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Israël : Netanyahou, grand perdant de la guerre à Gaza ?

jeudi 28 août 2014

24 heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le Premier ministre israélien peine à convaincre l’opinion publique de la justesse de ses décisions.

24 heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, Benyamin Netanyahou a fini par s’adresser au public israélien. Pas de discours à la nation, mais une conférence de presse au cours de laquelle il a martelé : "Le Hamas a subi des coups très durs. Les plus importants depuis sa création. Il a accepté le cessez-le-feu sans obtenir une seule de ses exigences. Il voulait un port, un aéroport, la libération des prisonniers palestiniens, une médiation du Qatar, puis de la Turquie, le paiement des salaires de ses fonctionnaires. Il n’a rien obtenu. La reconstruction de Gaza se fera pour des raisons humanitaires, uniquement sous notre contrôle."

Ces explications vont-elles satisfaire le public israélien ? Rien n’est moins sûr pour l’instant. Les sondages diffusés tout juste avant les déclarations du Premier ministre ne sont pas bons. Selon la seconde chaîne de la télévision israélienne, seuls 32 % des personnes interrogées se sont déclarées satisfaites de la gestion du conflit par Benyamin Netanyahou. Il y a 59 % de mécontents qui estiment également qu’Israël est le grand perdant de cette guerre. 54 % rejettent l’accord de cessez-le-feu. Autre sondage, celui de la chaîne 10, avec cette question : "Quel est le vainqueur de l’opération Bordure protectrice ?" 25 % se prononcent pour le Hamas, 32 % pour Israël et 26 % ni pour l’un, ni pour l’autre. Et puis 37 % pensent que la trêve tiendra moins de six mois ; 22 %, un an et 13 % seulement plus de deux ans.

Des chiffres qui reflètent l’atmosphère de scepticisme chez les Israéliens en général et plus particulièrement au sein de la population du sud du pays. Le pic de défiance étant atteint dans les localités frontalières avec Gaza, les plus éprouvées par les tirs du Hamas. Là, le discours de la population est sans équivoque. Elle dit avoir perdu toute confiance dans le gouvernement et ses promesses. Les responsables des kibboutz et des villages agricoles du secteur ont d’ailleurs conseillé aux familles parties se mettre à l’abri dans le nord et le centre d’Israël d’attendre quelques jours avant de regagner leur domicile. Le temps de voir si le cessez-le-feu tiendra.

"Erreur gravissime"

Un état d’esprit qui fait l’affaire des adversaires politiques de Benyamin Netanyahou au sein de la droite. Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères et patron de la formation Israël Beïtenou, Israël notre maison, répète à qui veut l’entendre que l’accord avec le Hamas et les négociations qui doivent s’engager au Caire constituent une erreur gravissime : "Aussi longtemps que le Hamas contrôlera Gaza, il ne sera pas possible d’assurer la sécurité des citoyens d’Israël et de parvenir à un accord politique." Le ton est identique chez son collègue à l’Économie, Naftali Bennet, le chef du parti religieux pro-colons, La Maison juive. Il qualifie la politique suivie par Netanyahou d’erreur fondamentale et promet de s’opposer au déploiement de policiers palestiniens, appartenant à l’Autorité autonome de Ramallah, aux points de passage entre Israël et Gaza.

Pourtant, dans son propre parti, Bennett n’est pas suivi par tout le monde. Sur une radio privée, Pinhas Wallerstein, ancien président du comité des implantations et un des fondateurs du mouvement de colonisation, a pris la défense de Netanyahou. "En acceptant ainsi l’arrêt des combats et en empêchant la prise de contrôle de Gaza par l’Autorité autonome, le Premier ministre a sauvé les implantations de Cisjordanie. Si Mahmoud Abbas avait récupéré Gaza, la communauté internationale nous aurait obligés à négocier avec lui et nous aurions perdu la Judée et la Samarie (la Cisjordanie)."

Troubles sociaux

Benyamin Netanyahou en sauveur du "Grand Israël" ? Ce n’est pas l’avis de tout le monde au Likoud où il fait face à une véritable fronde. Elle est menée par le président du comité central, Dany Danon, qui, au début de l’opération, fut limogé de son poste de vice-ministre de la Défense. Il avait qualifié la politique de M. Netanyahou de "gauchiste". Cela lui a été fatal. Aujourd’hui, il entend prendre sa revanche en convoquant pour dans deux semaines les instances du parti afin de "mettre les choses au clair". Une façon de surfer sur ceux qui, au sein de la droite nationaliste, reprochent à Netanyahou et à son ministre de la Défense de ne pas avoir été assez loin dans leur offensive contre le Hamas.

L’autre grand dossier qui risque fort de renforcer l’agitation politique est économique et social. Cinquante jours de conflit ont coûté très cher au pays. Les entreprises et les commerces du sud d’Israël, paralysés pour la plupart pendant près de deux mois, ont été contraints de licencier ou de mettre leurs employés au chômage technique. Le tourisme est en berne. Les dépenses militaires se chiffrent en milliards. Déjà, le ministre des Finances annonce des coupes sombres dans les budgets de tous les ministères sauf la défense. Sont touchées, l’Éducation, la Santé, l’Aide sociale, etc. Pour l’instant, il n’est pas question d’augmenter les impôts. Mais la gouverneur de la Banque d’Israël considère qu’il n’y aura pas le choix et qu’il faudra bien y venir. Toutes choses qui ne devraient pas améliorer la cote de popularité de Netanyahou et de son gouvernement.


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