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Coupe du monde 2018 : et la Russie chavira de bonheur !

mardi 3 juillet 2018 par Charles

L’exploit des footballeurs russes contre l’Espagne a provoqué des scènes de joie partout dans le pays. Illustration dans les rues moscovites. Par Antoine Grenapin, envoyé spécial à Moscou

« Ro-si-ya, ro-si-ya ! » Une quinzaine de minutes après l’exploit face à l’Espagne (1-1, 4 t.a.b à 3), les fans russes présents dans le stade se dirigent vers la station de métro Sportivnaya, premier accès vers le centre-ville. Encadrés par les forces de l’ordre, ils piétinent, le visage en sueur, en agitant frénétiquement leurs drapeaux.
Dans les escaliers roulants qui mènent vers les métros, les chants se font plus fort. Accéder dans les rames oblige à la patience, y monter est la garantie d’être serré entre des fans qui reprennent l’hymne à tout rompre. Dans la rame, le sol colle sous l’effet des nombreuses bières que leurs propriétaires ne sont pas parvenus à conserver en main.

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« La fête promet d’être belle »
À chaque arrêt de métro, la scène se répète : la foule à l’unisson scande « Ro-si-ya » avec ferveur, avant d’entonner plusieurs chants, dont « Katioucha », popularisé durant la Seconde Guerre mondiale. À mesureque le métro se rapproche de la place Rouge, l’air est quasi irrespirable dans le wagon. Une vieille dame, seule à être assise, esquisse un sourire en regardant ces effusions de joie. Un couple apprêté tente tant bien que mal de conserver un bouquet de fleurs à la main.
À l’arrêt Lubyanka, à proximité de la place Rouge, la majorité des fans descendent enfin. On distingue mal ceux qui étaient présents depuis le stade et ceux qui les ont rejoints en chemin. Qu’importe : « La fête promet d’être belle », nous confie un trentenaire, drapeau russe sur les épaules. Quitter le métro étouffant pour retrouver le grand air n’offre pas plus de répit. Dans les artères, les voitures klaxonnent à tout rompre. La foule s’engouffre dans Nikolskaya, la rue piétonne qui mène à la place Rouge et qui est devenue depuis quinze jours et le début du Mondial le point de ralliement des supporteurs de passage. En ce dimanche soir, les maillots étrangers se font rares.
« Ce n’est pas ce que vous avez vécu en France ? »
Il y a bien ces retraités péruviens qui sirotent une bière sur la terrasse d’un café, ces Brésiliens, canettes à la main, qui enchaînent les selfies avec les Russes. Mais ce sont les fans locaux qui prennent possession de l’artère. Des jeunes, torse nu, sautent à tout rompre. « La Russie a réalisé l’impensable ! » confie un supporteur, tenant solidement une bouteille de vodka à la main. « Je n’ai jamais ressenti une telle émotion », ajoute un fan d’une vingtaine d’années, de retour de la fan-zone également bondée.
L’excitation est telle qu’engager une conversation ne garantit aucune réponse, si ce n’est des cris de joie. « C’est un grand jour pour notre pays ! » lâche un groupe d’amis, avant d’applaudir à tout rompre. Moscou vient de plonger dans l’euphorie collective, le plaisir simple de célébrer une équipe à qui personne – Russes compris – ne prédisait un tel avenir. « Nos joueurs étaient critiqués, notre entraîneur décrié, qu’est-ce qui pouvait nous faire penser que nous vivrions ça ? » confie une mère de famille. Son fils, les joues maquillées aux couleurs de la Russie, est juché sur les épaules de son père. Lui poursuit la discussion : « Ce n’est pas ce que vous avez vécu, en France, en 1998 ? »
De Saint-Pétersbourg à Nijni, toute la Russie s’enflamme
En cette douce soirée d’été, Moscou n’est pas la seule ville de Russie à exulter. Sur la chaîne de télévision Rossiya 1, qui a diffusé le match, les duplex avec les autres villes (Saint-Pétersbourg, Saratov, Iekaterinbourg) s’enchaînent. Ils montrent les mêmes scènes de ferveur, les mêmes chants, la même excitation. Un site internet, MK.Ru, relate une atmosphère semblable à Nijni Novgorod : « Les gens affluent de tous les villages et le centre-ville est complètement bloqué. »
Sur les réseaux sociaux, il y a les innombrables promesses « de se rendre en ville », les réactions enflammées – « c’est comme si nous avions gagné la guerre » –, les hommages au gardien de but, Igor Akinfeïev – « notre Dieu » –, et les histoires qui deviennent virales. Il y a celle de ce bar moscovite qui avait garanti pendant le match la bière gratuite en cas de victoire, cette photo détournée où Vladimir Poutine qui apparaît sur l’écran de la VAR de l’arbitre ou encore cette voiture taguée « 5x3, F*** you ! » « Il n’y a qu’une chose à faire, boire un coup et profiter ! » lâche un fan moscovite, la voix éraillée et les yeux rougis par l’alcool. La fête, qui s’est prolongée jusqu’à tard dans la nuit, va assurément s’étirer jusqu’à samedi, jour du quart de finale contre la Croatie.


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