétendait acheter sans aucune pièce comptable justifiant cet achat mais réclamait quarante mille dollars du COH. Et comme X ou Y se trouvaient mouillés, on fermait les yeux, on autorisait le paiement, sauf que le trésorier, s’appuyant sur des arguments comptables, a dit : « basta ! ». Ses arguments comptables pour justifier un tel refus étaient trop évidents, si évidents qu’ils ont débouché sur la radiation des supposés coupables. Mais Reynold est devenu plutôt l’une des bêtes noires du COH. Certains des radiés ont été réintégrés, leurs dossiers classés sans suite mais on bannit de préférence celui qui a eu le toupet de révéler le pot aux roses. Comme Jean-Jacques Eydellie dans l’affaire Marseille vs Valenciennes, un peu comme Jean Marc Bosman à l’origine de la loi Bosman…Reynold Valbonard rentrait dans l’anonymat parce qu’il avait pointé la corruption au COH du doigt.
Il a donc appliqué à la lettre la devise de l’Association haïtienne de presse sportive (ASHAPS) « Servir le sport et non s’en servir », et ceci mieux que certains des membres de cette instance ni de beaucoup de pseudo passionnés du sport. Il a servi le sport sans s’en servir comme ces « Ti Malis » sans scrupules qui, filous plus que jamais, font plus de mal au sport que de bien. Et même après ses dégoûts face à la racaille en 2013, il est resté au chevet de son 3e enfant, le JV C, après sa fille Carline et son garçon Charles Henri jusqu’à sa mort dans la nuit du 7 février. Hasard du destin, ses funérailles auront lieu le même jour que le colosse de la FHF décédé quelques jours plus tôt, Jacques Lionel Désir.

Enock Néré
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