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Le Maroc accusé d’avoir mené une campagne de répression dans une ex-cité minière

lundi 4 juin 2018 par Charles

Usage excessif de la force, arrestations, traitements abusifs de prisonniers... Human Rights Watch a accusé lundi les autorités marocaines d’avoir mené une "campagne de répression" dans l’ex-cité minière de Jerada (nord-est) où les habitants protestaient contre le manque d’opportunités économiques.

Les forces de l’ordre ont "fait un usage excessif de la force contre des manifestants (...) et arrêté des leaders du mouvement de protestation, qui auraient ensuite été maltraités en détention", a souligné l’ONG de défense des droits de l’Homme dans un communiqué après avoir mené une enquête.
Les déclarations d’Human Rights Watch (HRW) interviennent au lendemain de la mort de deux personnes dans une mine clandestine de plomb dans une localité de la province de Jerada.
Sinistrée depuis la fermeture d’une importante mine de charbon à la fin des années 1990, la ville de Jerada a vécu au rythme de manifestations à la suite de la mort, fin décembre, de deux mineurs dans un puits clandestin, suivie assez rapidement de deux autres décès accidentels.
Les manifestants réclamaient une "alternative économique" aux "mines de la mort" clandestines, dans lesquelles des centaines de mineurs risquent leur vie. Les manifestations ont quasiment cessé depuis deux mois.
Pacifique depuis le début, le mouvement avait été marqué par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à la mi-mars, ayant fait des blessés des deux côtés.
"S’il est vrai que des manifestants ont jeté des pierres le 14 mars et que, selon les autorités, ils auraient aussi allumé des incendies, cela ne justifie pas pour autant le recours à une force aveugle et excessive, ni les arrestations qui avaient commencé avant cette date", a souligné HRW.
"Cela ne justifie pas non plus la répression de manifestations pacifiques, ou les abus allégués contre des personnes en détention", a poursuivi l’organisation qui fait état d’un bilan de 69 manifestants en prison ou en détention préventive.
Les autorités ont également "gravement blessé un garçon de 16 ans, percuté par une fourgonnette de police conduite de manière irresponsable", a affirmé l’ONG.
Après les affrontement du 14 mars, des agents de police ont "forcé les portes et brisé les fenêtres de plusieurs maisons à Jerada, frappant et interpellant plusieurs hommes sans présenter de mandats d’arrêt ni de perquisition", poursuit HRW.
Les accusations de violences et d’arrestations arbitraires sont "infondées", avait dit à l’AFP fin avril un responsable de l’exécutif marocain. "Les arrestations ont été opérées dans le cadre du strict respect de la loi sous la supervision du parquet compétent", selon ce responsable. Les autorités marocaines n’ont pas réagi lundi au communiqué de Human Rights Watch.
Face à la protestation sociale, l’Etat avait promis de fermer tous les puits abandonnés de Jerada avec un plan de reconversion pour les mineurs clandestins.


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