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La MINUJUSTH encourage l’action judiciaire, Haïti rappelle son ambassadeur à l’ONU

mercredi 28 février 2018 par Charles

Le gouvernement haïtien a vivement réagi mardi à une note datée du 25 février de la Minujusth. Dans cette note, la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti salue la nomination d’un juge d’instruction dans le cadre du dossier PetroCaribe et appelle les autorités haïtiennes à faire de même pour Lilavois et Grand-Ravine.

National -

L’ambassadeur haïtien auprès des Nations unies, Denis Régis, a été rappelé en consultation par le Ministère des Affaires étrangères (MAE) qui a rendu publique sa décision mardi après-midi. La note du MAE précise que cette mesure fait suite à la déclaration de Madame Susan D. Page, représentante spéciale et chef de la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti.
Dans un premier temps, le ministère des Affaires étrangères avait condamné le communiqué de presse publié par la MINUJUSTH qui, selon le ministère, « porte atteinte encore une fois à l’image du pays ».
« Cette déclaration de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies outrepasse le cadre du mandat qui lui est assigné et traduit une attitude partisane nuisible à la stabilité politique et institutionnelle si chèrement acquise au cours de ces dernières années », selon un communiqué de presse de la chancellerie haïtienne rendu public le 27 février.
« Le ministère des Affaires étrangères est consterné qu’en pleine session de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM qui se déroule en Haïti, le jour même de la signature d’un programme avec le FMI, cette déclaration vienne polluer une atmosphère sereine, indispensable à l’investissement et au développement économique et social, condition essentielle à la stabilité et à la paix. »
Le gouvernement trouve « surprenants » les propos de la représentante spéciale et chef de la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti, « alors que l’ONU a appelé à une retraite de levée de fonds en faveur des victimes du choléra introduit en Haïti dans les circonstances que l’on sait… ».
Le 25 février- quelques heures avant la tenue de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM à Port-au-Prince et quelques jours après la publication du rapport de Transparency International sur la perception de la corruption où Haïti est mal classée-, la représentante du secrétaire général de l’ONU avait jeté un pavé dans la mare.
« Dans le cadre de son mandat d’accompagnement du gouvernement haïtien dans le renforcement des institutions de l’État de droit, de continuation du développement des capacités de la Police nationale et des services correctionnels haïtiens, de suivi de la situation en matière de droits humains, d’en rendre compte et de l’analyser, la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) salue le fait que des juges ont été chargés d’instruire les plaintes concernant le dossier PetroCaribe, déposées par des particuliers devant le tribunal de première instance de Port-au-Prince les 29 janvier et 20 février 2018 respectivement ».
Plus loin, la note insiste pour dire que « selon un rapport récemment publié par Transparency International, Haïti est classée comme le pays le plus corrompu de la région des Caraïbes et à la 23e place des moins bien notés (157) sur 180 pays interrogés sur la perception de la corruption ».
Plus précisément, Susan D. Page, représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies (RSSG) et chef de la MINUJUSTH, déclare : « Je salue l’initiative et le rôle actif des citoyens haïtiens et de la société civile engagés dans la lutte contre la corruption et l’impunité. Leurs actions démontrent que la population défend l’obligation de rendre des comptes ainsi que la justice ».
Enfonçant le clou dans les manquements de la justice haïtienne, la note de la MINUJUSTH poursuit en alignant des reproches : La Mission regrette toutefois qu’aucun juge d’instruction n’ait été chargé d’examiner les allégations de violations des droits humains commises par des unités de la Police nationale haïtienne (PNH) à Lilavois le 12 octobre 2017, au cours desquelles au moins une personne a été tuée, ainsi qu’à Grand-Ravine le 13 novembre 2017, où huit civils auraient été sommairement exécutés, en plus des deux officiers de la PNH tués. ».
« J’appelle les autorités compétentes à procéder sans plus tarder à l’assignation de juges d’instruction dans ces deux affaires, comme le prévoit la loi », conclut Madame Susan D. Page.

Frantz Duval
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