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Dédollarisation : Jovenel Moïse et le secteur privé discutent des circulaires d’application

jeudi 22 mars 2018 par Charles

Si la Banque de la République d’Haïti a fait le point sur les aspects obscurs de l’arrêté sur la dédollarisation, des secteurs de l’économie cherchent encore à comprendre comment appliquer le texte sans subir de graves préjudices. En ce sens une rencontre a eu lieu le mercredi 21 mars au palais national entre le président de la République et des responsables d’associations du secteur privé : si les voix des plus importants groupes du monde des affaires seront peut-être entendues, personne n’a représenté les consommateurs à la rencontre- le grand public et les petits investisseurs risquent d’être les grands oubliés de la dédollarisation.

National -

Le président de la République, Jovenel Moïse, à l’issue d’une rencontre au palais national avec le Forum économique du secteur privé et des responsables d’associations sur « l’arrêté portant dedollarisation de l’économie », a annoncé sur son compte twitter, le mercredi 21 mars, qu’un « groupe consultatif de suivi a été mis sur pied ».
Le chef de l’État a qualifié de « fructueuse » cette rencontre à laquelle ont pris part, entre autres, le ministre de l’Economie et des Finances, Jude Alix Patrick Salomon, le gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois, Georges Sassine, coordonnateur adjoint du Forum économique et président de l’Association des industries d’Haïti, Olivier Barreau du secteur des assurances, Claude Pierre-Louis, Maxime D. Charles de l’Association professionnelle des banques.
La réunion, cordiale, s’est bien déroulée. Le gouvernement est d’accord pour recevoir notre accompagnement dans l’application de l’arrêté, a confié au journal Georges Sassine qui a dirigé la délégation du forum en l’absence de Bernard Craan, en dehors du pays lors de cette rencontre. Le cap est mis sur les circulaires d’application appelées à répondre à un ensemble de questions pratiques et opérationnelles que l’on se pose dans chaque secteur d’activité. « Le temps joue contre nous. Il faut agir. Le plus tôt serait le mieux », a poursuivi Georges Sassine qui souligne que le secteur privé n’est pas opposé au fait que la gourde soit la monnaie de paiement. « La seule et unique chose que l’on veut c’est que l’on est satisfait de voir que le secteur public veut travailler de concert avec le secteur privé pour approfondir la question », a confié au journal Carl-Frédéric Behrman, de Bermann Motors.

Maxime D. Charles, ex-président de l’APB, consultant du Forum économique du secteur privé, a souligné qu’un comité public/privé était « préférable » pour qu’il y ait des circulaires d’application « vivables et réalistes » pour toutes les parties, les agents économiques en tenant compte des spécificités de chaque secteur. « Les contrats d’assurance sont endossés sur des contrats de réassurance avec des réassureurs qui sont à l’extérieur. Je crois que l’un des assureurs, M Barreau, a mentionné qu’il n’y avait que 10 réassureurs internationaux qui prêtent encore un certain intérêt à Haïti », a illustré Maxime D Charles. « Il faut prendre en compte les réalités de chaque secteur d’activité pour ne pas faire des faux pas qui soient interprétés de manière erronée par l’ensemble du grand public », a-t-il insisté.
Le comité d’application de l’arrêté est composé de représentants du secteur public uniquement. Ce n’est pas que le secteur privé s’invite. Si vous informez et associez des agents économiques du formel, de l’informel à des mesures qui les concernent, l’application se fait plus facilement, a expliqué Maxime D. Charles, citant l’exemple de la BRH qui, en ce qui concerne la mesure de paiement en gourdes sur la carte de crédit, avait eu soin d’informer les banques, ses partenaires et d’avancer graduellement. Il faut aussi s’inspirer de l’exemple de pays comme la République dominicaine, Trinidad qui ont déjà ce que les autorités haïtiennes sont en train de faire, a conseillé Maxime D. Charles.
Le ministre de l’Economie et des Finances n’a pas encore retourné l’appel du journal sur le délai accordé au groupe consultatif pour faire son travail. Lors de la réunion, quelqu’un a souligné qu’il fallait se donner entre 30 et 45 jours pour les circulaires d’application, a confié au journal Georges Sassine.
La président de l’Association touristique d’Haïti (ATH), Béatrice Nadal Mevs, présente à la rencontre, a indiqué, après l’accord sur la création du conseil consultatif, il faut que chacun soit proactif. « On a déjà des recommandations pour chaque secteur, il faut maintenant aller de l’avant »,a-t-elle indiqué, soulignant la nécessité que le secteur des services et du tourisme reste compétitif. « On est confiant parce qu’on va voir aussi ce qui s’est passé dans les autres pays pour ce secteur. On va s’assurer que ce secteur peut rester compétitif sur le marché touristique international »,a-t-elle dit, expliquant que les prix doivent s’afficher en gourdes dans les hôtels et les restaurants. « La circulaire de la banque centrale de la semaine dernière a rassuré les différents acteurs. Maintenant, il faut voir ce qui peut être fait dans chaque secteur. Il faut vraiment être serein et se dire que l’objectif est que cela soit positif pour tout le monde », a indiqué Béatrice Nadal Mevs, qui croit qu’il faut aller de l’avant, qu’il faut être constructif.
Après la publication de l’arrêté du 1er mars, la Banque de la République d’Haïti avait publié un avis stipulant que « Les transactions sur les comptes en devises restent et demeurent inchangées, ce conformément aux dispositions de l’article 2 du décret du 18 janvier 1990 rapportant celui du 7 juillet 1989 sur les devises ». « Il demeure entendu que les rémunérations des dépôts ainsi que les retraits de fonds doivent être effectués dans la monnaie du compte, suivant les modalités de gestion de ces comptes, conformément à l’article 2 du décret du 29 septembre 1989 », poursuit l’avis, ajoutant que les intérêts et les frais relatifs à tout crédit seront prélevés conformément aux contrats de prêt.

Roberson Alphonse
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