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Formation d’un nouveau gouvernement

Deux semaines après les émeutes et après une semaine de consultations, Jovenel Moïse n’a toujours pas de Premier ministre

lundi 23 juillet 2018 par Charles

National -

Depuis les émeutes les 6 et 7 juillet derniers, le chef de l’État multiplie les rencontres au Palais national sur la situation du pays. Mais cette semaine, il était surtout question de consultations autour du choix d’un Premier ministre et la formation d’un gouvernement inclusif.

Après avoir rencontré les présidents des deux branches du Parlement, des secteurs comme les syndicats, les confessions religieuses, le secteur des affaires, les maires, entre autres, Jovenel Moïse n’est toujours pas parvenu à désigner un Premier ministre…
Pour le moment, il n’y a que des profils de Premier ministre sur le tapis. Chaque secteur rencontré par le chef de l’État campe, selon sa vision, un profil de chef du gouvernement pour remplacer Jack Guy Lafontant démissionné il y a de cela huit jours à la suite des émeutes provoquées par la hausse des prix de l’essence à la pompe. Pendant les consultations, aucun nom n’a été évoqué comme éventuel successeur de Jack Guy Lafontant, a fait savoir au Nouvelliste un conseiller de Jovenel Moïse, soulignant que les consultations vont se poursuivre.
Selon le porte-parole de la Conférence épiscopale d’Haïti, le père Loudeger Mazile, les évêques catholiques ont rencontré le chef de l’Etat à titre de pasteurs pour parler de la situation de crise qui sévit dans le pays non comme des acteurs pour discuter de la formation du gouvernement. Les prélats ont exhorté Jovenel Moïse à prioriser un dialogue plus inclusif pour créer un apaisement social.
Les évêques catholiques, a rapporté au Nouvelliste le père Loudeger Mazile, ont insisté sur les critères de choix du Premier ministre, non sur le nom. Les autorités de l’Église catholique estiment que le chef de l’État devrait rechercher un homme à l’écoute de la population et sensible à la situation précaire du pays à la base de la crise.
De son côté, Jacques Anderson Desroches, syndicaliste, dans les transports en commun, a rapporté au journal que lors de la rencontre du chef de l’État avec les responsables des syndicats le jeudi 19 juillet dernier, la question de l’augmentation des prix du carburant à la base des émeutes et de la démission du gouvernement n’a pas été évoquée. Le chef de l’État, a-t-il dit, a surtout parlé du choix d’un nouveau Premier ministre et de la formation du gouvernement.
Jacques Anderson Desroches dit avoir fait remarquer à Jovenel Moïse que lui et son gouvernement sont à la base de la crise. Il affirme avoir aussi dit au président que les syndicats des transports en commun vont porter plainte à la justice contre l’État haïtien pour le forcer à dédommager les propriétaires de véhicules victimes lors des émeutes.
Tous les secteurs rencontrés par le chef de l’État ont campé pour lui le profil « idéal » du Premier ministre qui devrait remplacer Jack Guy Lafontant à la Primature. Par exemple, pour le président de la Chambre des députés, le prochain Premier ministre doit sortir de la société civile.
« Le nouveau Premier ministre doit être techniquement solide, en mesure de parler avec tous les secteurs de la vie nationale, il doit inspirer confiance à l’ensemble de la population. Il y aura des élections bientôt, il doit être au-dessus des partis, avoir le courage de procéder à des réformes dans l’administration publique, être en mesure de trouver des sources de financement alternatives pour financer les projets… », ce sont les qualités et compétences que doit avoir le prochain chef de gouvernement, selon le profil dressé par le député Gary Bodeau.
Le président de la Chambre basse a ajouté que le prochain Premier ministre doit aussi pouvoir collaborer avec le chef de l’État tout en ayant « un minimum d’autonomie ».
Contrairement à son collègue à la tête de la Chambre des députés, le président du Sénat croit, quant à lui, que le successeur de Jack Guy Lafontant peut être quelqu’un du secteur des affaires, de la société civile ou de n’importe quel autre secteur pourvu qu’il ait la capacité de s’asseoir avec toutes les couches de la société.
Le président du Sénat a souligné que s’il est vrai que, selon la Constitution, le chef de l’État doit consulter les présidents des deux branches du Parlement dans le choix du Premier ministre, néanmoins « il faut laisser à l’exécutif toute la latitude de mettre en place un gouvernement inclusif avec les secteurs organisés de la société », a-t-il dit.
Selon l’un des conseillers du chef de l’État, aucun des secteurs rencontrés cette semaine par le chef de l’État n’a cité de noms. Toutefois, ils souhaitent que le prochain chef de gouvernement soit un « rassembleur, compétent, quelqu’un qui a une connaissance des rouages de l’État, non corrompu, il doit jouir d’une bonne notoriété dans l’opinion, entre autres. »

Robenson Geffrard
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